Si le passeport vaccinal semble inéluctable, son contour reste flou. (Photo: Shutterstock)

Si le passeport vaccinal semble inéluctable, son contour reste flou. (Photo: Shutterstock)

Rejetée lors du Conseil européen du 21 janvier, l’idée d’un passeport Covid – pudiquement baptisé «certificat vaccinal» ou encore «pass sanitaire» – a gagné du terrain lors de la réunion des 25 et 26 février. Mais beaucoup d’inconnues demeurent.

Le «certificat» prouvant qu’une personne a été vaccinée contre le Covid-19 bénéficie désormais «d’un large soutien», comme s’en est réjoui le chancelier autrichien, Sebastian Kurz. Mieux: il ne fait désormais guère de doute qu’à terme, il faille l’exhiber pour voyager entre pays européens et pour accéder aux services basés sur l’interaction sociale, comme les voyages ou la restauration.

Ce sont les États «touristiques» de l’UE – Grèce, Chypre, Espagne, Portugal et Autriche principalement – qui ont mis la pression afin de sauver la saison qui s’annonce. Paris et Berlin sont de leur côté plus réticents sur un sujet qui touche aux libertés publiques et estiment que ce n’est pas la solution miracle.

Pas de certificat avant trois mois

Afin d’éviter le risque, si aucun accord n’était trouvé, de voir chaque pays élaborer ses propres règles, les 27 se sont mis d’accord au moins sur la nécessité de se coordonner pour proposer un certificat commun et sécurisé.

Un round de concertation débute donc. Et les sujets épineux sont nombreux. Premièrement, il y a l’aspect technique. Quelle forme prendra ce certificat? Il sera probablement numérique et s’appuiera soit sur les solutions nationales existantes – par exemple «TousAntiCovid» en France –, soit sur des solutions émanant de prestataires tiers, au premier rang desquels Apple et Google. La Commission estime qu’il faudra au moins trois mois pour que les 27 pays rendent leurs systèmes interopérables pour un certificat européen.

Vient ensuite la question de savoir ce qu’on y trouverait. Vaccination, tests négatifs… Tout reste encore ouvert, et ce d’autant plus que la campagne de vaccination européenne reste à ses débuts. Seuls 5% des Européens sont à ce jour vaccinés. Et peu sont en mesure de voyager…

Fiabilité controversée

Et reste surtout à définir l’usage d’un tel certificat. Paris et Berlin refusent de voir les voyages conditionnés à une vaccination. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) abonde dans ce sens en estimant qu’un tel certificat n’est pas un prérequis fiable pour voyager compte tenu des inconnues relatives à l’efficacité du vaccin pour réduire la transmission du virus. Mais l’OMS y voit un bon outil de suivi des campagnes de vaccination.

(DP), Premier ministre luxembourgeois, ne veut pas parler de passeport, car cela sonne comme «une interdiction d’entrée». Il préfère parler de «certificat vert» et y voit une alternative au test PCR obligatoire pour les voyages.