Cornelia Roeskau est CEO et administratrice de SI Insurance. (Montage: Maison Moderne)

Cornelia Roeskau est CEO et administratrice de SI Insurance. (Montage: Maison Moderne)

Dans son numéro «Women on board», Paperjam met en lumière plus de 100 profils de femmes prêtes à rejoindre un conseil d’administration. Découvrez divers profils de femmes ainsi que leurs points de vue et leurs idées pour un meilleur équilibre des genres dans les instances de décision. 

CEO et administratrice de SI Insurance, est une experte du domaine de l’assurance et de la compliance. Elle siège aussi à l’Association des compagnies d’assurances depuis mai 2022. Pendant trois ans, jusqu’en 2023, elle était membre du board de Globality SA. 

Quels sont les principaux défis que vous avez rencontrés en tant que femme administratrice?

Cornelia Roeskau. – «Je trouve que dans les boards, les discussions restent très masculines. C’est un challenge continu de passer des messages en trouvant le ‘bon ton’ qui ne froisse pas mais qui soit entendu.  

Comment gérez-vous les éventuelles résistances à votre égard?

«J’essaie de maintenir un contact direct et personnel entre les séances du board afin d’assurer un suivi proche et direct.  

Pensez-vous que l’égalité hommes-femmes progresse au sein des conseils d’administration?

«Oui, bien sûr. Beaucoup d’entreprises font des efforts et remplacent des board members partants par des directrices. Je pense qu’en règle générale, beaucoup d’entreprises recherchent le changement. 

Que pensez-vous des quotas pour les femmes dans les conseils?

«Très difficile. Je ne connais aucune femme qui souhaite se faire nommer directrice parce qu’elle est une femme. Dans ma génération, nous avons tellement l’habitude de penser avoir réussi quelque chose ‘malgré le fait d’être une femme’ que les quotas sont un sujet qui fâche. Et qui fâche hommes et femmes... Je suis plutôt contre, car actuellement je vois un très bon développement dans les entreprises en Europe. Pourquoi en faire une obligation s’il y a enfin un développement naturel. À voir…

En tant que femme administratrice, sentez-vous une responsabilité particulière de défendre les questions de parité et d’inclusion?

«Oui, bien sûr. Je suis convaincue que nous avons culturellement – et parlant d’une manière très générale (permettant des exceptions) – des différences dans nos approches entre femmes et hommes dans le management. Et c’est bien et important pour créer des cultures différentes dans les entreprises. Quand j’étais jeune cadre, je ne connaissais guère des femmes dans le management dans mon entourage. Et pourtant j’ai été avide de role models. Alors logiquement maintenant, c’est un sujet important de me porter parole pour la cause de la diversité.  

Et aussi, quand j’ai commencé à travailler, les situations ‘me too’ existaient partout. Avec des copines de mon âge, on pouvait passer des heures à nous raconter des histoires ‘me too’, vécues personnellement. Avec plus de femmes dans le management, je vois aussi disparaître cette culture sexiste.

Selon vous, comment la diversité influence-t-elle la performance d’un conseil d’administration? 

«La diversité hommes-femmes, comme la diversité entre différentes cultures et nationalités ainsi qu’entre les générations et milieux socio-économiques font la richesse. Si les directeurs ont des vécus  et expériences différents, les entreprises en profitent. 

Que conseilleriez-vous concrètement à une jeune femme qui voudrait prendre sa place dans la société? Que lui déconseilleriez-vous?

«Ne pas trop réfléchir sur les éventualités de l’avenir. On nous dit toujours qu’il faut planifier sa carrière. Mais je trouve qu’il y a un risque de se fermer à des opportunités si on pense trop en avance. On gère les problèmes et les opportunités quand ils se présentent. Entretemps, on se concentre sur son travail et fait la meilleure performance possible.»