Blanche Weber, présidente du Mouvement Écologique. (Photo: Mouvement Écologique)

Blanche Weber, présidente du Mouvement Écologique. (Photo: Mouvement Écologique)

Dans le cadre du Lunch Talk: la décroissance, un tabou? organisé par le Paperjam + Delano Club, le jeudi 12 mai, Blanche Weber, présidente du Mouvement Écologique, partage sa vision et son point de vue quant à la croissance économique du pays.

Sans croissance économique, peut-on financer l’avenir du système de retraite luxembourgeois?

Blanche Weber. – «De l’avis du Mouvement Écologique, il importe de poser la question différemment: est-ce que l’idée d’une croissance infinie dans un monde avec des ressources limitées ne constitue-t-elle pas une illusion? Pour nous, la réponse est claire: oui, c’est une illusion! Surtout qu’il s’agit d’une croissance exponentielle… Pouvez-vous réellement vous imaginer un doublement, triplement, etc., de l’activité économique et de toutes les suites (accentuation accrue des besoins en logements abordables, problèmes d’infrastructure, etc.) au Luxembourg? Non, il faut réduire progressivement la dépendance d’un taux de croissance élevé de notre système d’assurance sociale.

Dès lors, à notre avis, il faudrait absolument analyser quels modes de financement alternatifs pour le système de retraite existent. Le budget technique du régime général d’assurance pension 2022, publié récemment par l’Inspection générale de la sécurité sociale, nous confirme dans cette position.

Faut-il rappeler dans ce contexte, pour ne thématiser que cette option, que le Luxembourg est un des pays en Europe avec les plus faibles recettes provenant de la taxation écologique? En fait, nous sommes certains que nous n’avons pas le choix de rechercher de telles options: pour des raisons de protection du climat, de la biodiversité et des ressources, et pour assurer une certaine sécurité de financement à long terme.

Comment repenser la consommation pour davantage de sobriété?

«La période Covid a déjà amené une partie de la population à repenser notre mode de vie. Les analyses sociologiques le montrent: bon nombre de personnes indiquent apprécier davantage une nature plus intacte, des contacts sociaux que la consommation de biens matériels. Il est de plus un fait, que les analyses psychologiques montrent clairement, que ce sont ces valeurs qui relèvent le “happiness index”.

Si la consommation n’est pas une finalité en soi et tout en connaissant les effets dévastateurs pour notre environnement en résultant (et pour les pays du Sud qui souvent produisent nos biens dans des conditions hautement problématiques), il faudrait repenser notre modèle sociétal et économique. À notre avis, cette nouvelle culture présente des avantages évidents: si une économie de partage et de répartition s’établissait, pour ne prendre que cet exemple, ne présenterait-elle pas des avantages à tous les niveaux?

Nous en sommes convaincus. Toujours est-il qu’il reste le défi de parer aux inégalités croissantes dans notre société, qui ont été accentuées encore par la crise de l’énergie.

Au vu du contexte écologique et climatique actuel, avons-nous encore le choix de «refuser» la décroissance?

«Comme évoqué, nous sommes convaincus qu’une croissance illimitée est tout simplement irréaliste. S’y ajoutent effectivement les catastrophes climatiques et de biodiversité. Et c’est bel et bien la nature qui nous dicte les règles, et non pas notre système économique.

Car même en adoptant de nouvelles technologies, ce qui est absolument nécessaire et positif, tels l’hydrogène, les énergies renouvelables ou encore l’économie circulaire, notre faim énergétique et en ressources ne peut croître sans cesse. Surtout si nous voulons établir une plus grande équité au niveau mondial. Dès lors, retroussons-nous les manches et travaillons ensemble sur un modèle économique et culturel de demain, basé sur des valeurs de l’humanisme.»

Vous pouvez vous inscrire au «»  sur le site du .