Pour confectionner les lasagnes que Findus lui avait commandées, la société Tavola s'était fournie en viande chez Spanghero. Seulement la viande n’était pas du bœuf, comme prévu, mais du cheval, beaucoup moins cher. (Photo: Shutterstock)

Pour confectionner les lasagnes que Findus lui avait commandées, la société Tavola s'était fournie en viande chez Spanghero. Seulement la viande n’était pas du bœuf, comme prévu, mais du cheval, beaucoup moins cher. (Photo: Shutterstock)

Le tribunal correctionnel de Paris a jugé mardi Jacques Poujol coupable de tromperies liées à la viande de cheval. Il a été condamné à deux ans de prison, dont 18 mois avec sursis.

L’ancien directeur de Spanghero, jugé avec trois autres prévenus, a été condamné ce mardi à Paris à deux ans de prison, dont 18 mois avec sursis.

Le tribunal correctionnel de Paris a jugé Jacques Poujol coupable de tromperies liées à la viande de cheval pour avoir vendu, entre 2012 et 2013, plus de 500 tonnes de viande de cheval en guise de viande de bœuf au fabricant de plats préparés Tavola, dans une entente frauduleuse avec un négociant néerlandais, Johannes Fasen, condamné, lui, à deux ans assortis d’un mandat d’arrêt.

Trafiquée deux fois, envoyée au Luxembourg

Selon le scénario détaillé par l’accusation, le négociant en viandes, Johannes Fasen, achetait du cheval roumain ou canadien, qui était ensuite dépouillé de ses étiquettes dans les chambres froides néerlandaises de son associé, Hendricus Windmeijer. 

Cette viande partait chez Spanghero, à Castelnaudary (Aude), sans mention explicite de l’espèce chevaline ou de la provenance canadienne d’une partie de la marchandise.

Là, le directeur général, Jacques Poujol, et le patron de l’usine, Patrice Monguillon, «brouillaient encore plus la traçabilité», selon la procureur, en apposant des étiquettes laissant croire que la viande était transformée sur place.

Elle était, enfin, , et étiquetée comme du bœuf.

Créée en 1991, la société luxembourgeoise Tavola, filiale du groupe messin Comigel depuis 2007, avait été dernier malgré une subvention du ministère de l’Économie fin juin (40.000 euros) et une avance de 87.000 euros saisie par l’Administration des contributions.

La société, qui espérait un chiffre d’affaires de 4 millions d’euros, n’en avait réalisé que 2,6 millions.

Dès 2012, Tavola, qui avait un bénéfice reporté de près de 5,5 millions d’euros, avait connu un premier choc avec 4,9 millions d’euros de pertes, puis 4,6 l’année suivante et encore 3 en 2014.

Le cheval, moins cher que le bœuf

Jacques Poujol et Johannes Fasen avaient un intérêt financier «tout particulier» dans ces manœuvres, affirme le Parquet, celles-ci permettant au second, spécialiste du cheval, d’en «écouler de grandes quantités» en Europe de l’Ouest, et au premier de le vendre au prix du bœuf, plus cher.

Contre Johannes Fasen, «grand organisateur de la fraude», la procureur avait requis quatre ans de prison avec mandat d’arrêt.

Le Néerlandais, déjà condamné aux Pays-Bas dans une affaire similaire avec Hendricus Windmeijer, est menacé par deux autres affaires portant également sur de la viande de cheval.

La magistrate avait demandé trois ans de prison, dont deux avec sursis, contre Jacques Poujol, ainsi que la confiscation de plus de 870.000 euros saisis et son interdiction d’exercer dans le commerce de viande en France, comme pour Johannes Fasen.

18 mois d’emprisonnement avec sursis ont été requis contre Hendricus Windmeijer et deux ans avec sursis et 10.000 euros d’amende contre Patrice Monguillon.

L’affaire avait causé une grave crise de confiance chez les consommateurs: la Répression des fraudes a observé «une baisse de 40 à 45% en volume pour le secteur des plats cuisinés» pour la seule première année.