«Ils procèdent à l’envers: ils veulent définir les zones de stockage sans savoir quel est l’impact environnemental», se désole, ce mardi en conférence de presse, la ministre de l’Environnement, (Déi Gréng), à propos du projet d’enfouissement sous terre de déchets nucléaires proposé par l’Organisme national des déchets radioactifs et des matières fissiles enrichies (Ondraf), l’autorité belge pour la gestion des déchets nucléaires.
L’Ondraf soumet à une consultation publique transfrontière un avant-projet d’arrêté royal à ce sujet ainsi qu’un rapport sur les incidences environnementales potentielles. Celui-ci identifie des zones qui pourraient accueillir ces déchets. Or, sept sont proches de la frontière luxembourgeoise:
• Namur (à 80km de la frontière luxembourgeoise);
• Dinant (à 70km de la frontière);
• Le plateau de Herve (à 55km de la frontière);
• En Gaume (cette couche géologique commence à 5km de la frontière);
• Le synclinal de Neufchâteau (cette couche traverse le Grand-Duché de Luxembourg);
• Les massifs de Rocroi (à 88km de la frontière);
• Les massifs de Stavelot (15km de la frontière).
Même si, en Belgique, aucune décision n’a encore été prise quant à la destination finale des déchets, Carole Dieschbourg tient à prévenir la population luxembourgeoise des risques potentiels, alors que les citoyens luxembourgeois peuvent participer à la consultation publique jusqu’au 13 juin.
Des couches géologiques qui pénètrent jusqu’au Luxembourg
Elle souligne en effet des «incohérences significatives» dans ce rapport: celui-ci exclut «l’évaluation des incidences transfrontières du stockage géologique en reportant l’analyse des effets transfrontières à des stades ultérieurs».
«Le rapport ne nous permet pas de connaître les incidences environnementales sur l’eau, le pays et la population», constate Carole Dieschbourg. «Or, des couches géologiques pénètrent jusque dans notre pays, ce qui peut occasionner des problèmes pour l’eau potable pendant des centaines d’années. Il nous faut donc beaucoup plus d’informations.»
Une approche qui est, selon la ministre, contraire à la directive 2001/42/CE relative à l’évaluation des incidences de certains plans et programmes sur l’environnement et au protocole à la Convention d’Espoo relatif à l’évaluation stratégique environnementale.
Consultation jusqu’au 13 juin
«Ce n’est pas une approche que nous souhaitons entre pays voisins», juge la ministre. «Nous allons écrire un avis critique sur ces incohérences procédurales et législatives.»
Chaque citoyen est aussi invité à donner son avis en participant à la consultation publique transfrontière lancée par le gouvernement belge. Le rapport peut être consulté sur et l’avis transmis jusqu’au samedi 13 juin 2020 à l’aide du formulaire en ligne disponible sur le site, par e-mail à [email protected] ou par voie postale à l’adresse ONDRAF SEA 2020, avenue des Arts 14, B-1210 Bruxelles.