Le 25 mai dernier, Tracfin, le service de renseignement financier placé sous l’autorité du ministère français des Finances, organisait à Paris une réunion informelle sur le thème des cryptoactifs en lien avec la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Des experts luxembourgeois de la CRF (Cellule de renseignement financier) ont assisté à cette réunion, également aux côtés d’homologues belges, suisses et monégasques.
Il est fréquent que différentes cellules de renseignement financier prennent l’initiative d’organiser de telles rencontres, entre elles, afin de discuter de thématiques nécessitant des échanges de compétences spécifiques. La rencontre du 25 mai a permis, quant à elle, d’échanger et mutualiser des efforts relatifs aux actifs virtuels.
Les experts présents ont abordé les différentes réglementations, les possibilités de formations, les outils et les techniques d’investigation. Le but étant d’identifier les besoins communs et d’envisager d’éventuelles pistes de futures collaborations internationales entre les différents services de renseignement financier nationaux.
Contactée par Paperjam, la CRF a souhaité laisser l’initiative de communication à Tracfin. Cette dernière déclare que «la volonté de développer un réseau d’experts financiers en cryptoactifs au sein de nos cellules de renseignement financier avait émergé lors de réunions organisées en 2020».
Le résultat d’un travail d’analyse préalable
«Étant donné que les circuits financiers nécessitant une coopération internationale dépassent les frontières de chacun de nos pays», Tracfin indique que les échanges ont abouti notamment «à l’identification de problématiques communes à nos services, qui ont vocation à être abordées de manière concertée».
Dans son , la CRF précisait qu’elle avait déjà entamé un travail d’analyse stratégique «particulièrement intensif», visant simultanément à renforcer ses processus d’analyse opérationnelle et à améliorer la qualité et la pertinence des informations reçues par les professionnels soumis à la loi anti-blanchiment. Le sujet des prestataires d’actifs virtuels a notamment fait l’objet de l’une de ces analyses stratégiques.
Pour rappel, les prestataires de services d’actifs virtuels ont été rajoutés en 2020 à la liste des professionnels soumis à la loi anti-blanchiment, les obligeant dès lors à rapporter tout soupçon de blanchiment à la CRF. À noter toutefois que la CRF précise dans son rapport annuel qu’elle recevait déjà de telles informations depuis 2016 de la part de ces acteurs.
De façon plus générale, la CRF a envoyé, en 2020, 192 demandes d’informations aux prestataires de services d’actifs virtuels, contre 90 en 2019. À leur tour, les rapports d’activités suspectes notifiées par cette catégorie de professionnels sont passés de 1.636 en 2019 à 5.442 en 2020. Cette hausse du volume de notifications fait suite à des transactions en lien avec des places de marché en ligne sur le dark web identifiées par les professionnels.