Pour David Capocci, l’optimisme dans la croissance demeure (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Pour David Capocci, l’optimisme dans la croissance demeure (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Les CEO parient sur un retour de la croissance dans les trois ans. C’est l’enseignement principal de l’étude KPMG 2022 CEO Outlook, publiée par le Big Four et commentée pour nous par le managing partner du cabinet au Luxembourg, David Capocci.

Le principal enseignement de l’édition 2022 de l’étude KPMG 2022 CEO Outlook  au niveau mondial est la confiance des CEO dans le potentiel de croissance de l’économie à long terme, et ce, malgré les actuelles turbulences macroéconomiques et géopolitiques. «L’optimisme dans la croissance demeure», constate , le Managing Partner de KPMG Luxembourg.

Si 86% des chefs d’entreprise pensent qu’une récession se produira au cours des 12 prochains mois – l’étude a été achevée fin août –, ils sont 58% à penser qu’elle sera légère et de courte durée. Et pour 71%, l’économie renouera avec la croissance dans les 3 ans, «tant au niveau macroéconomique global que pour leur secteur d’activité et leur société».

Enfin, face aux incertitudes géopolitiques, 81% des CEO ont ajusté leurs procédures de gestion des risques.

Confiance dans l’avenir

Un optimisme qui ne surprend pas David Capocci. Pour qui «un CEO se doit d’être optimiste. Il a toutes les clés en main pour anticiper les crises, adapter son organisation et la préparer. Être optimiste ne signifie pas vivre dans une bulle de verre. L’environnement économique, l’inflation, les taux d’intérêt représentent des challenges, mais dont l’impact est considéré comme limité sur la marche des affaires».

L’optimisme est encore plus prononcé au Luxembourg où 90% des CEO se disent confiants dans la résilience du pays et sa capacité à rebondir et à s’adapter.

Le gros point négatif au Grand-Duché est relatif aux ressources humaines: 80% des CEO estiment que le coût de la vie et l’inflation vont compliquer l’attrait et la rétention des talents et «ils aimeraient que les pouvoirs publics agissent pour réduire le coût de la vie».

Et ce d’autant plus que la relation au travail change chez les salariés qui se questionnent sur les perspectives à long terme qu’on leur offre. «Le turn-over traditionnellement fort chez les Big4 est plus lié aujourd’hui à une volonté d’un certain retour aux sources qu’à la concurrence entre les cabinets.»

Au Luxembourg, la tendance est à la croissance de la masse salariale. (Données: KPMG)

Au Luxembourg, la tendance est à la croissance de la masse salariale. (Données: KPMG)

Pour ce qui est de l’évolution de la force de travail, 39% des CEO au niveau mondial ont gelé les embauches et 46% envisagent de réduire leurs effectifs au cours des six prochains mois.

La tendance est toute autre au Luxembourg où seulement 10% des CEO envisagent de réduire leur masse salariale. «La tendance est à la croissance.» Une croissance que la future salve d’indexation ne semble pas contrarier. Cette salve a cependant un impact sur le modèle opérationnel des entreprises pour David Capocci: «in fine, les sociétés au Luxembourg doivent se limiter à l’activité à forte valeur ajoutée».

Autre point sur lequel le Grand-Duché se distingue: le télétravail. Même s’il est acquis que le télétravail a eu un impact positif sur le recrutement et la productivité au cours des deux dernières années, il n’en devient pas pour autant le modèle dominant.

Si mondialement, 65% des CEO considèrent le travail en entreprise comme l’environnement de bureau par excellence pour les trois prochaines années – 28% favorisant un modèle hybride et 7% un modèle à distance –, 80% des CEO luxembourgeois optent pour la présence physique. Un écart que David Capocci met plus sur le compte de la culture propre au pays en matière de confidentialité et de protection de l’information que sur le compte des contraintes sociales et fiscales.

Un autre point sur lequel le Luxembourg sort du lot est celui des thématiques ESG.

Au Luxembourg, 80% des CEO envisagent d’investir 11% à 25% de leurs chiffres d’affaires sur des problématiques ESG. (Données: KPMG)

Au Luxembourg, 80% des CEO envisagent d’investir 11% à 25% de leurs chiffres d’affaires sur des problématiques ESG. (Données: KPMG)

«45% des CEO mondiaux sont convaincus qu’adresser les problématiques ESG va améliorer les performances de l’entreprise. Mais l’autre moitié, en raison de la situation économique, a décidé de reconsidérer ses efforts ESG sur les six à dix prochains mois.» 80% des chefs d’entreprises à l’international n’envisagent pas d’investir dans ces thématiques plus de 10% de leur chiffre d’affaires. Au Luxembourg, 80% des CEO envisagent d’investir 11% à 25% de leurs chiffres d’affaires, «ce qui est un montant significatif et qui est quasiment le double de la moyenne mondiale».

Une différence que David Capocci explique par la flexibilité du pays, pionnier dans ce domaine, qui lui permet d’identifier les nouvelles tendances rapidement et de s’y adapter ainsi que le poids de la finance dans l’économie dans un contexte où les autorités européennes poussent cette industrie vers le financement durable.