Les compteurs intelligents ne sont pas installés pour prendre le contrôle sur la température. Il y a bien deux sortes de fusibles, mais associés à des dépenses particulières comme une borne de recharge de voiture électrique. Et surtout, des règles. (Photo: Creos)

Les compteurs intelligents ne sont pas installés pour prendre le contrôle sur la température. Il y a bien deux sortes de fusibles, mais associés à des dépenses particulières comme une borne de recharge de voiture électrique. Et surtout, des règles. (Photo: Creos)

«Big Brother contrôle votre thermostat», s’indignent des médias du Colorado après une intervention d’un fournisseur d’électricité sur la température de 20.000 ménages. Cela pourrait-il arriver à cause de l’installation de Smarty, le compteur intelligent, au Luxembourg? Non, explique Creos.

Dans un monde où un scandale chasse une polémique, s’arrêter au titre d’un article d’un média est très dangereux. Une polémique est née dans le Colorado après que des médias d’extrême droite ont indiqué que «Big Brother contrôl[ait] le thermostat de 20.000 ménages».

Wait, wait, wait! En réalité, si Xcel Energy a effectivement réduit la température de 20.000 de ses clients, «en raison d’une rare urgence énergétique qui pourrait toucher le réseau local», ces mêmes clients l’avaient accepté au préalable en s’engageant dans un programme de réduction des dépenses énergétiques. Au menu: accepter une potentielle réduction de la température contre un chèque pouvant aller jusqu’à 100 dollars à l’arrivée dans le programme, plus 25 dollars par an.

Le déploiement des Smarty au Luxembourg permet-il, comme un fantasme le raconte et qui nourrit régulièrement les discussions, de jouer sur le chauffage des ménages luxembourgeois? Non, répond sans détour Creos, qui a installé à ce jour 289.000 compteurs intelligents pour l’électricité et 47.000 compteurs intelligents pour le gaz, soit plus de 98% des compteurs qui devaient être installés.

Deux relais déclenchables à distance

Les compteurs d’électricité, les Smarty, sont équipés de deux relais sur lesquels sont branchés, avec l’accord préalable du client, des appareils «lourds» en termes de consommation énergétique, comme la borne de recharge d’une voiture électrique, des chauffe-eau ou des chauffages à accumulation. Deux équipent déjà les Smarty, mais trois autres sont pré-aménagés en cas de besoins futurs.

Ces deux relais sont enclenchés et déclenchés pendant les heures creuses, de 22 heures à 6 heures du matin. Si la demande d’électricité dépasse de loin les capacités du fournisseur d’électricité, il peut provisoirement «disjoncter» ces deux relais.

«Si votre voiture doit être chargée pendant la nuit, il y a largement le temps de le faire, même en cas de nécessité de disjoncter provisoirement le relais», indique Creos. Le leader du marché ajoute même qu’à part les pannes – habituellement plutôt brèves –, il y a très peu de coupures de la fourniture d’électricité. «Ça peut arriver lorsque vous emménagez, si vous n’avez pas effectué de démarches auprès d’un fournisseur d’électricité. La fourniture est réduite jusqu’à ce que vous alliez faire le nécessaire.»

Les ménages en difficulté en augmentation

Quid des ménages qui ne parviendraient plus à régler leurs factures, du fait de la hausse des prix? En 2020, 3,6% de la population du Luxembourg se trouvait dans l’incapacité d’avoir une température adéquate dans son logement, selon la Chambre des salariés, ce qui a donné lieu entre 2016 et 2020 à 875 coupures d’électricité par an pour impayés (pour le gaz, ce chiffre est de 1.055).

La loi prévoit un rappel, 15 jours après une facture non payée, puis l’information que le fournisseur va couper le courant, lequel transmet aussi une alerte aux services sociaux de la commune où réside le ménage concerné. S’il est pris en charge, le fournisseur ne peut plus couper le courant, mais installer un compteur à prépaiement jusqu’au paiement de la dette.

Des cas très codifiés et encadrés. Loin de Big Brother.