Prix du logement disproportionnés par rapport aux salaires, manque de logements à prix abordables, loyers démesurés, investissements insuffisants: «rien ne va plus» au niveau du logement, constatait mercredi la présidente de la Chambre des salariés, , lors d’une conférence de presse à propos de la crise du droit au logement.
Certes, «tout le monde en parle», reconnaissait-elle, et il y a un «consensus» sur l’existence de cette crise. Mais il faut, selon la présidente de la CSL, rappeler les données du problème.
1. Une explosion des prix du logement sans comparaison avec l’évolution des salaires
Un constat tout d’abord: l’explosion des prix est sans aucun rapport avec l’évolution des prix à la consommation et des salaires, tout particulièrement après l’an 2000. Une tendance qui s’est confirmée ces dernières années. Ainsi, au deuxième trimestre 2019, les prix des logements résidentiels .
Les hausses salariales ont ainsi été, au cours des dernières années, grignotées par .
2. De nombreux ménages en surcharge du coût du logement
La part des loyers dans le revenu disponible des ménages locataires luxembourgeois devient ainsi toujours plus importante. En 2017, avec 30% du revenu dédié au loyer, le Luxembourg arrive en 4e position des plus fortes parts au sein de la zone euro.
Et, surtout, : l’écart est de 19,6 points entre les ménages en dessous du seuil de pauvreté (42,5%) et ceux au-dessus (22,9%).
3. Un taux effectif d’imposition foncière trop faible
Une des raisons relevées par la CSL est sans surprise le fait que l’immobilier est devenu un actif de placement, voire de spéculation.
L’Observatoire de l’habitat constate en effet un degré élevé de concentration de la valeur du potentiel foncier. L’intégralité du potentiel foncier serait ainsi détenue par seulement 15.907 personnes.
La CSL propose donc une réforme de l’impôt foncier, «loin d’être à la hauteur des enjeux qu’il est censé cerner, dépassé par les réalités économiques et sociales». Le taux effectif d’imposition sur la possession des biens immobiliers est en effet de 0,13%, soit parmi les plus bas de l’UE.
L’objectif de cette réforme serait d’en faire «un outil de lutte contre la spéculation foncière», tout en évitant «de pénaliser le contribuable propriétaire d’un logement servant d’habitation personnelle principale».
4. Un manque de logements sociaux
Une autre raison citée de la crise du logement est le manque de logements à prix abordable. Or, la CSL regrette le «taux relativement faible de logements sociaux locatifs», qui s’établissait à 5,1% en 2017, selon l’Union sociale pour l’habitat. Un chiffre controversé, puisque la Cour des comptes du Luxembourg relève que, selon l’OCDE, «le Luxembourg se situe avec 1,6% de logements sociaux locatifs parmi les derniers au classement des pays recensés.»
La CSL recommande «une intervention plus conséquente de la part des communes, de l’État et des promoteurs publics dans le marché locatif, et cela à l’aide d’investissements publics fortement accrus».
5. Un budget ministériel «décevant»
La CSL déplore en effet le manque d’ambition actuel du gouvernement en termes d’investissement pour le logement, et souligne la faible progression du budget du ministère du Logement, qui n’augmente que de 2,7%. «Un budget décevant» pour venir à bout de la crise du logement, juge la CSL.