Déi Lénk propose sept mesures pour lutter contre le phénomène des logements vides au Luxembourg. (Photo: Jeremy Zabatta/Paperjam)

Déi Lénk propose sept mesures pour lutter contre le phénomène des logements vides au Luxembourg. (Photo: Jeremy Zabatta/Paperjam)

Déi Lénk s’est de nouveau emparé de la problématique des logements vides au Luxembourg dans un contexte de crise de l’habitat. De l’autre côté de la frontière, en Wallonie, à partir du 1er septembre, laisser un logement inoccupé plus de 12 mois sera une infraction passible d’une amende allant de 500 et 12.500 euros par logement.

Au 30, avenue de la Liberté à Luxembourg, le bâtiment classique noirci par le temps semble à l’abandon depuis des années. Pourtant, il jouit d’une situation idéale au cœur du plateau Bourbon, sur l’avenue la plus parisienne de la capitale luxembourgeoise.

Cet immeuble est l’exemple parfait de la problématique des logements vides au Luxembourg. Une fois encore, déi Lénk a remis le sujet en avant en placardant sur la devanture de l’édifice les sept mesures imaginées par le parti de gauche pour réduire le nombre de logements vides dans un Luxembourg qui connaît une importante crise du logement marquée par une forte hausse des prix de l’immobilier, ces dernières années.

Environ 14.600 biens vides au Luxembourg

Difficile de connaître le nombre exact de logements vides dans le pays. L’année dernière, l’État estimait qu’il y avait 14.600 biens vides sur le territoire, soit 6% de l’ensemble des logements du pays. «Il n’y a pas de chiffres fiables, mais on peut constater le problème en se promenant dans chaque commune. On sait qu’il y a des résidences qui sont achetées et laissées vides. Il suffit de se balader dans les villes et les villages du pays pour se rendre compte qu’il ne s’agit pas d’un phénomène anecdotique», assure Gary Diderich, porte-parole de déi Lénk.

Autre difficulté,: connaître la raison qui pousse un propriétaire à laisser un logement vide. Elles sont nombreuses, allant d’un différend lors d’une succession, l’attente parfois longue d’un développement immobilier à venir ou encore un désintérêt du propriétaire à mettre le bien en location. De toute façon, ce bien prend finalement de la valeur presque tout seul sous l’effet de la hausse des prix de l’immobilier. En mai 2021, dans un pays où les prix de l’immobilier ne cessent d’augmenter.

Les communes peuvent introduire une taxe

Pourtant, le pays dispose de moyens législatifs pour inciter les propriétaires à mettre leurs biens inoccupés sur le marché immobilier, à la vente ou à la location. Ainsi, depuis octobre 2008, les communes peuvent taxer les propriétaires sur un bien inoccupé depuis 18 mois. Mais seulement huit communes ont décidé d’introduire cette taxe. Il faut compter entre 500 et 1.200 euros de taxe par an à Beckerich, Bettendorf, Diekirch, Redange, Esch-sur-Sûre et Winseler. À Esch-sur-Alzette et à Roeser, la taxe se situe entre 50 et 300 euros par mètre courant de façade d’immeuble bâti. Des sommes qui restent relativement faibles au vu de l’augmentation des prix de l’immobilier du pays.

«Il n’y a pas de courage politique pour le faire», assure encore Gary Diderich pour expliquer le peu d’engouement des communes à lutter contre la problématique des logements inoccupés. «Certaines communes font également face à des avocats qui remettent en question la légitimité de l’introduction de cette taxe, et les communes ne souhaitent pas s’embarquer dans un tel bras de fer», estime le porte-parole de déi Lénk, qui rappelle les sept propositions de son parti pour lutter contre ce phénomène.

«Notre première revendication est d’inscrire le droit au logement dans la Constitution afin que le droit à la propriété ne prime plus d’autres droits», lance Gary Diderich. Le parti plaide également pour un agrandissement du parc locatif communal, une taxation plus dure des logements inoccupés, la possibilité de réquisitionner temporairement les logements disponibles, la réaffectation des bureaux et commerces inutilisés, la taxation des terrains constructibles vides ou encore la réaffectation des terrains publics (comme des parkings) non utilisés en terrains constructibles.

Nos voisins, comment font-ils?

La problématique des logements inoccupés n’est pas spécifique au Luxembourg. En France, en 2021, une étude de l’Insee estimait à trois millions le nombre de logements vacants sur un parc de 37 millions de logements, soit presque un logement sur dix. Des chiffres à nuancer dans la mesure où l’étude englobe les biens en attente d’être vendus ou loués et les biens insalubres.

En France toujours, une loi de 1945 permet à l’État de réquisitionner des logements privés ou publics vacants en cas de grande pénurie d’habitats. Selon nos confrères de France Inter, la dernière vague de réquisition remonte à 1997. Pourtant, les associations comme la Fondation Abbé-Pierre ou l’association Droit au Logement ont souligné que le mal-logement touche 3,9 millions de personnes en France. Par ailleurs, 300.000 personnes sans abri sont recensées dans l’Hexagone.

En Belgique, la Wallonie a décidé de sévir. En début d’année, . À partir du 1er septembre prochain, garder un logement, même une résidence secondaire, vacant trop longtemps (à savoir une période de 12 mois sans interruption d’inoccupation) est passible d’une amende allant de 500 et 12.500 euros par logement en fonction de la longueur de la façade et du nombre d’étages du logement.

La notion d’occupation du logement est déterminée en fonction de la consommation d’eau. Ainsi, une consommation inférieure à 15m3 d’eau par an ou à 100 kWh par an fait d’un logement un bien considéré comme inoccupé.

«Cette mesure est attendue depuis 10 ans. Dans quelques mois, nous serons en mesure de pouvoir remettre certains logements inoccupés sur le marché. À l’heure où un grand nombre de ménages wallons ont des difficultés à se loger, il est primordial de doter les pouvoirs locaux d’outils juridiques leur permettant d’inciter les propriétaires dont leurs logements restent inoccupés à les remettre sur le marché», avait précédemment déclaré Christophe Collignon, ministre du Logement en Wallonie.