C’est un peu le film-événement de cette rentrée à l’échelle de l’industrie cinématographique luxembourgeoise. Coproduit au Luxembourg par (pour Samsa Film), «Corsage», de la réalisatrice autrichienne Marie Kreutzer, sort ce mercredi sur les écrans luxembourgeois (uniquement en version allemande sous-titrée en anglais). Après l’Allemagne et l’Autriche (début juillet), mais bien avant la Belgique (21 décembre) et la France (25 janvier 2023).
Si on peut parler d’événement, c’est parce que Vicky Krieps y tient le premier rôle et que la rumeur, comme la critique d’ailleurs, qui entoure ce film depuis sa projection en mai dernier au Festival de Cannes est élogieuse.
Une Sissi désenchantée
Tout le monde souligne l’interprétation de l’actrice luxembourgeoise. À l’image des prix remportés mais aussi dernièrement . Il faut dire que la petite-fille de Robert Krieps, l’ancien président du LSAP, est époustouflante dans la peau d’une impératrice Élisabeth d’Autriche désenchantée. Avec Marie Kreutzer, elles réussissent à s’approprier le mythe de Sissi pour en faire un anti-conte de fées féministe et punk. Oubliez les bluettes de la fin des années 1950 qui ont révélé Romy Schneider. Oubliez ainsi les décors grandioses en carton-pâte éclairés comme dans une publicité pour des céréales ou encore le couple fusionnel formé par une Sissi épanouie avec son empereur d’époux.
Ici, le cadre est austère, les murs décrépis et certains carrelages sont explosés. À l’image de la vie d’une Sissi qui étouffe un peu plus chaque minute dans une cage dorée empreinte de sexisme, enfermée dans un corset vestimentaire, mais aussi sociétal, de plus en plus serré.
Vous l’aurez compris, avec «Corsage», on est loin de la majorité des productions actuelles, celles qui pullulent sur les plateformes, où on prend le spectateur par la main pendant tout le film, surlignant les éléments importants pour ne pas risquer de le perdre. Ici, on est dans un film d’auteur, tout en subtilité et en non-dits. Le genre de production qui peut séduire nombre de cinéphiles.
Citée par les médias américains
Cela a d’ailleurs été le cas dans les festivals où «Corsage» a été présenté ces derniers mois. Ce devrait encore l’être dans les prochaines semaines, à New York (30 septembre-16 octobre) ou à . Considéré comme un tremplin vers les Oscars pour les productions américaines, le festival canadien pourrait aussi s’avérer crucial pour le film de Marie Kreutzer. En vue notamment d’une sélection aux Oscars, dans la catégorie du meilleur film étranger. Le film, qui sortira aux États-Unis le 23 décembre, fait en tout cas partie des noms cités par les médias américains qui réalisent pratiquement à l’année des pronostics sur la prestigieuse cérémonie.
Lire aussi
Mais à ce niveau-là, la surprise pourrait peut-être plutôt venir de Vicky Krieps. Depuis le dernier Festival de Cannes, on savait que la presse US présente en France . Quatre mois plus tard, le soufflé n’est pas retombé. Ainsi, le célèbre magazine Variety la place dans la course à la nomination pour la meilleure actrice. Au milieu des Cate Blanchett, Julia Roberts, Helen Mirren, Jennifer Lawrence, Anne Hathaway, etc. Tandis que le média plus indépendant IndieWire la place même parmi ses cinq favorites.
L’annonce des nominations est évidemment toujours très loin (24 janvier 2023), la cérémonie un peu plus encore (12 mars 2023). Mais se retrouver dans une telle position veut déjà dire quelque chose. «Corsage» est tout simplement le meilleur rôle de Vicky Krieps depuis «Phantom Thread» (2017), le film de Paul Thomas Anderson qui l’avait révélée à l’international.