Le directeur de la Chambre des salariés, Sylvain Hoffmann, la présidente Nora Back et Jean-Claude Reding, vice -président, auraient aimé plus de social dans le budget 2024. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

Le directeur de la Chambre des salariés, Sylvain Hoffmann, la présidente Nora Back et Jean-Claude Reding, vice -président, auraient aimé plus de social dans le budget 2024. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

À budget de transition, avis clément. Face à un budget 2024 raccourci, la CSL, dans son avis, se dit satisfaite de l’approche contracyclique adoptée. Mais elle attend pour 2025 un budget beaucoup plus ambitieux dans le domaine social et une politique fiscale plus juste.

Pour la présidente de la Chambre des salariés, , la copie budgétaire présentée par le gouvernement Frieden pour finir une année entamée sous le régime des douzièmes provisoires est un «budget sans grandes ambitions». Et si elle se déclare satisfaite de la nature contracyclique du projet de budget, par un niveau d’investissement soutenu et par l’absence de mesures d’austérité, elle se dit très déçue par la quasi-inexistence du volet social. Et d’autant plus déçue qu’elle rappelle que la lutte contre les inégalités et la pauvreté était . Elle regrette également qu’en ce qui concerne la réforme fiscale, –, il faille attendre encore un an pour avoir une réforme fiscale d’ampleur pour les personnes physiques ainsi que la disparition de la classe d’impôt 1A. Pour le budget 2025 – qui devrait être déposé à la Chambre des députés courant octobre –, elle appelle «à un budget à la hauteur des défis sociaux», ainsi qu’à «une politique fiscale plus juste».

Les souhaits de la CSL

Par quels chemins? Le directeur de la CSL, , les détaille.

D’un point de vue stratégique, il appelle au maintien d’une politique budgétaire expansive via un soutien conséquent au pouvoir d’achat et un niveau d’investissement élevé. «Ce n’est pas le moment de faire des économies ou une politique d’austérité. Ce serait contre-productif», assène-t-il.

Pour lui, la situation de l’économie et des finances publiques le permet. «La situation des finances publiques le permet», assure-t-il, en évoquant la tendance des gouvernements à sous-estimer les recettes et à surestimer les investissements. «On prévoit un déficit de 1,9 milliard d’euros, mais il faut s’attendre à un bien meilleur résultat pour 2024.» Il observe également que les niveaux de recettes et de dépenses publiques sont, par rapport au PIB, les plus faibles en comparaison européenne. Ainsi, le niveau de dépenses par rapport au PIB est de 49,5% dans l’UE et de 43,9% au Luxembourg. Pour les recettes, la moyenne européenne est à 46,3% et de 43,6% au Grand-Duché.

La situation de l’économie le permet également: «Un salarié au Luxembourg rapporte à son employeur entre 36% et 87% de plus par heure que dans les pays voisins.» Contrairement à ce que d’autres estiment, l’économie est compétitive, conclut-il.

Des investissements clés à ne pas ignorer

La CSL invite le gouvernement à investir «massivement» dans plusieurs secteurs prioritaires.

Le logement, d’abord. La CSL salue «la hausse conséquente des investissements de l’administration centrale dans le logement en 2024», tout en regrettant que les investissements soient plus modestes ensuite, et ce jusqu’en 2027. Et rappelle que le «paquet logement», selon elle, concentre le patrimoine immobilier vers les couches sociales fortement favorisées. La bonne politique serait de lutter contre la spéculation et la rétention foncière. Par un recours accru à l’impôt.

Dans la transition durable, dans la Grande Région – où la CSL croit déceler «un certain désintérêt du gouvernement à l’égard de ce sujet» –, dans l’éducation et la formation et dans le domaine de la santé ensuite.

Mais la priorité est la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. «Les dépenses de protection sociale en pourcentage de PIB sont assez faibles en comparaison européenne, tandis que pour les catégories à risque, l’efficacité des transferts sociaux diminue», note Sylvain Hoffmann, qui réclame le programme global et ambitieux «qui manque cruellement dans le budget».

Diminuer l’imposition des entreprises est une injustice.
Sylvain Hoffmann

Sylvain HoffmanndirecteurChambre des salariés

Sur le volet recettes – des recettes qu’il faut augmenter tant les besoins en investissements et correctifs sociaux sont nombreux –, la CSL dénonce la baisse programmée de l’impôt des sociétés. «Depuis 2000, la progression de la charge fiscale des ménages a plus que doublé par rapport aux entreprises. Diminuer l’imposition des entreprises est une injustice», estime Sylvain Hoffmann, qui préférerait une baisse d’impôt touchant les revenus les plus faibles ainsi que les classes moyennes.

La CSL plaide pour une adaptation supplémentaire du barème à l’inflation et un allégement fiscal pour la classe 1A – par le ministre des Finances, –, l’exonération du salaire social minimum (SSM) et une imposition plus forte des revenus élevés. La CSL veut aussi de nouvelles recettes «pour rendre le système fiscal plus équitable» et ciblant le patrimoine et les revenus des capitaux.

Des demandes que l’on retrouvera à coup sûr dans le prochain avis que rendra la CSL pour le projet de budget 2025.