«30% des avocats vont mordre la poussière d’une façon ou d’une autre.» , le bâtonnier du Barreau de Luxembourg, cite une étude du Barreau de Bordeaux. Alors que 137 nouveaux avocats ont été assermentés au Luxembourg, avec un masque sur le visage, .
D’autant que deux mouvements se sont amorcés: près de la moitié d’entre eux travaillent pour de grands cabinets, où les fonctions supports sont mutualisées, ce qui leur permet aussi de se spécialiser, et la technologie grignote petit à petit des pans d’activité, à une vitesse encore inférieure à celle de la France ou de la Belgique, mais des legaltech s’y emploient.
Comme Legitech, qui travaille notamment à réunir un maximum de jurisprudence – les jugements et arrêts qui finissent par donner une interprétation du droit dans un contexte luxembourgeois –, ou comme Legal Finder, créée en mai 2019 et lancée en juillet de la même année, et dont l’ambition est de permettre à des clients potentiels de trouver un avocat plus facilement.
Deux idées aux antipodes en termes de technologie. D’un côté, il y a l’intelligence artificielle et le machine learning qui pourraient ingurgiter des pages et des pages de décisions de justice pour «prédire» – avocats et juges détestent l’idée – l’issue d’une affaire avant même qu’elle soit jugée. De l’autre, presque plus modestement, une manière d’aider les indépendants à être plus efficaces, au lieu «de prendre des notes manuellement, d’échanger avec leurs clients par mail ou de faire leur compta sur Excel», explique le dirigeant de la start-up Legal Finder, Matthieu Sarrazin, qui a séduit 39 avocats prêts à payer 97 euros hors taxes pour pouvoir joindre un client.
Quatre ou cinq acteurs au Luxembourg
En France, , 35% des 200 acteurs sont concentrés sur la rédaction d’actes et de documents juridiques, devant 20% pour la mise en relation entre des clients et des avocats et 19% autour des outils métiers. Intéressante, cette étude est quand même à prendre avec des pincettes tant certains domaines recoupent les autres.
Au Luxembourg, a analysé le CEO de Legal Finder – vainqueur du Startup Weekend Luxembourg 2018 –, les start-up du domaine juridique seraient quatre: outre la sienne, la belge Online Solution Attorney est arrivée en juin 2017, Juridig en avril suivant et Juridivox en 2019, avec toutes – à peu près – la même ambition: connecter clients et avocats.
Même si, dit-il, Juridig envisage de développer un outil de calendrier lié aux dates des audiences et Legal Finder envisage d’ajouter la gestion de dossier, de la facturation, de l’aide à la création d’entreprise ou aux démarches juridiques.
«Ça a l’air plus modeste que l’intelligence artificielle, mais pour des petits avocats indépendants, c’est beaucoup de temps perdu et ça leur permettrait de se concentrer sur le conseil, par l’automatisation des tâches annexes. Pendant le confinement, on s’est aussi aperçu, notamment avec Doctena, qu’on pouvait ajouter la visioconférence. Un avocat peut utiliser Skype, mais peut-être qu’un outil de visioconférence qui personnalise l’expérience avec le client et génère automatiquement la facture du temps passé, dans un univers sécurisé et adapté aux questions de droit, ferait du sens.»
Les «gros» ne chôment pas
Pendant ce temps-là, les gros cabinets ne chôment pas. C’est aussi qu’ils ne sont pas toujours à chercher des clients particuliers et s’intéressent à du contentieux commercial ou même à préparer des dossiers – à prix d’or – pour avoir une licence bancaire, par exemple.
En France, les legaltech s’intéressent principalement à ce marché, 65% aux entreprises en général et 60% pour les services juridiques, contre 55% aux avocats et 39% aux particuliers.
«Les acteurs locaux se tournent soit vers des solutions développées en interne, à l’image du cabinet Allen & Overy et son outil FundsFlow DocMaker, soit vers des solutions externes, comme , récemment . Ces initiatives séparées montrent le réel intérêt des cabinets d’avocats pour les services des legaltech. Le marché est donc demandeur, encore faut-il qu’il y ait des offres», dit encore le jeune entrepreneur.