Le Paperjam Club organisait jeudi soir à Dudelange un débat entre Nicolas Buck, qui préside l’UEL, et Nora Back, la nouvelle présidente de l’OGBL et de la Chambre des salariés. Plus de 400 personnes ont assisté à ce premier CEO & Entrepreneurs Cocktail de l’année.

Les deux débatteurs ont été invités à réagir sur plusieurs sujets et à échanger leurs points de vue. Un exercice modéré par , rédacteur en chef de Paperjam, qui a permis d’entendre quelques phrases fortes, et rarement destinées exclusivement à la personne qui se trouvait de l’autre côté de la table.

Le développement de l’économie et de la ville de Luxembourg:

«Cela peut sembler utopique, mais l’ambition doit être de faire de Luxembourg-ville une agglomération de 500.000 habitants en 2060. La bourgmestre de Luxembourg n’a cependant pas de vision économique de sa ville, cela car elle n’en a pas besoin: elle touche 80% de l’ICC», estime .

L’écart de salaire entre hommes et femmes:

«On est tous d’accord pour dire que, de nos jours, il n’est pas imaginable d’avoir un salaire différent pour un même travail. Il y a une mesure directe pour résoudre ce problème, facile et logique: négocier des conventions collectives dans toutes les entreprises», déclare .

Le problème du logement:

«Je le dis une fois pour toutes: ce problème n’est pas celui de l’économie de marché, mais celui de la défaillance totale de la classe politique depuis 30 ans dans ce pays. C’est une responsabilité qui leur incombe, qu’ils n’assument pas et n’ont jamais assumée. C’est l’autonomie des communes, avec des petits barons qui décident, disent ‘à 3 kilomètres je veux cela là, je veux ceci ici’», assène Nicolas Buck. 

La manière d’éviter l’émergence d’une classe de «working poor»:

«Il n’y a pas que le gouvernement qui a un rôle à jouer, mais aussi les employeurs qui doivent reconnaître la valeur des salariés de leur entreprise. On maintient notre demande d’une hausse du salaire minimum de 10%», indique Nora Back.

La volonté de Nicolas Schmit d’instaurer un salaire social minimum en Europe:

«Je lui souhaite bonne chance», lance Nicolas Buck… «Les sensibilités dans les États membres sont très différentes par rapport à cette question. Dans les pays scandinaves, il n’y a aucune ingérence des pouvoirs publics dans le marché du travail, qui est un marché comme un autre marché. Ils vont regarder ceci et dire: ‘chez nous cela marche très bien, que faites-vous?’.»

Nora Back au sujet de l’OGBL, le syndicat qu’elle préside:

«On l’a souvent dit: l’OGBL est politiquement neutre, et je ne peux que le répéter. Mais on a un avis politique, et on le défend face à tous les partis, peu importe la couleur. Le plus important c’est le contenu, pas la tête.»

La mesure prioritaire de la future réforme fiscale:

«Il faut une véritable réflexion sur le couple imposition des entreprises et imposition des personnes physiques, pour moi c’est la question-clé», demande Nicolas Buck. «, Nora Back a annoncé souhaiter un moratoire sur l’imposition des sociétés tant qu’une grande réflexion n’a pas eu lieu sur ce sujet. Ce qui me dérange dans l’approche, c’est que l’on oppose l’impôt des personnes physiques et celui des entreprises.»

La digitalisation et l’interdiction d’Uber:

«On n’a pas besoin de plate-forme Uber ici, au Luxembourg, et on n’en a pas besoin dans le monde d’ailleurs! C’est dangereux et négatif», estime Nora Back.

Sur la fiscalité des entreprises:

«Je ne me lève pas le matin avec l’équipe de l’UEL en me disant qu’il faut baisser ceci ou cela», déclare Nicolas Buck. «Ce que je fais, c’est que je regarde le budget de l’État central et j’essaye de trouver les politiques intéressantes pour que les 20 milliards entrent dans les caisses de l’État qui, si vous avez bien compris le système, en redistribue 10 milliards via les cotisations sociales, les infrastructures… Donc, pour nous, les entreprises, la première chose est d’assurer la souveraineté financière de l’État.»

Le droit de vote pour les étrangers:

«On a toujours été en sa faveur. Et je considère que c’est une bonne chose…», estime Nora Back.

Le climat et les changements dans la société:

«Cela, c’est une grosse histoire et on va s’en occuper durant 30  ans. Et on va devoir tout changer. Il y aura destruction d’emplois, création d’emplois. Moi, ce qui m’inquiète, c’est que cette destruction pourrait être avant la création, ce ne sera pas concomitant et on ne pourra pas l’éviter», explique Nicolas Buck.