Olivier de Berranger voit l’inflation atteindre son palier. (Photo: Denis Allard/Real/LFDE)

Olivier de Berranger voit l’inflation atteindre son palier. (Photo: Denis Allard/Real/LFDE)

Pour Olivier de Berranger, CIO – directeur de la gestion d’actifs et directeur général délégué de La Financière de l’Échiquier, si la question centrale de 2022 était celle de l’inflation, celle de 2023 sera la croissance.

Ce serait presque une bonne nouvelle: «Le cycle économique n’est pas aussi mauvais que redouté avec la crise ukrainienne. Si la croissance ralentit au point d’entrer en récession, nous sommes loin d’une dépression ou d’une crise financière comme celle de 2010-2012. C’est une bonne nouvelle.»

Olivier de Berranger reconnaît cependant que si la dynamique économique se stabilise, les perspectives restent orientées à la baisse. «La croissance faible, ce sera pour 2023». LFDE table sur des croissances de 3,1% en 2022 et de -0,1% sur la zone euro et de 1,7% puis 0,4% pour les États-Unis.

Si la préoccupation de 2022 était l’inflation, celle de 2023 sera la croissance.
Olivier de Berranger

Olivier de Berranger CIO – directeur de la gestion d’actifs et directeur général déléguéLa Financière de l’Échiquier

«Nous restons à des niveaux très bas. Si la préoccupation de 2022 était l’inflation, celle de 2023 sera la croissance.» Tant dans les services que dans l’industrie, l’activité se contracte, constate-t-il. «Un mouvement qui touche toutes les économies, y compris les pays émergents.»

Sur le marché américain, LFDE s’attend à des risques accrus sur les profits et les marges. «La productivité du travail s’effondre – sans que l’on sache bien pourquoi» alors que les marges et profits commencent à chuter. Une chute qui part d’un historique point haut de 15%.

Sur le marché européen, «la confiance des consommateurs comme des industriels est au plus bas, la faute à la guerre en Ukraine. Mais on observe une stabilisation dans le cycle économique. La pression sur la production commence à s’atténuer tandis que les prix du gaz ont fortement baissé. Des prix qui ont retrouvé leur niveau d’avant-guerre».

L’inflation à un palier

Sur le front de l’inflation, Olivier de Berranger estime que même si son niveau reste très élevé, on a atteint le plus haut. «Les mauvaises surprises semblent derrière nous.»

Au niveau mondial, les perturbations postCovid, premiers responsables de la poussée inflationniste se résorbent. Et si cela ne se fait pas sentir en Europe, c’est à cause de la flambée des prix de l’énergie consécutive à l’agression russe en Ukraine. L’autre grande difficulté que doit traverser l’Europe face à l’inflation, c’est la disparité entre pays. Si la moyenne de la hausse des prix dans la zone euro est de 10,7%, trois pays – les pays baltes – ont une inflation supérieure à 21%. À l’autre bout de l’échelle, on trouve la France (7,1%), l’Espagne (7,3%) et Malte (7,4%).

«Les signaux actuels sont positifs, mais la baisse sera lente.»

Conséquence logique, Olivier de Berranger s’attend à ce que les politiques monétaires des banques centrales restent clairement restrictives, malgré les craintes pour la croissance. «Le ‘whatever it takes’ prend un nouveau sens», sens à l’opposé du soutien à l’économie des deux premières versions.

Pour lui, le resserrement monétaire va continuer, mené par une Fed qui agit «à toute vitesse» et une BCE dans son sillage qui commence à s’interroger sur les impacts de sa politique sur la croissance.

Le point positif, c’est qu’avec d’«importantes réserves d’épargne, des marchés du travail solides, un endettement modéré, une rentabilité élevée des entreprises: les filets de sécurité sont là». Olivier de Berranger estime de plus que le secteur privé «est en bien meilleure forme qu’en 2008».

en termes de performance de classes d’actifs, 2022 est la pire année depuis 1931  (Source: Bloomberg/LFDE)

en termes de performance de classes d’actifs, 2022 est la pire année depuis 1931  (Source: Bloomberg/LFDE)

Sur les marchés, à part le pétrole (+83%), les performances de toutes les classes d’actifs sont négatives. «2022 est une année douloureusement inhabituelle, la plus mauvaise année depuis 1931. Il n’y avait aucun endroit où se réfugier.»

Sur les marchés actions, les valorisations sont un net recul. C’est le bon timing pour acheter – «si vous achetez aujourd’hui, dans les 3 à 5 ans, vous serez gagnant» –. D’ailleurs, les investisseurs n’ont pas déserté les actions. Les flux investis depuis le début de l’année restent stables. Le marché obligataire connaît de son côté un regain d’attractivité. «Vous êtes payé pour le risque pris.» Et si Olivier de Berranger ne prétends pas qu’il ni aura pas de défaut, il n’y voit pas de risque systémique sur le marché.