Le secteur des soins personnels est en plein boom et le leader mondial, L’Oréal, cherche différentes technologies du futur, dont une qui pourrait passer par Luxembourg. (Photo: L'Oréal / Twitter)

Le secteur des soins personnels est en plein boom et le leader mondial, L’Oréal, cherche différentes technologies du futur, dont une qui pourrait passer par Luxembourg. (Photo: L'Oréal / Twitter)

À elle seule, la rencontre du CEO de L’Oréal et des dirigeants de la start-up luxembourgo-japonaise Ispace sur le stand luxembourgeois, à Vivatech, suffit à expliquer pourquoi il faut oser aller au contact. Embarquez dans les coulisses de la beauté éternelle.

C’est un secret de beauté: jeudi, au premier jour de Vivatech, le CEO de L’Oréal, Jean-Paul Agon, et un de ses directeurs, sont venus discrètement sur le stand luxembourgeois à la rencontre de la start-up japonaise, qui a implanté son quartier général européen Ispace au Luxembourg.

Que peut bien avoir à faire le premier groupe cosmétique mondial, ses 26,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires l’an dernier et ses 86.000 employés – dont 4.000 chercheurs –, en 2021? Motus et bouche cousue des deux côtés.

«Je suis très agréablement surprise du niveau des rencontres», admettait seulement Lynn Zoenen, global affairs manager d’Ispace à Luxembourg. «La présence de la société sur le stand luxembourgeois nous offre des contacts au plus haut niveau, qu’il est beaucoup plus difficile d’aller chercher autrement.»

Les Kelly, objet de toutes les attentions

À Vivatech, le groupe français présente des nouveautés qui auront probablement un beau succès, samedi, à l’occasion de l’ouverture de ce salon B2B au grand public.

Le Virtual Hair Advisor permet de tester toutes les coupes de cheveux possibles en commandant la machine par la voix. Le Skin Consult diagnostique les signes du vieillissement cutané et propose un traitement sur mesure grâce à l’intelligence artificielle. Le Limitless Creativity est, quant à lui, un espace immersif dans lequel l’intelligence artificielle est capable de détecter les tendances mondiales de la beauté. Pour ne citer que les plus importantes.

Mais une expérience tient en haleine toute la communauté mondiale de la beauté, celle menée «sur» les frères jumeaux Kelly.

Scott est revenu sur Terre le 1er mars 2016, après 340 jours passés à bord de la Station spatiale internationale. Mark, lui, n’a pas quitté le plancher des vaches. Des chercheurs ont étudié les bouleversements du corps du premier dans l’espace.

Leurs découvertes posent les bases d’une révolution. Alors que les télomères (les extrémités des chromosomes) raccourcissent habituellement sous l’effet de l’âge, du stress et des radiations, ce qui accélère le vieillissement, celles de l’astronaute ont augmenté de 14,1% dans l’espace. Une sorte de cure de jouvence made in space.

Manque de chance pour les chercheurs, la capsule qui contenait l’enzyme spécifique, la télomérase, a été endommagée et il est difficile d’aller plus loin pour l’instant.

Au moment où SpaceX lance ses premiers 60 satellites de la constellation Starlink pour créer un réseau 5G depuis le ciel, le monde de l’espace continue de se demander si Elon Musk est toujours aussi habité par l’idée d’envoyer des hommes sur Mars, vers 2025-2030.

Des experts le rappelaient à Vivatech jeudi: le voyage durera au minimum un an et les chances de revenir sur Terre sont, en l’état des connaissances, quasiment nulles. Y aller n’est pas le plus compliqué, à partir d’une station intermédiaire pour remplir la fusée de carburant si elle supporte un double lancement; mais revenir, c’est autre chose. La solution passera probablement par les robots et l’impression en 3D.

On peut facilement imaginer que L’Oréal ait envie de tester des choses dans l’espace pour développer de nouveaux produits pour sa clientèle terrestre. Mais il est beaucoup trop tôt pour s’avancer.

La beauty-tech ne fait plus rire personne

Il y a encore trois ans, l’apparition de certains groupes dans les salons internationaux de geeks faisait encore sourire et se terminait invariablement par ce commentaire sarcastique: «C’est un gadget, ça n’ira nulle part!»

Aujourd’hui, plus personne ne rit. Les grands groupes fréquentent allègrement ces grands rendez-vous. L’Oréal, qui a même son propre incubateur,  (CES), en janvier dernier à Las Vegas, avec un autre produit de technologie, développé avec une autre start-up, Epicore Biosystems.

Ce testeur électronique du taux d’acidité de la peau permettra de savoir quel produit de beauté utiliser, à chaque instant, en fonction des variations du PH de la peau.

Une des nouveautés de L’Oréal, le Hair Virtual Advisor, dont l’intelligence artificielle, qui se commande par la voix, permet d’être conseillé sur sa coupe ou sa couleur. (Photo: Paperjam)

Une des nouveautés de L’Oréal, le Hair Virtual Advisor, dont l’intelligence artificielle, qui se commande par la voix, permet d’être conseillé sur sa coupe ou sa couleur. (Photo: Paperjam)

Les exemples sont multiples pour ce secteur en pleine mutation, qui a compris deux choses. D’abord qu’avec le vieillissement de la population dans une société de communication, la beauté et l’image étaient devenues primordiales, au point que les produits de beauté sont en plein essor, .

Mais aussi que les 50-59 ans sont aujourd’hui ceux qui en ont besoin et envie, et qui ont le plus fort pouvoir d’achat, ce dernier étant supérieur de 28% à celui des autres tranches d’âge.

Un accélérateur d’opportunités

Les rencontres des start-up luxembourgeoises avec des partenaires potentiels sont l’intérêt principal pour ces entrepreneurs, qui participent sous l'égide du ministère de l’Économie, de Luxinnovation et de la Chambre de commerce. La veille de Vivatech, sous l’impulsion de l’ambassadeur, Luxembourgeois et Belges ont passé la soirée ensemble.

Firis, qui développe des solutions de maintenance et de formation en réalité augmentée avec deux autres partenaires français et suisse, directement sur le stand suisse. , qui vient de refaire son site internet, était elle sur un stand allemand.

Signe peut-être d’une nouvelle ère où nos entrepreneurs intéressent des projets étrangers et des investisseurs, et où ils s’ouvrent eux aussi à des partenariats. Vivatech permet aussi, par son booking de rendez-vous directement dans l’application, d’organiser des rencontres à l’abri des regards.

Les «officiels», ambassadeurs du pays, semblaient eux aussi assez satisfaits des demandes de renseignement. À côté des Belges, pas loin du stand du Grand Est, où Lorntech est devenu Grand Est Tech en réunissant les écosystèmes lorrains et alsaciens, le Luxembourg récupère doucement les bénéfices du «Nation branding». «Nous n’avons pas à avoir de complexes!», disait d’ailleurs l’ambassadeur de Luxembourg à Paris, Martine Schommer, jeudi matin.