Yves Maas (directeur général), Guy Hoffmann (président) et Pierre Etienne (vice-président) ont dressé le bilan de l’année écoulée et de la crise du Covid-19. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Yves Maas (directeur général), Guy Hoffmann (président) et Pierre Etienne (vice-président) ont dressé le bilan de l’année écoulée et de la crise du Covid-19. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Le ralentissement économique, ainsi que la maîtrise des coûts, tant informatiques que réglementaires, font partie des challenges majeurs qui se présentent aux acteurs financiers pour les mois à venir, selon l’ABBL.

Quatre mois après le début de la crise liée à la pandémie de Covid-19, l’heure est au bilan pour le monde bancaire. Celui-ci a encaissé le choc, mis ses salariés au télétravail dans l’urgence, et ou des prêts garantis par l’État.

Lors d’une conférence de presse le 1er juillet, l’ABBL précise qu’au 19 juin, plus de 1.000 prêts ont été demandés par les entreprises, pour un montant total de 146 millions d’euros. En moyenne, 75% de ces demandes ont été accordées.

S’y ajoutent 18.386 demandes de moratoires, pour un montant total de 3,7 milliards d’euros, avec un taux d’approbation de 97%.

Au moment du , l’ABBL (Association des banques et banquiers, Luxembourg) estime que quatre défis d’envergure devront être relevés dans les mois à venir.

1. Les conséquences du ralentissement économique

Le confinement, mis en œuvre pour limiter la pandémie de coronavirus, laissera des traces. «La conséquence principale consiste en un ralentissement économique majeur avec un étranglement de l’offre et de la demande. Ce qui ne sera pas sans conséquence sur l’activité économique, et donc, sur celle du secteur bancaire», affirme , vice-président de l’ABBL.

«Nous prévoyons un impact sur les revenus et l’emploi, avec des répercussions sur l’économie dans son ensemble», précise l’association dans un communiqué.

L’impact pourrait par ailleurs se faire sentir à retardement pour les banques. Un décalage que soulève , président de l’ABBL: «Globalement, les acteurs bancaires se portent bien, mais . Pour nous, la vraie menace est repoussée vers l’avant, car notre santé dépend du niveau de la reprise économique. Les conséquences pour le secteur seront probablement plus visibles en fin d’année, voire en 2021 et 2022.»

2. Les perspectives d’une seconde vague

La probabilité qu’une seconde vague d’infection survienne inquiète également le secteur financier. «Une seconde vague occasionnerait une nouvelle remise en cause de nos organisations», déclare Pierre Etienne.

L’ABBL encourage ainsi ses sociétés membres et leurs employés à se faire tester. Un test de dépistage à grande échelle du secteur financier a été lancé récemment par le Luxembourg Institute of Health, le ministère de la Santé, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et le Fonds national de la recherche.

«Dans chaque banque, une personne sur cinq est testée chaque semaine, ce qui signifie qu’une infection dans cette cellule de cinq personnes sera détectée rapidement et que les mesures d’isolement nécessaires pourront être mises en place», explique l’ABBL.

3. Les coûts informatiques

a engendré des frais importants pour le secteur bancaire, dus à l’achat de matériel informatique comme à l’acquisition de logiciels ou de nouvelles licences pour adapter les systèmes informatiques aux besoins. Sans compter le renforcement des mesures de protection contre le risque cyber.

Ce, alors que la digitalisation s’est dans le même temps accélérée vis-à-vis des clients, comme en interne, et va se poursuivre.

«Les coûts IT, organisationnels et de processing sont à maîtriser», ajoute Pierre Etienne.

Déjà fin 2019, les frais de personnel et d’administration avaient grimpé de 8,5% par rapport à 2018, . L’année 2020 pourrait donc connaître une nouvelle envolée des coûts.

4. Les frais réglementaires

«Le coût de la mise en conformité, avec une réglementation toujours croissante, doit être géré (frais de personnel et de formation, investissement et développement informatiques)», pose l’ABBL.

L’association relève notamment les échéances du régime IPU (intermediate parent undertaking), issu de CRD V, qui va imposer une refonte organisationnelle pour les banques et qui pourrait mener à des externalisations ou délocalisations d’activités. Dans ce cadre, les groupes bancaires non européens effectuant d’importantes opérations intra-UE seront en effet tenus de placer leurs filiales européennes sous une même entité, la «société mère intermédiaire» (IPU).

En matière de fonds propres,  pour leur permettre de jouer pleinement leur rôle dans la relance économique. Le «paquet bancaire» est ainsi entré en vigueur fin juin, visant à alléger les exigences en capital pour les banques.