Claude Wiseler et Martine Hansen apportent les preuves que la décision de la ministre de l’Environnement était illégale, sans vouloir en tirer les conséquences pour le moment. (Photo: Paperjam)

Claude Wiseler et Martine Hansen apportent les preuves que la décision de la ministre de l’Environnement était illégale, sans vouloir en tirer les conséquences pour le moment. (Photo: Paperjam)

En première ligne pour demander des explications à la ministre de l’Environnement dans l’affaire de l’abri de jardin, le parti chrétien-social réserve ses «conclusions définitives» pour la semaine prochaine.

Accusé voire moqué pour sa précipitation à demander la tête des ministres dans l’affaire de la ou encore dans celle du , le CSV a changé son fusil d’épaule. «Nous n’avons pas convoqué la presse plus tôt parce que nous attendions les explications de Mme sur le fond», souligne . «Mais au bout de deux séances de la commission de l’environnement, force est de constater que nous n’avons pas reçu beaucoup de réponses, d’autant qu’hier, Mme Dieschbourg évoquait constamment le secret de l’instruction.»

En cause: l’autorisation de rénovation délivrée par le ministère de l’Environnement à Roberto Traversini, ex-bourgmestre de Differdange, pour l’abri de jardin se trouvant en zone verte et Natura 2000, pour lequel il avait sans autorisation cet été. Il a depuis et de , tout en laissant Déi Gréng et surtout Mme Dieschbourg  – son ministère a fait l’objet d’une .

«Il ne s’agit pas de pinailleries (Spëtzfindigkeeten) comme l’indiquait Mme la ministre à la presse en début de semaine, mais d’un véritable dossier», indique , chef de fraction CSV à la Chambre des députés. Et de déplorer que les partis de la majorité aient voté contre la publication du verbatim des discussions alors même que la ministre parlait de «transparence».

La ministre dit qu’elle a traité le dossier comme les autres mais ce n’est pas vrai.
Martine Hansen

Martine Hansendéputée, chef de la fraction CSV

À la lumière des explications de la ministre et de son équipe en commission ainsi que des et de la presse, le CSV se dit en mesure d’affirmer que la base légale invoquée par la ministre pour justifier l’autorisation de rénovation accordée à Roberto Traversini ne tient pas. L’article 7 de la loi sur la protection de la nature de 2018? Non seulement il ne permet pas à un particulier d’obtenir une autorisation de rénovation destinée à harmoniser la construction avec le milieu environnant – il précise que le ministre peut ordonner des travaux en ce sens, ce qui n’est pas le cas en l’espèce.

En outre, ceci ne s’applique qu’aux «constructions légalement existantes», or Roberto Traversini n’a fourni aucune preuve de ce que l’abri de jardin a été construit en vertu d’une autorisation communale ou ministérielle. «Cet abri n’aurait pas dû être rénové», assène Mme Hansen. Et de rappeler que, selon les procès-verbaux des discussions en commission sur la loi de 2018, cet alinéa spécifique apparaissait comme «n’ayant jamais été utilisé».

«La ministre dit qu’elle a traité le dossier comme les autres mais ce n’est pas vrai», conclut Mme Hansen, brandissant plusieurs exemples de demandes d’autorisation de rénovation en zone verte auxquelles la ministre a répondu en conditionnant son aval à la présentation des autorisations de construire.

Nous faisons uniquement notre travail de parti d’opposition.
Claude Wiseler

Claude Wiselerdéputé CSV

«La ministre dit qu’on peut toujours interpréter différemment certaines lois», ajoute Claude Wiseler. «Je trouve au contraire que la législation est assez claire.» Et quand bien même: «Pourquoi interpréter d’une façon pour une demande et d’une autre façon pour les autres?»

L’ex-tête de liste aux élections législatives énumère six anomalies relevées dans la procédure légale concernant l’autorisation délivrée à Roberto Traversini pour son abri de jardin. Notamment le fait que l’autorisation finale «autorise plus que ce qui figure dans la demande», à savoir la réfection de la toiture et la rénovation de trois fenêtres, alors que la demande initiale évoquait simplement le bardage envisagé pour l’abri de jardin.

Ou encore l’étonnante rapidité du traitement de la demande, examinée et validée en moins d’un jour par l’Administration de la nature et des forêts. Alors même que plusieurs pièces manquaient au dossier – et le député CSV cite un cas concret d’une demande d’autorisation qui a fait la navette durant deux mois entre le demandeur et le préposé faute de documents.

Une semaine brûlante en vue pour Mme Dieschbourg

Autant d’éléments qui conduisent le parti d’opposition à considérer que «le dossier [de M. Traversini] a été clairement privilégié», estime M. Wiseler. Interrogés sur d’éventuels contacts avec le LSAP ou le DP en vue de constituer une coalition en éjectant Déi Gréng, Martine Hansen et Claude Wiseler sourient, mais démentent. «J’ai entendu ces rumeurs mais je n’ai parlé à personne et nous n’avons officiellement aucun contact en ce sens», assure Mme Hansen. «Nous faisons uniquement notre travail de parti d’opposition», renchérit M. Wiseler, invoquant le devoir de «contrôle du gouvernement».

Le CSV demande-t-il la démission de Mme Dieschbourg au regard des graves manquements dont il l’accuse? «Notre objectif est que tout le monde soit traité de la même façon», répète Mme Hansen. «Nous tirerons des conclusions définitives après la troisième commission sur le sujet et la déclaration de Mme Dieschbourg à la Chambre jeudi prochain», relaie M. Wiseler. Une autre semaine brûlante en perspective pour la ministre de l’Environnement, qui a annulé ses déplacements à l’étranger.