Fernand Etgen a présenté un bilan marqué par l’état de crise, entouré par Gilles Baum (DP), Laurent Scheeck, secrétaire général de la Chambre, Josée Lorsché (Déi Gréng), Georges Engel (LSAP) et Martine Hansen (CSV). (Photo: Chambre des députés)

Fernand Etgen a présenté un bilan marqué par l’état de crise, entouré par Gilles Baum (DP), Laurent Scheeck, secrétaire général de la Chambre, Josée Lorsché (Déi Gréng), Georges Engel (LSAP) et Martine Hansen (CSV). (Photo: Chambre des députés)

La Chambre des députés achève, ce mardi, une session parlementaire 2019-2020 «anormale», entre réorganisation forcée et inflation des dossiers parlementaires.

Le traditionnel bilan de la session parlementaire est quelque peu sorti de l’ordinaire, puisque, comme pour tant d’autres institutions et sociétés, l’épidémie de Covid-19 a rendu la session qui s’achève «anormale», a souligné, lundi, le président de la Chambre, (DP). «La Chambre a été capable de continuer à fonctionner et a réagi rapidement» en se trouvant un «nouveau chez-soi» au sein du Cercle Cité, aimablement mis à disposition par la Ville de Luxembourg «pour la troisième fois depuis 1860». «Nous avons pu créer les conditions optimales» pour tenir les séances publiques et assurer leur publicité. «Dans des moments de crise ou d’incertitude, il est important d’avoir une institution stable qui continue de fonctionner», assure-t-il. «Le Covid-19 a rendu la Chambre plus forte, et chacun de ses membres est à tout moment conscient de sa propre responsabilité.»

Les statistiques montrent en tout cas que la Chambre n’a pas chômé. Elle a tenu 60 séances plénières (une de plus qu’en 2017-18, et près de deux fois plus qu’en 2018-19, élections législatives obligent), 43 réunions du bureau, 55 réunions de la conférence des présidents (réunissant le président de la Chambre et les chefs de fraction, concernant l’ordre du jour, notamment) et 687 réunions de commissions parlementaires et groupes de travail.

60 projets de loi évacués durant l’état de crise

Avec 21 réunions du bureau et autant de réunions de la conférence des présidents durant l’état de crise, sans compter l’entrevue hebdomadaire avec le gouvernement, «cela montre que la Chambre a accompli son devoir politique et législatif pendant la crise».

147 projets de loi ont été évacués durant la session – 60 pendant l’état de crise. Une session par ailleurs marquée par une plus forte activité d’initiative des députés, avec 18 propositions de loi (4 en 2017-18), 1.650 questions parlementaires (plus du double que deux ans auparavant), 44 motions et 12 résolutions, «un record». 190 questions urgentes ont été posées au gouvernement, dont 80 durant l’état de crise. 113 ont vu leur caractère urgent reconnu. «Cela montre que le contrôle du gouvernement par la Chambre fonctionne aussi en période d’état d’urgence», insiste M. Etgen.

Institution ouverte sur la société, la Chambre a également organisé six débats publics faisant suite à des pétitions. Plus de 1.300 personnes l’ont visitée entre octobre 2019 et mars 2020 – alors que 25 visites prévues à partir de mars ont dû être annulées. Le président a reçu, de son côté, 31 dignitaires ou commissions parlementaires de l’étranger, dont la cheffe de file des démocrates au Congrès américain, Nancy Pelosi.

La Chambre face aux thèmes de société

«[Mardi] commence une nouvelle session, durant laquelle la Chambre s’occupera de manière intensive des répercussions de l’épidémie de Covid-19 sur l’économie, les finances, la santé et la société», poursuit M. Etgen. Outre le discours sur l’état de la Nation et le budget 2021, présentés cette semaine, plusieurs interpellations sont prévues sur la santé et les conséquences du Covid-19 sur le système de santé, la modernisation de la fiscalité, le financement des grandes infrastructures, le plan de développement culturel, ou encore le suicide et la politique d’intégration au Luxembourg. Autant de thèmes de société qu’il revient à la Chambre d’«analyser de manière intensive».

Des modifications pourraient toutefois intervenir sur l’organisation des débats, plusieurs députés déplorant de ne pas pouvoir répondre directement aux propos d’autres députés lors d’un débat. «Je ne me souviens pas d’avoir jamais interdit à un député d’intervenir», rétorque M. Etgen, tandis que , cheffe de fraction Déi Gréng, explique que des discussions sont effectivement en cours pour «adapter» le règlement intérieur de la Chambre à ce sujet. «Il faut un consensus pour parvenir à une solution permettant à chacun de s’exprimer» tout en évitant l’engorgement de questions urgentes, par exemple.

Cette session s’ouvre avec une innovation: si une interprétation en français du discours sur l’état de la Nation était traditionnellement offerte aux ambassadeurs étrangers invités à le suivre, elle sera cette année disponible sur Youtube, à l’instar des conférences de presse de l’ère Covid-19. «Plusieurs députés ont émis la demande de voir toutes les séances publiques retransmises en français également», ajoute Laurent Scheeck, secrétaire général de la Chambre. Les lignes commencent à bouger rue du Marché-aux-Herbes, d’autant que l’institution annonce un futur site internet dans quatre langues (luxembourgeois, français, allemand et anglais). Délai: plutôt deux ans, déplore M. Scheeck, sachant que c’est toute l’infrastructure IT de la Chambre qui doit être retravaillée.