Comment la crise sanitaire a-t-elle impacté le monde de l’investissement? Quelles sont les leçons à en tirer?  (Photo : Capital Group)

Comment la crise sanitaire a-t-elle impacté le monde de l’investissement? Quelles sont les leçons à en tirer?  (Photo : Capital Group)

Comment la crise sanitaire a-t-elle impacté le monde de l’investissement? Quelles sont les leçons à en tirer? Steve Watson, Gérant de portefeuille actions chez Capital Group, nous partage son expertise sur le sujet ainsi que son expérience personnelle et la relation qu’il entretient avec les marchés.

Steve, vous êtes spécialiste en matière d’investissement depuis plus de 30 ans. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué ces 16 derniers mois?

Cette période atypique et douloureuse s’est montrée riche en enseignements. Ainsi, au mois de mars 2020, au moment où le Covid se propageait à travers le monde, les indices Standard & Poor’s 500 Composite et MSCI All Country World ont connu la chute la plus rapide de l’histoire et ont touché le fond. Au contraire, en juillet 2021, les marchés d’actions ont à nouveau atteint des records.

À la fin de l’année 2019, l’inflation et les taux d’intérêt étaient bas. Les banques prêtaient volontiers des capitaux tandis que les entreprises semblaient disposées à investir plutôt que de racheter des actions ou réaliser des acquisitions. J’étais persuadé que les marchés s’apprêtaient à bénéficier d’une période faste. Début 2020, je me suis principalement tourné vers les secteurs cycliques (secteurs comme l’automobile, la technologie ou l’industrie, où la performance des actions suit celle de l’économie). Cette approche m’a beaucoup servi durant toutes ces années car elle s’avère généralement rentable. Lorsque l’économie mondiale s’est retrouvée à l’arrêt, cette position s’est toutefois révélée problématique.

Les perturbations boursières sont une réalité indéniable pour les investisseurs (Capital Group)

Les perturbations boursières sont une réalité indéniable pour les investisseurs (Capital Group)

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Selon vous, peut-on éviter les crises boursières?

Les perturbations secouant les marchés semblent se produire tous les 18 mois environ et ne peuvent être contestées. Nous pouvons citer pas moins de 21 krachs, dont l’effondrement de l’Union soviétique, l’éclatement de la bulle Internet, la crise financière de 2008-2009 ainsi que le choc boursier déclenché par la pandémie de Covid.

S’il était impossible de prédire cette dernière, la probabilité qu’un événement vienne perturber le marché haussier des 10 dernières années était élevée et envisageable.

Quelles leçons ces événements nous offrent-ils?

Si l’histoire peut nous servir de guide, son interprétation n’est pas une science exacte. En effet, l’histoire ne se répète pas nécessairement. Comme d’autres durant les premiers mois de la crise, j’y ai par exemple vu de fausses analogies avec l’épidémie de SARS (syndrome respiratoire aigu sévère) qui s’est produite en 2003 mais dont l’ampleur était beaucoup plus limitée. Tirer des conclusions sur le Covid sur cette base, en termes d’ampleur et de durée, était donc une erreur pour les investisseurs.

Je pense que la réaction rapide des autorités budgétaires et monétaires à la crise actuelle a contribué à limiter l’impact négatif de celle-ci sur mes positions procycliques.

Je pense que la réaction rapide des autorités budgétaires et monétaires à la crise actuelle a contribué à limiter l’impact négatif de celle-ci sur mes positions procycliques.
Steve Watson

Steve WatsonEquity Portfolio ManagerCapital Group

Dans ce contexte, quelles stratégies d’investissement adopter?

Il est important de s’exposer aussi bien aux titres «growth» (titres disposant d’une forte visibilité sur leur activité et d’une belle régularité de leurs performances au fil du temps) que «value» (titres décotés en bourse, achetés à un prix inférieur de leur vraie valeur), à condition d’acheter au bon point d’entrée (le prix d’achat).

En 2020, j’avais investi dans quelques sociétés technologiques, en particulier dans le secteur des semi-conducteurs, ainsi que dans plusieurs sociétés Internet tournées vers la consommation (de type e-commerce). Je pense que ma sélection limitée de titres «growth» m’a permis de m’en sortir au plus fort de la crise.

Je reste convaincu de la résilience du secteur de la technologie. Le point d’entrée étant crucial, la plupart de mes investissements dans ce secteur sont des positions de long terme. J’apprécie acheter des actions lorsqu’elles se trouvent au plus bas et les conserver pour laisser au marché l’occasion de réaliser la véritable valeur de leur émetteur. Lorsque les valeurs de certaines positions ont progressé, j’ai allégé ces dernières pour privilégier des secteurs délaissés comme l’énergie, la finance ou les voyages.

Je reste convaincu de la résilience du secteur de la technologie. Le point d’entrée étant crucial, la plupart de mes investissements dans ce secteur sont des positions de long terme.
Steve Watson

Steve WatsonEquity Portfolio ManagerCapital Group

Quel rôle les dividendes, un segment délaissé, sont-ils amenés à jouer?

J’ai longtemps considéré les dividendes comme le principal mécanisme de transfert de valeur d’une entreprise à ses investisseurs, et je suis persuadé qu’ils restent un facteur de stabilisation durant les crises boursières. Si cette deuxième caractéristique a parfois disparu en 2020, ce rôle de transfert de richesses est plus important que jamais.

Peut-on s’attendre à une reprise économique?

Alors que les marchés ont recouvré leurs pertes, ma vision a peu changé depuis fin 2019. Je pense que les marchés internationaux vont progresser. Je continue, dans mes portefeuilles, à privilégier les entreprises qui profitent d’une nouvelle accélération de la croissance économique mondiale (procyclique).

Le cours du cuivre, par exemple, permet de prédire la trajectoire de l’économie mondiale. Aujourd’hui, cette dernière enregistre une reprise dynamique et cette tendance pourrait perdurer. Les opportunités d’investissement sur les marchés émergents, dont les valorisations sont particulièrement attrayantes et en dépit d’une volatilité plus élevée, existent également.

J’espère un retour à plus de normalité, et je crois que la conjoncture actuelle permettra aux titres «growth» de passer le relais aux titres «value».

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