Pour approvisionner correctement la planète en vaccins contre le Covid-19, l’IATA estime qu’il va falloir mobiliser 8.000 Boeing 747. (Photo: Maison Moderne/Edouard Olszewski/archives)

Pour approvisionner correctement la planète en vaccins contre le Covid-19, l’IATA estime qu’il va falloir mobiliser 8.000 Boeing 747. (Photo: Maison Moderne/Edouard Olszewski/archives)

En admettant que la commercialisation d’un hypothétique vaccin soit autorisée, le monde est encore loin d’être sauvé. Car, du laboratoire à l’injection, la route est longue, et les difficultés, nombreuses. Au Luxembourg, LuxairCargo pourrait apporter des solutions au niveau logistique.

L’espoir est là, mais les défis sont encore immenses. Il y a bien sûr d’abord la production du vaccin proprement dite, dont on estime les besoins entre 10 à 15 milliards de doses. Auxquelles il faudra ajouter les flacons et les aiguilles. Autant de produits dont, en temps normal, l’approvisionnement se fait en flux tendu.

Un vaccin fragile. La chaîne du froid ne pourra être brisée. Les doses de vaccins devront impérativement rester conservées à -80°C. Les installations de LuxairGroup à l’aéroport offrent des solutions. LuxairCargo dispose en effet d’une aire de stockage dédiée aux médicaments, et qui garantit la chaîne du froid.

Une bonne nouvelle car peu de structures hospitalières, surtout les petites, de pharmacies et de cabinets médicaux ont au Luxembourg des installations pouvant assurer une telle température de conservation.

Le ministère de la Santé très discret

On peut dès lors se poser la question de savoir si la vaccination ne se fera pas en bout de piste de l’aéroport.

Une interrogation qui renvoie aux décideurs publics. Vers quelle politique de vaccination se dirige-t-on? Sur le principe, le gouvernement a toujours dit que celle-ci serait ouverte à tous. Avec un objectif de toucher entre 50% et 70% de la population. Mais les contraintes de production et de logistique entraîneront une mise à disposition des doses au compte-gouttes. . Doses qui seraient disponibles au cours du premier trimestre de l’année prochaine. La question sur d’éventuelles catégories de population prioritaire reste entière.

Du côté du ministère de la Santé, on travaille depuis de nombreux mois sur ces questions, notamment via la cellule de crise. Mais on se refuse pour l’instant de dévoiler les hypothèses explorées, «afin d’éviter les spéculations».

Mais avant le stockage et la vaccination des personnes, d’autres obstacles seront à surmonter. Il va notamment falloir distribuer les doses de vaccin. Les commandes émanant des États ou groupements d’États se chiffrent en centaines de millions d’unités. Pour avoir un ordre d’idée, Pfizer et BioNTech ont annoncé que 100 millions de doses de leur vaccin commun seraient à livrer d’ici la fin de l’année. Chiffre qui passera à 1,3 milliard sur toute l’année 2021. Et on compte encore six autres vaccins en phase 3, c’est-à-dire au niveau des essais sur l’Homme.

Pour la livraison, c’est le transport aérien qui sera en première ligne. Question de timing.

Le plus grand défi logistique de l’histoire

Ce qui, en temps normal, serait déjà une opération compliquée risque de devenir un véritable casse-tête, dans un contexte où le transport aérien a subi de plein fouet le premier confinement. Un confinement qui a eu pour conséquence la baisse des vols. Et si l’activité économique a repris, on n’a pas encore retrouvé les fréquences d’avant-crise. La baisse d’activité du secteur atteint les 70% depuis le début de l’année, et menace aujourd’hui 4,8 millions d’emplois. L’IATA (Association internationale du transport aérien) parle de 8.000 Boeing 747 nécessaires pour relever le plus grand défi logistique de l’histoire, et travaille avec ses membres sur des approches coordonnées. Pour rappel, Cargolux dispose d’une flotte de 30 Boeing 747.


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De plus, tous les avions disponibles ne sont pas forcément compatibles avec les exigences du transport de produits pharmaceutiques. Ceux-ci ne doivent en effet pas être soumis à des températures trop hautes ou trop basses, qui altéreraient leurs caractéristiques chimiques. En temps normal, un vaccin doit se transporter à une température de -20°C. Le vaccin Pfizer et BioNTech, basé sur une nouvelle technologie – qui a permis d’accélérer sa mise au point –, doit être conservé à la température de -80°C. Pfizer a déjà créé des conteneurs spécifiques.

Du côté des professionnels de la logistique, on essaie de s’organiser. Bolloré Logistics – opérateur qui se renforce sur le cargo center du Findel – vient de créer une «taskforce» dont le rôle est de «concevoir les solutions logistiques permettant de garantir une distribution fluide des vaccins». De son côté, UPS a investi dans des unités de refroidissement industriel au Kentucky et aux Pays-Bas.