D’une zone à l’autre de la de Heintz van Landewyck, inaugurée ce mercredi 15 juin sur le site du Fridhaff, près de Diekirch, les arômes de tabac diffèrent, d’odeurs brutes à chocolatées. Le tout transperce les murs jusque dans les bureaux, où nous accueille Jan Vandenneucker, CEO de l’entreprise.
Heintz van Landewyck fête ses 175 ans. Comment l’activité a-t-elle évolué au fil de toutes ces années?
Jan Vandenneucker. – «Nous sommes passés par différentes phases, des crises aux succès. Nous avons surmonté les guerres, des moments de fermeture. Mais restons sur le même cœur de métier: la fabrication et la commercialisation du tabac, un produit naturel. Nous avons aussi vécu des réglementations de plus en plus contraignantes et, ce qui fait notre succès, c’est que nous arrivons à rester à jour dans cet univers. Cela a débuté il y a très longtemps, et je crois que cela va encore continuer très longtemps.
Avec ces réglementations, dans quelle phase se trouve-t-on aujourd’hui?
«Quand j’ai commencé dans l’entreprise et que j’ai demandé ce qu’on attendait de moi, un associé m’a dit: ‘faites en sorte qu’on soit encore là dans 175 ans’. Je dirais qu’on est peut-être à mi-chemin.
S’il y a des pays où nous vendons moins, nous allons chercher d’autres pays où nous pouvons vendre.
Quels sont vos résultats financiers pour 2021, et comment ont-ils évolué?
«Nous ne les communiquons pas.
, l’entreprise annonçait 2,78 milliards d’euros de chiffre d’affaires et un résultat net, en 2010, de 31 millions d’euros…
«Dans notre groupe, nous avons deux activités: la partie industrielle et commercialisation, et la partie grossiste, qui livre les stations-service de tous les produits. Là, vous évoquez le chiffre d’affaires total. Se pose aussi la question des accises et taxes: 70% du prix du paquet revient à l’État… (au Registre du commerce et des sociétés, Landewyck holding fait état d’un chiffre d’affaires net de 2,8 milliards d’euros en 2020 et d’un résultat net de 15,6 millions d’euros, ndlr).
Qu’en est-il des volumes de production?
«Nous sommes dans une fourchette de près de 7 milliards de cigarettes que nous fabriquons et commercialisons. À cela s’ajoute du tabac de coupe pour 5 milliards. On peut parler de 12 milliards de volumes.
, on parlait de 9 milliards de cigarettes, sans y associer le tabac. Les chiffres sont-ils en diminution?
«Notre rôle est de ne pas les voir diminuer. S’il y a des pays où nous vendons moins, nous allons chercher d’autres pays où nous pouvons vendre plus.
Quel est votre plus gros marché?
«Dans le trio de tête, il y a toujours le Luxembourg, l’Espagne et l’Allemagne.
Que représentent-ils?
«Environ 2 milliards de cigarettes via sept produits.
L’être humain ne va pas changer fondamentalement, il cherche le plaisir.
Comment l’industrie du tabac peut-elle survivre à long terme?
«L’Europe a des normes très sévères que nous respectons, d’autres pays moins. Notre énergie va vers des pays, ceux où nos produits peuvent encore gagner en notoriété. Nous essayons de grappiller des parts de marché, car la population ne fume pas davantage que dans le passé. Nous mettons aussi beaucoup d’énergie dans le développement de nouveaux produits, moins nocifs. Nous venons de lancer les snus, que vous mettez entre la lèvre et la gencive. Ce produit ne contient plus de tabac, juste de la nicotine. Nous avons fabriqué un peu de liquide pour les cigarettes électroniques pour la France. Nous faisons pour l’instant des marchés tests. Est-ce que cela va être une remise en cause fondamentale? Non, nous sommes des industriels et nous avons un public initié de fumeurs. S’ils veulent changer, nous essaierons de répondre à la demande dans la mesure du possible.
Quel bilan l’entreprise pourrait-elle tirer dans 175 ans?
«J’ai l’intime conviction qu’on fumera toujours. De la cigarette, du tabac, la pipe, du cigare, du vaping, du snus. C’est une évolution naturelle. Mais l’être humain ne va pas changer fondamentalement, il cherche le plaisir dans plein de choses, et nous espérons que nous pourrons continuer à le donner à nos consommateurs avertis.
Nous ne sommes pas loin du niveau des entreprises pharmaceutiques.
Est-ce que vous fumez?
«J’ai été fumeur pendant très longtemps. Pour l’instant, je ne fume plus.
Vous inaugurez aujourd’hui votre nouvelle usine de 36.000 mètres carrés où a déjà migré la production. Avez-vous respecté l’investissement prévu de 60 millions d’euros?
«Nous sommes beaucoup plus proches des 80 millions.
Pourquoi ce déménagement?
«Ce sont des agendas qui, à un moment donné, se rencontrent. Et le fait se dire qu’il est temps, pour une usine, de quitter le centre-ville.
Où se trouvent vos autres usines de production?
«À Trèves et en Hongrie. Il y a aussi une production que nous faisons en coentreprise avec une société familiale à Andorre depuis plus de 10 ans, mais uniquement pour le marché andorran.»