En 2020, l’épargne des ménages au Luxembourg a été multipliée par 2. De force, et au détriment de la consommation. (Photo: Shutterstock)

En 2020, l’épargne des ménages au Luxembourg a été multipliée par 2. De force, et au détriment de la consommation. (Photo: Shutterstock)

Le Statec constate une hausse spectaculaire de l’épargne en 2020. Une épargne forcée, par opposition à la traditionnelle épargne de précaution qui se forme durant les crises. Tout l’enjeu est de savoir si cette épargne permettra un rebond de la consommation en 2021, ou si elle se transformera en épargne de précaution.

La source principale du rebond de l’épargne est la baisse de la consommation des ménages en 2020, que l’office statistique luxembourgeois estime entre -6% et -8% dans le dernier numéro de sa revue «Regards». Une baisse qui n’aura épargné qu’un seul secteur de l’économie: les dépenses d’alimentation dans le commerce de détail, qui ont profité des fermetures temporaires des restaurants et des cantines, et qui enregistrent une progression somme toute modeste de 3%. Tous les autres postes de dépenses ont reculé. Certains moins que d’autres, cependant. Sans surprise, ce sont les services nécessitant de l’interaction sociale physique qui ont le plus souffert: horeca, services culturels et sportifs, transport et voyages. Pour eux, le Statec ne voit aucun rebond possible tant que la crise sanitaire ne sera pas finie.

Certaines dépenses n’ont été que peu impactées par le confinement. C’est le cas notamment du logement, de la communication et des services financiers et d’assurances. La consommation de biens durables, comme les meubles, l’électroménager, le matériel audio/vidéo et les voitures, a en revanche bénéficié d’un effet de rattrapage au troisième trimestre, qui a limité les dégâts.

Question de confiance

Le taux d’épargne a donc grimpé au Luxembourg à 26%. Quasiment un doublement, le pays suivant en cela la tendance au niveau de l’Union européenne.

De quoi financer un rebond de croissance? Cela ne sera pas automatique. D’abord parce que la consommation des ménages résidents constitue ces dernières années en moyenne 30% du PIB. Un taux faible, si on le compare à la moyenne des pays de l’UE et des pays voisins, qui tourne autour de 50%. La seule consommation des ménages ne pourra pas faire tout l’effort. Ensuite, parce qu’une grande partie de cette épargne accumulée serait concentrée dans les ménages à hauts revenus. «Comme ceux-ci affichent une propension marginale à consommer inférieure à celle des ménages à faibles revenus, leur épargne forcée a de moindres chances d’être rapidement réaffectée à la consommation», analyse le Statec.

Pour qui le rebond viendra de la demande de biens durables. Des dépenses procycliques, et qui dépendent donc du retour ou non de la confiance. Si celle-ci est au rendez-vous, le Statec table sur une remontée de la consommation de 8% pour 2021. Elle dépasserait ainsi son niveau de 2019 d’environ 1,5%. En l’absence de confiance, le Statec parie sur une remontée plus limitée de la consommation, à +6,7%. Selon ce scénario, la consommation ne retrouverait pas encore en 2021 son niveau de 2019 (-1,5%).