«La réunion se tient dans le contexte géopolitique et géoéconomique le plus complexe depuis des décennies», a reconnu Børge Brende, le président du World Economic Forum (WEF) qui organise l’événement. Cette année, à Davos, qui se veut le point de convergence du monde des affaires et de la politique de tous les pays du monde, ce sont les absents qui auront le plus de poids. On n’attend aucune participation russe, iranienne ou turque tandis que la Chine n’envoie «que» Liu He, dernier des cinq vice-premiers ministres dans l’ordre protocolaire. 2.700 participants sont attendus, soit 500 personnes de moins que pour la précédente édition.
Cette année encore, le Luxembourg est présent à Davos avec une délégation de haut niveau, comprenant le , le Premier ministre (DP) et la ministre des Finances (DP), qui rejoindra la station suisse mardi et mercredi. Autant pour participer aux événements officiels que pour tenir des entrevues bilatérales et des procéder à des échanges informels en coulisse. 333 sessions sont au programme. Sessions où on parlera confrontation nucléaire, Ukraine, lutte contre le changement climatique, mutations du travail et nouvelles étapes de la révolution numérique.
Le vert est dans le fruit
Parmi les présents, la pomme de discorde sera le plan «vert» de Joe Biden qui, en stimulant les investissements dans les énergies vertes et les industries durables, en profite pour distribuer des subventions destinées à accélérer la relocalisation industrielle. Au grand dam des responsables politiques européens qui voient «leurs» industriels tentés de profiter de cette manne en développant leurs activités en Amérique du Nord aux dépens de l’Europe. Farouches opposantes aux subventions étatiques, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, et Margrethe Vestager, Commissaire à la concurrence, se positionnent comme désormais favorables à un assouplissement des règles européennes de la concurrence au nom de la réindustrialisation.
Selon l’hebdomadaire The Economist, tous les pays développés – G7 en tête – et de grands émergents comme l’Inde ou l’Indonésie sont en train d’étudier des réglementations similaires au plan Biden.
Ce qui coûterait 2% du PIB mondial, soit 1.100 milliards de dollars. Le prix de la souveraineté…
Des CEO inquiets
Du côté du monde des affaires, l’inquiétude est palpable.
Selon , l’inflation et le coût de la vie sont placés en tête des risques à court terme devant les risques relatifs au climat, qui restent dominants sur le plus long terme, à dix ans. La préparation de la COP 28 qui se tiendra fin 2023 aux Émirats arabes unis figure au programme.
La dernière édition de , menée auprès des dirigeants d’entreprises pour le Forum de Davos, renseigne que 80% des CEO mondiaux anticipent une baisse de la croissance mondiale cette année. Ils étaient 77% à anticiper une amélioration de la croissance en 2022… Mais les sondés se disent confiants à horizon de trois ans.
Des ONG revendicatives
Du côté des associations, on s’interroge sur le fait de savoir si un monde «démondialisé», donc théoriquement moins efficace et plus cher, sera plus juste.
Non pour Oxfam qui publie une étude selon laquelle depuis 2020, les 1% les plus aisés ont capté 63% des richesses produites, près de deux fois plus que le reste de la population mondiale. Sur les 10 dernières années, relève l’ONG, sur 100 dollars de richesse créée, 54,40 dollars sont allés dans les poches des 1% le plus aisés alors que les 50% les moins fortunés engrangeaient 70 cents.
Un accroissement des inégalités qui poussent les populations à rejeter la mondialisation au profit de populismes selon Oxfam qui plaide pour une réduction de moitié du nombre des milliardaires d’ici 2030.