Dans la tourmente, Credit Suisse pourrait supprimer jusqu’à 10.000 emplois. (Photo: Shutterstock)

Dans la tourmente, Credit Suisse pourrait supprimer jusqu’à 10.000 emplois. (Photo: Shutterstock)

La banque Credit Suisse, qui accumule ces dernières années les déboires économiques et judiciaires, serait au bord du démantèlement, selon plusieurs médias internationaux. Qui évoquent aussi une possible tentative d’augmentation de capital, ou même une faillite.

La semaine commence mal pour une des plus grandes et emblématiques banques helvétiques. Son cours est actuellement au plus bas, aux alentours de 3,66 francs suisses par action – soit une chute de 55% par rapport au début de l’année et de 12% sur le week-end –, tandis que les spreads des swaps de défaut de crédit (CDS) sont au plus haut, à 247 points de base (+15%). Un niveau que la banque n’avait plus connu depuis 2009 et la grande crise financière des surprimes.

De quoi donner crédit aux multiples rumeurs qui évoquent, pêle-mêle, une tentative d’augmentation de capital, un démembrement ou une faillite.


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Selon la chaîne américaine Fox Business, l’actuel CEO, Ulrich Körner, aurait ces derniers jours rencontré de grands investisseurs institutionnels inquiets de la fragilité de la situation financière de la société et leur aurait assuré que la banque disposait d’un capital et de liquidités solides. Le CEO aurait également adressé vendredi un mémo aux membres du personnel afin de les rassurer sur «les nombreuses déclarations inexactes sur les faits qui sont faites» et de les inciter à ne pas confondre «la performance quotidienne du cours de l’action avec la solide base de capital et la position de liquidité de la banque», pouvait-on lire dans le mémo.

Le Financial Times fait état de son côté de discussions entre les équipes de la banque et les principaux clients et contreparties au cours du week-end afin de les rassurer.

Une revue stratégique des activités pour ce 27 octobre

La banque n’a pas encore communiqué ouvertement sur sa situation. Si la banque doit présenter ce 27 octobre aux investisseurs sa revue stratégique, Ulrich Körner devrait parler publiquement ce lundi 3 octobre à une heure qui n’est pas encore connue.

En attendant, les pistes de la revue stratégique ont commencé à fuiter. Si la banque et la plateforme de gestion patrimoniale seraient épargnées, la banque d’investissement, qualifiée de «désastre» par certains investisseurs pourrait être scindée en trois entités: l’activité de conseil, qu’elle pourrait céder ultérieurement, une «bad bank» pour les actifs à haut risque qui seront liquidés, et le reste de l’activité. Bloomberg évoquait également un scénario de renaissance de la marque First Boston, du nom de la banque d’investissement américaine que le groupe suisse avait achetée dans les années 1990, pour y loger ses activités américaines. Des suppressions d’effectifs sont également annoncées. Entre 3.500 et 10.000 postes seraient concernés.

Ce qui est certain, c’est que, ce lundi, Credit Suisse est valorisée à 10,6 milliards de francs suisse, ce qui fait d’elle une vraie cible dans un paysage bancaire toujours en recherche de consolidation.

Contactée par Paperjam, la banque n’avait fait aucun commentaire avant la publication de l’article.

Au Luxembourg, fin 2021, Credit Suisse employait 364 personnes et gérait 8,731 milliards d’actifs. La filiale luxembourgeoise avait cette année-là généré un profit de 50,59 millions d’euros (+37,40% par rapport à 2020).