Les mesures décidées voici un mois ont été prolongées, et parfois leurs dispositions précisées. (Photo: Jan Hanrion/Maison Moderne/Archives)

Les mesures décidées voici un mois ont été prolongées, et parfois leurs dispositions précisées. (Photo: Jan Hanrion/Maison Moderne/Archives)

À la Chambre, les partis de l’opposition – s’ils ne prônent pas une fermeture des commerces – pointent un manque de cohérence et s’interrogent quant aux règles en vigueur pour lutter contre la propagation du Covid-19, dont la prolongation jusqu’au 15 janvier a été votée ce mardi.

Seules les voix de la majorité se sont donc exprimées en faveur de leur renouvellement, annoncé le 9 décembre dernier par le Premier ministre,  (DP).

 pointait du doigt les commerces et le shopping comme facteurs déterminants pour expliquer la stabilisation – à de hauts niveaux – des chiffres de la pandémie,  – à la différence de ce qui est parfois de mise dans les pays proches, dont l’Allemagne et les Pays-Bas – Mais plusieurs restrictions sont complétées ou certaines mesures précisées.

La consommation de boissons et de nourriture sera ainsi interdite dans les grandes surfaces et autres galeries, et la limitation du nombre de personnes à l’intérieur des structures commerciales de plus de 400m² ne devra pas dépasser une personne pour 10m².

Par ailleurs, un protocole sanitaire visant à éviter les concentrations de population, alors que la période des fêtes y est particulièrement propice, sera mis en place. La gestion des flux de clients devra être validée par la Direction de la santé.

Alors que les chiffres restent élevés en matière de contaminations au Luxembourg, certaines voix s’élevaient pour demander une fermeture pure et simple des magasins. Sans aller jusque-là, les députés des partis de l’opposition s’interrogent maintenant sur la suite.

Deux motions déposées

«Les règles ne sont pas assez strictes. Nous sommes dans une situation où tout ferme en Allemagne, les gens vont venir chez nous. Il faut que nous soyons moins attractifs», estime la chef de la fraction CSV, , sceptique à sa sortie de la Chambre. «Nous n’en sommes pas encore au moment de décider d’un lockdown complet, mais ça viendra peut-être», met-elle en garde, avant de souligner que des demandes de mesures plus strictes sont formulées depuis «plusieurs semaines» par son parti.

Ce mardi, deux motions ont d’ailleurs été déposées par le député CSV , l’une réclamant la «présentation d’une stratégie politique globale couvrant les volets sanitaire, social, économique et politique de la pandémie de Covid-19», et l’autre demandant «l’annulation des ouvertures dominicales des commerces jusqu’au 30 janvier 2021».

La majorité (se) rassure

Du côté de la majorité, on temporise, tout en nuances. «La fermeture des magasins n’est pas prévue. Les chiffres nous montrent que le taux d’infections est en baisse. Et du moment qu’il est en baisse, il n’y a pas de raison de tout fermer», explique le chef de file du groupe LSAP à la Chambre, , qui se laisse une porte de sortie, en précisant: «Si ça change, nous verrons, et peut-être que nous fermerons.»

Avis partagé par le chef de groupe DP à la Chambre, , qui insiste sur la nécessité d’une compréhension globale des tenants et aboutissants qu’impliquerait une fermeture. «Je ne vois aucune raison de devoir fermer les magasins. Les chiffres se stabilisent, certes à un haut niveau, mais nous voyons qu’une toute petite descente s’amorce. Il faut savoir que la fermeture des magasins entraînerait de lourdes conséquences aussi, des faillites, du chômage. Toutes les structures ont intégré leur concept sanitaire, le port du masque est obligatoire, le nombre de personnes est limité», développe M. Baum.

Prônant, pour sa part, de longue date une fermeture des magasins le week-end, le parti Déi Gréng s’est néanmoins dit satisfait des mesures plus strictes, tout en admettant qu’une réflexion plus profonde devra peut-être être menée par la suite. «Sur du long terme, il faudra un plan plus structuré. Quand le nombre ne baisse pas, il faut reconsidérer la forme soft du lockdown, notamment par rapport aux grandes surfaces. Si les tendances se confirment, le gouvernement devra réfléchir», souligne (Déi Gréng), qui s’interroge également: «Il faut se demander: quels droits reste-il aux gens? En tant que société, on est de plus en plus confronté à des restrictions. Il faut regarder ce à quoi les gens ont accès. Et je pense que notre société vit plus avec un accès à la culture qu’avec le shopping.»

Une stratégie plus claire

Plus que sur le sujet de la fermeture totale des magasins, que ne recommande donc aucun parti directement, c’est sur la cohérence et l’absence de stratégie claire que l’opposition se montre la plus critique. «Je ne comprends pas que l’on ne soit pas capable de repérer les foyers d’infection et de prendre des mesures», lâche le député (Déi Lénk), pour qui l’accent doit être mis sur les mesures de sécurité dans les grandes surfaces, qui représentent des lieux de brassage important.

«Dans ce pays, le problème est que le gouvernement marche sur deux bandes. Soit on mène une politique avec des consignes et des gens qui agissent selon leur conscience, soit on applique un contrôle plus fort. Le dernier confinement avait porté ses fruits, les infections avaient baissé fortement. L’entre-deux ne semble pas fonctionner», juge-t-il.

Pour l’ADR, hors de question d’imaginer une fermeture des magasins. Au contraire, le parti conservateur aimerait aller plus loin et permettre une réouverture des secteurs touchés de plein fouet par la crise sanitaire. «Nous ne croyons pas qu’il faille fermer. Nous sommes déjà opposés à ce qui est en place. Nous sommes contre le couvre-feu et nous sommes contre la fermeture de l’horeca, du sport et de la culture. Comme pour les magasins, nous pensons qu’il est possible de maintenir une sécurité avec les gestes barrières, les consignes d’hygiène, la distance. Nous aimerions aller plus loin», affirme le président de la fraction ADR, .

Trop tard, pas assez abouti et mal conçu, le texte ne trouve pas grâce aux yeux de (Piratepartei), qui résume et conclut froidement: «Il y a toujours un manque de cohérence. Vous êtes dans un bus à 30 ou 50 pour aller travailler, vous avez besoin de vos grands-parents pour garder les enfants et, après, on limite les visites dans le cercle privé? De la même manière, c’est important qu’il y ait des règles claires et précises dans les grandes surfaces. Règles qu’il faudra certainement renforcer par la suite. C’est trop tard pour légiférer. On aurait pu prévoir et agir en amont. Les chiffres sont graves, on ne doit pas discuter de plus d’ouvertures, mais plutôt générer plus de compréhension autour des annonces de mesures.»