Si je retourne, comme quasiment tous les ans, à Marseille, ville natale de ma mère, j’espère pouvoir y rencontrer un illustre «compatriote» local. Et si c’était Éric Cantona?
Bon, je l’avoue: ce n’est pas que le football ne m’intéresse pas – c’est probablement le seul sport dont je connaisse les règles –, mais regarder d’autres en faire m’a toujours profondément ennuyé. Donc, ne me demandez pas de vous dire où en est l’OM dans le classement.
Mais de toute façon, comme tout le monde le sait, c’est en Angleterre qu’Éric «the King» est entré dans la légende. Cantona est bien plus qu’un ancien artiste du foot. C’est un artiste tout court. Et j’avoue que je pourrais bien plus m’entretenir avec lui de ses films, comme «L’Outremangeur» ou, bien évidemment, «Looking for Eric» de Ken Loach. Il fait partie de ces personnalités qui me fascinent, car elles ont excellé dans des domaines qu’elles considéraient comme secondaires, un peu comme Gainsbourg qui ne s’était jamais vraiment consolé de n’être «que» chanteur alors qu’il voulait être peintre.
Mais si Cantona est tout aussi à l’aise devant la caméra qu’il l’était sur la pelouse, je suis certain que nous pourrions nous accorder sur un terrain qui ne m’est pas étranger: la politique. Là non plus, il n’hésite pas à cogner fort, comme lorsqu’il se fait insulter par un hooligan fasciste. Il n’est pas du genre à en rester à la tchatche.
Toutefois, il ne faut pas sous-estimer la tchatche, surtout lorsqu’elle est marseillaise. Plus que le mot, c’est le geste qui l’accompagne et l’intonation qui révèlent l’intention. Cantona maîtrise aussi cet art, qui, je l’espère, pourra être ravivé en moi ne serait-ce que pour quelques jours.