Pouvez-vous vous présenter en quelques mots?
Christophe Biraud (Ch.B.) — «J’ai 52 ans et je suis originaire de plusieurs régions en France, de Marseille à Bordeaux, mais je me considère surtout bourguignon de Dijon. Après 22 ans de service dans l’armée française aux quatre coins du monde, j’ai poursuivi ma carrière comme consultant IT au sein des institutions européennes. Aujourd’hui, je travaille pour le principal distributeur de courrier postal et de télécommunications au Luxembourg. Je travaille au Grand-Duché depuis 13 ans et y habite depuis six ans.»
Danielle Choucroun (D. C.) — «Je suis docteur en médecine diplômée de la faculté de médecine de Paris, avec un diplôme interuniversitaire en gynécologie, sexologie et médecine comportementale. Après plus de 20 ans d’exercice en région parisienne, à la fois en libéral et en milieu hospitalier, je me suis installée au Luxembourg en janvier 2019. J’y poursuis une activité de recherche scientifique, principalement sur les moyens de contraception féminine.»
Pouvez-vous présenter la Communauté des Français du Luxembourg?
Ch.B. — «La Communauté des Français du Luxembourg fête aujourd’hui sa première année d’existence. Nous avons lancé cette initiative pour répondre à une forte demande de fédération des Français vivant ici. Nous comptons une cinquantaine d’inscrits sur notre groupe WhatsApp, mais plus de 4.000 personnes nous suivent à travers l’ensemble de nos réseaux sociaux. Notre site internet reçoit environ 150 visiteurs uniques par jour. Notre mission est de favoriser l’intégration des Français par le biais d’activités culturelles, économiques et politiques, tout en valorisant l’intergénérationnel (nos membres ont entre 22 et 84 ans). Nous proposons aussi une revue de presse quotidienne, aidons à la recherche d’emploi et facilitons l’installation de nouveaux arrivants.»
D. C. — «Notre communauté rassemble actuellement 3.000 membres sur Facebook. Nous nous efforçons de répondre aux besoins des Français, notamment en matière de démarches administratives, d’éducation, d’emploi, d’immobilier et de santé au Grand-Duché. Notre approche repose sur la proximité, l’écoute et la personnalisation des réponses.»
À quelle fréquence organisez-vous des événements?
Ch.B. — «Nous co-organisons un afterwork tous les 15 jours avec les jeunes Français du Luxembourg, souvent issus du volontariat international en entreprise (VIE). En parallèle, nous organisons un grand meeting tous les deux mois autour d’un thème précis ou avec un invité du monde politique, économique ou institutionnel. À venir: le 9 mai, sortie à Schengen pour célébrer l’Europe, suivie d’un pique-nique citoyen à Remich et le 19 mai, une soirée en trois temps autour de l’immobilier, de la venue de la sénatrice Véronique Guillotin, puis d’un dîner convivial. «
D. C. — «Nous adaptons la fréquence de nos événements en fonction des agendas locaux culturels, politiques, économiques et sportifs. Nous organisons également des rencontres informelles pour favoriser la convivialité et renforcer les liens au sein de la communauté.»
Votre site mentionne que vous êtes un groupe de réflexion politique. Qu’est-ce que cela signifie?
Ch.B. — «Lors de nos réunions et sur WhatsApp, nous lançons des débats politiques, aussi bien sur le Luxembourg que sur la France. Récemment, nos membres ont choisi deux sujets de réflexion: ‘L’intégration culturelle et linguistique, clé d’une cohésion sociale réussie?’ ‘Quels leviers pour mieux représenter les résidents français dans la vie locale luxembourgeoise?’ Cela permet des échanges dynamiques en sous-groupes et une restitution collective.»
D. C. — «Notre démarche vise à encourager la réflexion politique et le débat démocratique. Nous souhaitons favoriser un dialogue respectueux autour des décisions gouvernementales, en France comme au Luxembourg. Nous avons déjà eu l’honneur de recevoir notre premier invité politique: un député-échevin de la Ville de Luxembourg.»
Avez-vous une anecdote à partager sur l’un de vos événements?
Ch.B. — «Nous avons mille petites anecdotes! Entre les invités très en avance, ceux qui se trompent de lieu, ou notre photographe chargée de quelques clichés et qui m’a finalement envoyé 150 photos à trier…»
D. C. — «Et ce photographe, c’était moi!»
Combien de Français vivent au Luxembourg?
Ch.B. — «Si l’on additionne Français et binationaux franco-luxembourgeois, nous serions environ 59.000. Les Français représentent la deuxième communauté du pays, mais la première dans la capitale.»
D. C. — «Au 1er janvier 2024, 49.071 Français de nationalité unique étaient officiellement recensés au Luxembourg.»
La France et le Luxembourg sont-ils culturellement proches?
Ch.B. — «Le Luxembourg est culturellement plus proche de l’Allemagne et de l’Est de la France que de la France dans son ensemble. La rigueur, le respect et surtout le multilinguisme (apprentissage de 4 langues dès l’école) sont des traits impressionnants.»
D. C. — «Le multilinguisme m’a aussi frappée. J’ai été étonnée de la simplicité des échanges avec les membres du gouvernement, très accessibles lors d’événements publics.»
De retour en France, quels sont les stéréotypes sur le Luxembourg? Sont-ils fondés?
Ch.B. — «On entend souvent: ‘Luxembourg = riches, banquiers, paradis fiscal.’ La réalité est bien plus nuancée: le pays possède une industrie technologique forte, un écosystème de start-up, des paysages magnifiques et une grande richesse culturelle.»
D. C. — «Il existe effectivement des moyens conséquents mis à disposition dans les domaines comme la santé, mais la population vulnérable existe également.»
Parlez-nous de la cuisine luxembourgeoise.
Ch.B. — «Elle reflète la diversité du pays, avec des influences germaniques, belges et françaises. Un bon Judd mat Gaardebounen accompagné d’une bière ou d’un vin blanc de Moselle, et la soirée est réussie!»
D. C. — «En tant que végétarienne, j’apprécie de trouver des options dans tous les restaurants. J’aime particulièrement les Gromperekichelcher accompagnées de compote de pommes.»
Autre chose à ajouter?
Ch.B. — «Nous ne sommes pas en concurrence avec les associations existantes. Nous sommes complémentaires et ouverts à toute collaboration.»
D. C. — «Nous ne sommes pas une association classique: pas de comité, pas d’assemblée générale, pas d’adhésion payante. Rejoindre notre communauté est gratuit… sauf pour payer sa consommation lors des rencontres!»