, le mot luxembourgeois de l’année a été choisi: il s’agit de «Corona». Alexandre Ecker, lexicographe au Centre pour la langue luxembourgeoise, à l’origine du projet, nous explique les résultats en trois questions.
Comment définiriez-vous le mot de l’année, «Corona»?
Alexandre Ecker. – «Le mot ‘Corona’, prononcé à la luxembourgeoise, en mettant l’accent sur le deuxième ‘o’, c’est en fait la forme courte du mot ‘coronavirus’.
Le mot ‘Korona’, qui s’écrit avec un ‘k’, existe dans le luxembourgeois depuis plus longtemps. Il a deux sens différents. L’un signifie, lors d’une éclipse solaire, le cercle lumineux qui entoure le soleil. Un autre sens, c’est quand quelqu’un arrive avec beaucoup de monde; on va dire qu’il est venu avec toute sa ‘Korona’, c’est-à-dire toute sa famille, tout son entourage.
Avant, le mot ‘Corona’ avec un ‘c’ évoquait aux gens la bière mexicaine.
Quels sont les autres mots de l’année?
«Le deuxième est un hashtag, le #bleiftdoheem, qui signifie ‘reste à la maison’. Il s’est imposé pendant les mois de confinement et revient dès que les mesures imposent que les gens restent plus à la maison. Ce qui montre que le luxembourgeois s’intègre parfaitement dans les réseaux sociaux.
Le troisième existe depuis très longtemps en luxembourgeois, ‘Heibleifskärchen’. La traduction littérale serait ‘le chariot reste ici’. Quand quelqu’un raconte être allé en vacances et qu’on répond en utilisant ce mot, cela signifie qu’on est resté à la maison. Il a retrouvé un peu de vitalité avec les restrictions au niveau des déplacements.
Le quatrième est un ex æquo entre deux mots qui signifient la même chose et montrent bien que le luxembourgeois peut emprunter très facilement à des langues étrangères. On a ‘lockdown’ de l’anglais, et ‘confinement’ du français.
Le cinquième, aussi issu du français, est le pluriel ‘geste-barrièren’ pour ‘gestes barrières’.
Les mots sont déjà dans la nomenclature du dictionnaire luxembourgeois. ‘Lockdown’ et ‘confinement’ ont été ajoutés récemment suite à la création du glossaire Covid-19, et le mot ‘geste-barrièren’ est entré dans le dictionnaire au mois d’avril-mai, lorsqu’on a travaillé sur le glossaire.
Début décembre, vous disiez que, si l’opération était un succès, elle pourrait être renouvelée. Qu’en est-il?
«Je ne peux pas le garantir, mais vu le succès, ce serait dommage de ne pas répéter cette action. 497 mails nous sont parvenus, avec en tout 542 propositions (entre le 8 et le 15 décembre, ndlr), car certains mails contenaient plusieurs mots. En tout, nous avons reçu 185 mots différents. Le choix est représentatif de cette année. Cela dit quelque chose sur l’air du temps. C’est quelque chose qu’on a intérêt à faire sur la durée pour, après, avoir un beau panel de mots représentatifs de l’évolution de la langue et ce qu’elle représente pour le pays à un moment donné.»