Les entreprises jonglent avec les absences liées au Covid plus qu’au CovidCheck, pour le moment. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne/archives)

Les entreprises jonglent avec les absences liées au Covid plus qu’au CovidCheck, pour le moment. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne/archives)

Les cas de Covid-19 et les quarantaines créent plus de difficultés dans les entreprises que la mise en application du CovidCheck, selon les premiers témoignages recueillis auprès des entreprises, au lendemain de l’entrée en vigueur de ce régime 3G au travail.

, ressent-on déjà l’absence de certains salariés ni vaccinés ni guéris dans les entreprises? «Il est trop tôt pour le dire», selon le ministère de la Sécurité sociale contacté par Paperjam. «Les employés ont trois jours pour remettre leur certificat d’incapacité de travail», il faudra donc attendre la fin de semaine pour les premières conclusions . Pour la prise de congés sans solde, les entreprises doivent faire leurs de manière mensuelle, il est donc là aussi difficile de disposer déjà des statistiques.

Sur le terrain, «il y a plus d’absentéisme parce qu’il y a plus de gens positifs au Covid, mais pas forcément suite à l’instauration du protocole 3G», constate , directeur de la Chambre des métiers, d’après les appels reçus de ses membres sur la hotline dédiée au Covid. 

Mécontentement général

Par rapport au protocole CovidCheck, «les entreprises se sont organisées en fonction de leurs salariés. Certaines, pour éviter que des gens ne viennent pas travailler, offrent les tests ou participent aux frais», raconte-t-il. Il note en tout cas un mécontentement général des entreprises qui doivent contrôler leurs salariés, car «c’est du travail supplémentaire».

D’autant que «tous les salariés qui le peuvent ne s’inscrivent pas toujours sur les listes des vaccinés, je ne comprends pas pourquoi». Une difficulté de plus, surtout pour les entreprises travaillant de façon «décentralisée». Comme celles de la construction où les salariés ne passent pas au bureau avant de se rendre sur les chantiers. Ce sont alors aux chefs d’équipe de vérifier les QR codes des ouvriers.

Tom Wirion a également échangé avec des patrons «qui ont des doutes par rapport à des certificats médicaux parce que les salariés, en amont, avaient laissé entendre qu’ils n’accepteraient pas le 3G». 

Bilan mitigé dans la construction

Plusieurs entreprises confirment que le Covid pose bel et bien plus de problèmes que le CovidCheck.

«Je suis moi-même en télétravail parce que je suis positif», témoigne le directeur des ressources humaines de l’entreprise de construction Poeckes, Jacques Cordeiro. «Actuellement, nous avons 30 personnes malades, dont 18 atteintes du Covid», sur un total de 225 salariés. «D’habitude, nous tournons autour de 18 absences.» Conséquence, «nous avons été obligés d’arrêter un chantier où il n’y avait presque plus personne de valide. D’autres chantiers sont retardés», regrette-t-il.

Et ce, alors que seulement «quatre ou cinq» salariés ne sont pas vaccinés, selon lui. Parmi eux, seulement un s’est mis en arrêt maladie depuis l’entrée en vigueur du CovidCheck lundi. 

«Pour l’instant, ce n’est pas joli», corrobore le patron de D3SA, Eric Watlet. «Nous avons pas mal d’absences» entre les congés habituels, ceux pour maladie et ceux liés au Covid, même s’ils correspondent à «moins de 10%». La plus grande difficulté pour l’entreprise de construction aux 60 salariés vient du manque de main-d’œuvre et des congés parentaux: «C’est ingérable». Le CovidCheck, pour sa part, n’a pas créé de perturbations supplémentaires. 

«Nous n’avons pas plus d’absents que d’habitude», fait valoir de son côté Julien Bossu, directeur des ressources humaines chez CDCL. «Sur 404 salariés, nous en avons identifié 23» soit non vaccinés, soit qui ne se sont pas inscrits sur les listes pour éviter le contrôle quotidien. «Nous les avons contrôlés, certains ont donné leur certificat médical depuis. Nous ne notons pas d’absentéisme» à ce niveau. Chez Félix Giorgetti non plus, «rien d’alarmant», affirme le gérant «Le secteur de la construction n’est pas plus touché que d’autres», ajoute secrétaire général du Groupement des entrepreneurs du bâtiment et des travaux publics.

Situation similaire dans tous les secteurs

Dans l’industrie, «il est trop tôt pour faire le point» sur l’impact du CovidCheck, selon , présidente de la Fedil. «On sait qu’il y a de l’absentéisme dans les entreprises avec Omicron. Cela reste une préoccupation pour tout le monde, on jongle avec l’incertitude.»

Le CEO de Luxair, , qui , se réjouit de ne «pas avoir eu d’absents supplémentaires avec le protocole 3G». Moins de 1% se sont mis en congés sans solde. Il s’inquiétait surtout du cargocenter, où seulement 60 à 65% des employés se sont inscrits sur les listes de vaccinés ou guéris. «Cargolux nous a aidés, et je les remercie chaleureusement, en mettant à disposition des tests gratuits pour les salariés de Luxair au cargo. Nous n’aurions pas pu payer, sinon.» Avec la vague Covid, le taux d’absentéisme tourne autour de 13%. «Il faudrait que les gens puissent sortir d’isolement au bout de six jours sans devoir donner un test négatif», plaide-t-il.

Du côté du secteur du commerce, «les premiers retours de nos membres étaient plutôt positifs», selon directeur de la CLC. Même s’ils trouvent «lourde» l’organisation autour du CovidCheck. En revanche, «on le remarque partout, les absences sont en lien avec le Covid ou des quarantaines.» 

Enfin, le CovidCheck ne représente rien de nouveau pour l’horeca, ses salariés étaient déjà sous régime 3G depuis longtemps. «Au niveau du personnel, c’est la même chose que partout. Vous avez des entreprises de 30 salariés où tout le monde est vacciné, d’autres de six salariés où quatre ne le sont pas», résume , CEO de la fédération Horesca.