Les eurodéputés luxembourgeois Isabel Wiseler-Lima, Christophe Hansen, Tilly Metz, Charles Goerens, Monica Semedo et Marc Angel réagissent aux soupçons de corruption au Parlement européen. (Photos: Matic Zorman, Guy Wolff, Nader Ghavami/Maison Moderne/Archives, LSAP. Montage: Maison Moderne)

Les eurodéputés luxembourgeois Isabel Wiseler-Lima, Christophe Hansen, Tilly Metz, Charles Goerens, Monica Semedo et Marc Angel réagissent aux soupçons de corruption au Parlement européen. (Photos: Matic Zorman, Guy Wolff, Nader Ghavami/Maison Moderne/Archives, LSAP. Montage: Maison Moderne)

Après les annonces de soupçons de corruption au sein du Parlement européen, la majorité des eurodéputés luxembourgeois se disent tristes, en colère et choqués.Toutefois, les avis divergent sur la nécessité de durcir les règles de transparence au sein de l’institution.

«Un choc et une mauvaise publicité pour le Parlement européen», commente l’eurodéputé luxembourgeois, (CSV). «Il faut investiguer jusqu’au bout pour trouver toutes les personnes éventuellement impliquées.»

L’Union européenne (UE) dispose déjà d’un , sur lequel les lobbyistes doivent s’inscrire avant de rencontrer des députés. «Il faut se demander si le système est assez exigeant», admet Christophe Hansen. Se pose par exemple la question de rencontres fortuites, en dehors du Parlement. Même si enregistrer chaque discussion demanderait un «travail administratif supplémentaire. C’est la discussion».

J’ai passé un mauvais moment en pensant à l’image du Parlement.
Isabel Wiseler-Lima

Isabel Wiseler-Limaeurodéputée

Il voit tout de même dans cette affaire la démonstration que «ces magouilles ne passent pas. Ce sera un exemple pour quiconque voudrait céder à des tentatives de corruption».

Du choc à la colère

Pour (DP) aussi, «c’est un choc!» «Le Parlement fait tout pour prévenir la corruption, et un de ses membres n’a pas su ne pas céder à la tentation. Je suis déçu.» Il n’est cependant pas en faveur du «réflexe d’une nouvelle loi à chaque problème».

«J’ai passé un mauvais moment en pensant à l’image du Parlement», complète (CSV). «Je ne sais pas combien de fois dans ma commission des droits de l’homme, j’ai prononcé le mot corruption en disant que c’était inacceptable.» Mais elle ne voit pas non plus comment rendre plus transparente une institution qui est déjà «un bâtiment de verre» selon elle. «Tout ce qui est dit est enregistré, public. À partir du moment où, de manière cachée et illégale, les gens transgressent des règles, ils transgressent des règles.» Elle souhaite que la justice «poursuive son cours. Il ne faut pas qu’il subsiste de doutes à la fin».

Les Verts veulent un registre plus strict

(LSAP) se dit «triste et fâché. La corruption, c’est du poison pour la démocratie». Ceci alors que l’UE pointe du doigt la Hongrie à cause du manque d’efforts pour endiguer ce phénomène. «On va critiquer M. Orban pour quelque chose de systémique, et lui va pouvoir prendre des arguments isolés pour attaquer Bruxelles», admet l’eurodéputé. Il compte sur la commission du Parlement dédiée aux ingérences de pays étrangers pour réfléchir à de nouvelles règles.

J’attends une réaction claire des autres partis.
Tilly Metz

Tilly Metzeurodéputée

«Je suis sidérée, choquée, en colère et triste», résume de son côté (déi Gréng). Son parti des Verts au Parlement se positionne en faveur d’une réglementation plus stricte. «Ceux qui entrent au Parlement doivent s’inscrire au registre. Mais ce qui est laissé à la libre appréciation des partis, ce sont les rendez-vous que les députés ont en dehors. Chez les Verts, il est obligatoire de les inscrire. J’attends une réaction claire des autres partis.»

«Je crois en l’innocence tant que le contraire n’est pas prouvé», répond quant à elle  (indépendante).

A priori aucun eurodéputé luxembourgeois contacté

Les six eurodéputés affirment n’avoir jamais été contactés par le Qatar.

Certains portent un nouveau regard sur des événements. «Mme Kaïlí a eu un discours très positif sur le Qatar alors que ce n’était pas la position de son groupe (socialiste, ndlr)», relate Christophe Hansen. «Ses prises de position m’ont choqué il y a trois semaines, quand elle a tenté de nous convaincre de ne pas voter une proposition contre le Qatar», ajoute Marc Angel. Tilly Metz avait aussi été «étonnée de la position de certaines personnes qui voulaient rendre ce texte moins dur.» Même si «beaucoup sont en mode campagne à environ an et demi des prochaines élections et sont plus fermes», relativise Monica Semedo.

Le Parlement européen devrait voter d’ici la fin de la semaine la démission ou non d’Eva Kaïlí comme vice-présidente de l’institution. Elle a déjà été démise de ses tâches qui y sont liées par la présidente, Roberta Metsola.