Le bâtiment qui abrite les thermes, plus ancienne infrastructure des Pays-Bas, sera détruit l’an prochain avec une idée: réutiliser les matériaux de la manière la plus optimale possible. (Photo: Marcel van Hoorn/Musée des thermes de Heerlen)

Le bâtiment qui abrite les thermes, plus ancienne infrastructure des Pays-Bas, sera détruit l’an prochain avec une idée: réutiliser les matériaux de la manière la plus optimale possible. (Photo: Marcel van Hoorn/Musée des thermes de Heerlen)

Coriovallum, le nom romain des thermes de Heerlen, aux Pays-Bas, abrite un des projets les plus novateurs en Europe: la création d’un jumeau numérique du plus vieux bâtiment du pays pour en extraire les matériaux qui pourraient être recyclés, avec trois partenaires luxembourgeois.

Il y a 2.000 ans, à Heerlen, les femmes se baignaient en premier, le matin, les hommes leur succédaient à midi, et les ouvriers et les esclaves fermaient le ban des visiteurs des thermes de Coriovallum dans l’après-midi. L’eau, amenée des rivières voisines, était propre pour les premières, acceptable pour les seconds, et personne ne se souciait du sort réservé aux troisièmes.

Le plus vieux bâtiment des Pays-Bas, qui les abrite, découvert par hasard par un paysan en 1940 et recouvert de paille et de sable pendant la Seconde Guerre mondiale, sera détruit l’an prochain pour donner naissance à une nouvelle infrastructure, chargée de rappeler que l’endroit était au carrefour de la Via Belgica, qui menait de Boulogne (France) à Cologne (Allemagne), et de la Via Traiana, de Xanten à Trèves.

Cette semaine, y a débuté un des projets les plus innovants en Europe: la création d’un «digital twin» en 3D, qui va permettre de définir les matériaux qui pourraient être réutilisables ou pas. 

Cette semaine a commencé le 3D scanning du bâtiment, à partir duquel va être établie une sorte de cartographie des matériaux qu’il est possible de réutiliser ou pas. (Photo: GTB Lab)

Cette semaine a commencé le 3D scanning du bâtiment, à partir duquel va être établie une sorte de cartographie des matériaux qu’il est possible de réutiliser ou pas. (Photo: GTB Lab)

Sous la direction du Green Transformable Building Lab, 14 partenaires seront associés à cet exercice, dont le Luxembourg Institute of Science and Technology, la start-up BIM-Y et les architectes de Schroeder & Associés. 

Le projet vise à développer un système d’aide à la décision numérique innovant, intégrant divers outils numériques (numérisation 3D, building information modeling, une base de données numériques sur les matériaux et les bâtiments, technologie blockchain), et qui aide à définir la stratégie de déconstruction et de réutilisation la plus durable et la plus économique pour le bâtiment. En reliant le système numérique à des techniques innovantes de modélisation, un cycle est créé entre la conception, la construction et la démolition. Les ressources rares sont ainsi réutilisées et réduiront drastiquement les énormes émissions de CO2 de l’industrie de la construction.

Une fois le projet terminé et le bâtiment détruit, en réutilisant le plus de matériaux possible, l’Union européenne lancera une «Digital Deconstruction Platform» pour aider tous ceux qui ont des bâtiments à détruire à prendre la décision la plus éclairée possible.

Les déchets de construction représentent un tiers des déchets produits en Europe. Près de la moitié sont «recyclés» et utilisés dans le remblai ou dans des usages à faible valeur. Dans les pays du nord-ouest de l’Europe, le recyclage de ces déchets est même inférieur à 3%.