City Visions est une exposition réalisée à partir d’une sélection de panoramas et profils de Luxembourg que le Lëtzebuerg City Museum détient en nombre au sein de ses collections. Ce genre classique existe pour la plupart des cités européennes depuis le XVe siècle et Luxembourg et sa forteresse ont été représentées à de nombreuses reprises depuis le XVIe siècle. Rien de bien excitant à première vue, donc quand le musée annonce ce type de projet. Mais cela est sans compter sur la dynamique et jeune équipe du musée qui profite d’une telle occasion pour pousser un cran plus loin les expériences curatoriales et l’implication et la participation des visiteurs.
«Avec “Best of Posters”, nous avions déjà initié un premier projet qui bousculait les codes classiques de l’exposition et donnait une grande part d’expression aux visiteurs. Avec “City Visions”, nous allons encore plus loin, explique Anne Hoffmann, conservatrice. L’exposition a été pensée avec l’ensemble de l’équipe, pas seulement par le conservateur. En tant que commissaire, ce n’est pas évident, car il faut accepter que le projet vous échappe en quelque sorte. Mais c’est très intéressant de voir ce qui en sort et toutes les expériences que l’on peut mettre en place.»
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Des œuvres, mais aussi des Lego, des animations, des tampons…
Pour concevoir «City Visions», l’équipe a pleinement plongé dans les représentations de Luxembourg. «En aucun cas nous ne voulions faire une exposition exhaustive, mais profiter de cette occasion pour créer une expérience avec les visiteurs, une interaction participative. Nous avons pensé le parcours de manière inclusive, pour tous les publics, des plus jeunes aux plus âgés», complète Antoine Lazzari, conservateur adjoint.
Aussi, le panneau introductif présente quelques pictogrammes qui sont à considérer comme un guide de jeu pour découvrir l’exposition de manière ludique, comme équipé d’une loupe qui est mise à disposition à l’entrée. «Nous avons par exemple caché dans les œuvres plusieurs représentations de Mils, notre petit chien mascotte, que les enfants sont invités à découvrir au fur et à mesure de leur visite», s’enthousiasme Anne Hoffmann qui n’a rien perdue de son âme d’enfant. «D’autres sigles précisent que certains objets exposés sont faits pour être touchés, ou encore qu’il existe des zones pour dessiner ou même jouer au sein de l’exposition. Notre volonté est d’être le plus inclusif possible. Et par inclusivité on entend s’adresser à un très jeune public, en leur proposant des stations de jeux ou des œuvres accrochées à leur hauteur, mais aussi plus d’assises pour les personnes âgées ou ayant du mal à se déplacer, des représentations en trois dimensions qui peuvent être utilisées par les personnes mal voyantes, mais pas uniquement…»
Le parti pris a aussi été de ne mettre que peu de textes explicatifs sur les murs du parcours. Par contre, il existe des QR code à proximité des panneaux introductifs de chaque section qui permettent d’accéder depuis son smart phone à des notices très développées. Ainsi tous les visiteurs sont satisfaits, aussi bien ceux qui veulent juste traverser l’exposition sans avoir à tout lire, que ceux qui ont envie de découvrir les mille-et-une informations qui sont liées aux œuvres présentées.
«Nous avons aussi souhaité intégrer des stations pédagogiques à l’intérieur même des salles. Ici, le programme pédagogique fait totalement partie du parcours», confirme Kyra Thielen du service pédagogique. Les enfants pourront donc s’expérimenter à construire leur ville à partir de Lego, à replacer des personnages sur un paysage aimanté ou encore à composer leur panorama de la ville à partir de stations de tampons imaginées par Charl Vinz.
Du Moyen-Âge aux graffitis d’aujourd’hui
Le parcours va des œuvres les plus anciennes aux œuvres plus contemporaines et même au-delà, puisqu’il se clôture avec une projection de ce que pourrait être la ville en 2050.
Les visiteurs découvrent en premier des œuvres XVIe et XVIIe siècles, des reproductions de Luxembourg en assez petit format et avec un dessin extrêmement riche. Sauf qu’on ne découvre pas toute cette richesse iconographique sans y consacrer vraiment une attention soutenue. Alors, pour faciliter la tâche des visiteurs, l’équipe du musée a demandé aux élèves du Lycée Ermesinde en formation d’animation de réaliser un petit film «façon Netflix», basé sur cette œuvre. Tout à coup, et sans dénaturer l’image d’origine, un petit chien traverse le paysage, les paysans bêchent leur champ ou un groupe d’oiseaux passe au-dessus de la forteresse. La représentation prend vie et nous donne envie d’aller regarder attentivement l’œuvre originale et de laisser notre regard plonger à l’intérieur de ce paysage si riche en détail et petites histoires.
Puis, le parcours se déploie en explorant le thème de la forteresse– avec un accent mis sur Jean-Baptiste Fresez, des ponts et des viaducs, en passant par une salle interactive réalisée à partir des fameux paysages aquarellés de Sosthène Weis, jusqu’à terminer par la présence de la nature en ville et des œuvres contemporaines qui racontent la ville autrement.
L’accrochage est aussi évolutif: une rotation sera opérée au sein des œuvres exposées, ceci dans l’objectif d’inciter les visiteurs à revenir plusieurs fois visiter cette exposition qui dure tout de même huit mois.
City Visions, jusqu’au 17 janvier 2026 au Lëtzebuerg City Museum