Dany Lucas l’assure: les années Covid ont montré combien les gens avaient envie de se rencontrer, d’échanger sur leurs produits, leurs services ou leurs expériences. (Photo: Eva Krins/Maison Moderne)

Dany Lucas l’assure: les années Covid ont montré combien les gens avaient envie de se rencontrer, d’échanger sur leurs produits, leurs services ou leurs expériences. (Photo: Eva Krins/Maison Moderne)

Dany Lucas est de retour chez Maison Moderne comme head of production au Business Club après avoir dirigé l’événementiel d’Esch2022. Ambition: améliorer encore la partie événementielle grâce à ses 23 années d’expérience.

Après Esch2022, vous revenez chez Maison Moderne pour prendre la tête de l’événementiel. Dans quel état d’esprit?

Dany Lucas: «Je suis là pour poursuivre la professionnalisation du club, pour amener mon expérience – 23 ans – à la fois sur le marché de l’événementiel, sur les méthodes de production, sur les relations avec les partenaires ou encore sur l’évolution de nos métiers.  Aujourd’hui, nous sommes arrivés à 1.500 membres. Si on veut que le club continue à être reconnu, on doit continuer à offrir cette qualité et leur offrir une vitrine à la hauteur de leur niveau et des propos, que ce soit les lieux qui vont nous accueillir ou les conditions dans lesquelles on les accueille ou les supports de technologie qui vont nous aider à soutenir leurs propos, il y a beaucoup de choses à faire. Nous n’allons pas réinventer la roue.

Qu’est-ce que vous faisiez à Esch2022?

«C’était plus de 2.000 événements. Heureusement que nous n’avons pas eu à les produire tous. Il y avait ces 160 partenaires, porteurs de projets et communes. C’était plus la coordination des grands événements comme l’ouverture et la clôture. En 2007, nous avons eu une dizaine de milliers de personnes sur deux sites. Là, j’ai géré 18.000 personnes avec mes équipes sur un site. Avec le Covid en plus. Il y a eu énormément de choses qui devaient être gérées, mais d’une manière et d’une vue globales. Avec mon expérience et ma bonne connaissance du métier, je peux apporter une expertise, tout en continuant à apprendre! Des équipes jeunes, vous apprenez aussi de nouvelles manières de travailler. 

Qu’est-ce qui fait un bon événement? Et qu’est-ce qui fait un événement particulièrement bon?

«Le bon événement, c’est complètement subjectif. La personne qui participe n’a pas le même profil qu’une autre, n’est pas dans le même mood, n’est pas sensible aux mêmes couleurs. Une salle avec 2.000 chaises, si vous les posez n’importe comment, certains vont être dérangés, si vous les posez au cordeau, quelque chose se crée. Ça peut se limiter à cela, un événement réussi, ça dépend si c’est pour assister à un spectacle, à une conférence, à des orateurs, à l’éclairage, à une projection vidéo… Il y a toujours un but à événement et un budget qui va avec. Quand j’ai commencé ma carrière, on prenait parfois dix artistes, il restait du budget alors on invitait un onzième artiste, qui n’apportait rien, mais on avait le budget. Aujourd’hui, on met deux artistes représentatifs, on investit intelligemment.

Peut-on tout customiser?

«Il faut connaître le client. On a des formats différents, des publics différents, des moments différents… Derrière, on représente aussi une communauté dans laquelle on a une certaine image. Le marketing événementiel est de travailler l’image du client et de ses collaborateurs.

Est-ce qu’on n’assiste pas à une sorte d’hybridation des événements? Avec plus d’interactions?

«A-t-on besoin de vivre une conférence en live? C’est la question. Oui, pour le moment qui est avant et le moment qui est après, le networking. Sinon, autant être confortablement assis à la maison. Les gens, s’ils sont intéressés par le contenu, ce qu’ils veulent, c’est voir des gens. Pour voir des gens, pour échanger sur leurs services, pour présenter leurs produits et solutions. Le metaverse, par exemple comme The Penelopes l’ont fait l’automne dernier, si on peut y rencontrer Isabelle Adjani, c’est super. Tu ne peux pas rencontrer Isabelle Adjani normalement. Là, elle était présente. Créer l’événement dans ce cas-là, c’est génial, ça donne accès à autre chose. C’est génial mais vous ne le vivez pas, or l’événement est fait pour être vécu. Il n’y a rien qui remplacera la possibilité de se rencontrer dans une salle, avec de la technologie, de l’artistique, avec du catering… Tous les sens sont en éveil. Un concert de Coldplay, quand vous allez les voir sur scène, c’est autre chose! Même quand vous pouvez les voir en 4 D. Il y a un avenir sur le digital et sur certains formats mais le reste, c’est du live. Aujourd’hui, les chanteurs et les groupes font de plus en plus de live. Rencontrer un ministre, comme à nos tables rondes, c’est facile au Luxembourg mais ça reste quelque chose pour beaucoup de gens. Sans parler des plaisirs de bouche. 

Pourquoi choisir l’expérience d’un professionnel confirmé pour organiser ses événements?

«Parce que nous pouvons prendre du recul, comme nous sommes extérieurs à l’entreprise. Est-ce qu’on est vraiment critique de sa propre structure? Est-ce qu’on a la même sensibilité quel que soit le niveau de compétences? Une personne de l’extérieur peut le dire. Ensuite, il y a l’accès aux technologies, aux tendances. Si vous allez voir un professionnel, il peut vous aider à trouver des fournisseurs. À mes débuts, j’ai commencé à travailler sans internet et j’arrivais à travailler quand même. Ceux qui performaient à l’époque, c’était ceux qui avaient l’info. Ceux qui allaient sur des foires et des salons, ceux qui se déplaçaient à l’étranger et qui allaient voir tous les spectacles. Le client va chercher l’originalité, mais pas à tout prix. 

Après Esch2022, qu’est-ce qu’il peut y avoir de plus excitant?

«À Luxembourg, l’événementiel représente un tout petit marché. Il y a 20 ans, les sociétés qui ont 2.000 personnes et qui organisent un événement étaient très rares. Ça le reste aujourd’hui. Il y a quatre ou cinq gros acteurs qui font des événements de 1.000 à 2.000 personnes, hors événements grand public comme les concerts de l’Atelier ou de la Rockhal. Sans les cabinets d’avocats qui font du 400 à 800 en interne, il ne reste plus grand-chose. En 2007, j’ai fait l’ouverture de ma première “Capitale”. Qu’est-ce qui est au-dessus? Rejoindre un acteur majeur est l’idéal pour essayer, sans aucune prétention, d’améliorer encore le qualitatif. On ne s’ennuie que lorsqu’on fait tous les jours la même chose. La matière est vivante. Mais on peut voir à Luxembourg tout ce qu’on voit partout au monde, tous les artistes passent par ici.»