Différentes sortes de drogues ont été décelées dans les eaux usées de la station d’épuration de Pétange. (Photo: Shutterstock)

Différentes sortes de drogues ont été décelées dans les eaux usées de la station d’épuration de Pétange. (Photo: Shutterstock)

Pour la première fois, le Laboratoire national de santé et le Luxembourg Institute of Science and Technology ont travaillé conjointement sur l’analyse des eaux usées luxembourgeoises. Ce projet a notamment permis d’y découvrir la présence de méthamphétamine.

Le Laboratoire national de santé (LNS) et le Luxembourg Institute of Science and Technology (List) viennent de partager les résultats d’une étude commune qui avait pour but d’estimer et de suivre la consommation de certaines drogues grâce à l’analyse des eaux usées. Un projet financé par le Fonds de lutte contre certaines formes de criminalité.

À l’aide d’une technique d’analyse de pointe couplant la chromatographie à la spectrométrie de masse, les scientifiques ont recherché depuis la station d’épuration de Pétange la présence de stupéfiants tels que la cocaïne, l’héroïne, l’amphétamine (speed), la méthamphétamine (crystal meth) ou encore la MDMA (ecstasy).

Ces psychotropes sont rejetés principalement via l’urine des consommateurs dans les égouts. Il est donc possible d’en estimer la quantité consommée au sein d’une population raccordée à un réseau d’eaux usées par l’analyse ciblée des substances.

Des résultats étonnants

Alors que la cocaïne, l’héroïne, le THC (cannabis) et l’amphétamine sont régulièrement saisis par la police ou la douane, et leur consommation connue, la détection de crystal meth (méthamphétamine) surprend, car cette substance n’est que très rarement présente lors de saisies.

En termes de quantité de drogues illicites consommées, les résultats confirment les données déjà existantes avec une prévalence de la cocaïne et de l’ecstasy sur l’amphétamine et la méthamphétamine:

- Au niveau de la consommation de cocaïne (541mg/jour/1.000 équivalents d’habitants raccordés à la station), elle est supérieure à la moyenne européenne et similaire aux villes de Bâle et Genève, mais inférieure aux champions que sont Amsterdam, Bristol et Zurich (>700mg/jour/1.000 équivalents d’habitants).

- La consommation de MDMA (ecstasy) (17mg/jour/1.000 équivalents d’habitants) est également supérieure à la moyenne européenne et similaire à Genève, Bâle et Porto.

- Pour l’amphétamine (8,8mg/jour/équivalents d’1.000 habitants) et la méthamphétamine (1,3mg/jour/équivalents d’1000 habitants), le taux se situe en dessous de la moyenne européenne.

- Enfin, des produits de dégradation du cannabis et de l’héroïne ont pu être décelés dans tous les échantillons. Du fait de leur très faible teneur et de leur dégradation rapide, de nouveaux calculs pour estimer une consommation seraient peu utiles.

Les institutions qui ont mené cette étude précisent également que les concentrations mesurées des drogues dans l’eau sont extrêmement faibles et ne posent pas de problème de santé publique lors d’un contact avec les eaux fluviales.