Yves Becker: «J’ai toujours eu un intérêt pour la culture des pays asiatiques et leurs philosophies. J’aimais beaucoup la figure du yogi, sa tranquillité.» (Photo: Andrés Lejona / Maison Moderne)

Yves Becker: «J’ai toujours eu un intérêt pour la culture des pays asiatiques et leurs philosophies. J’aimais beaucoup la figure du yogi, sa tranquillité.» (Photo: Andrés Lejona / Maison Moderne)

Cela faisait plusieurs années qu’Yves Becker souffrait de stress en permanence. Après deux violents blocages de dos, il décide de prendre les choses en main et découvre le yoga et la méditation.

«Depuis mon adolescence, je souffre de stress. Je le subissais en permanence, je me sentais comme traqué.» Ce n’est qu’une fois adulte qu’Yves Becker prend réellement conscience de cet état de fait. «J’ai essayé de diminuer les sources de stress extérieures comme je le pouvais, là où je parvenais à en identifier. Mais cela ne suffisait pas. Plus j’essayais de l’éloigner, moins je devenais résistant… Jusqu’au jour où mon corps m’a fait comprendre qu’il fallait que je change vraiment quelque chose: je me suis retrouvé complètement bloqué du dos, et ce à deux reprises.»

Le déclic

À partir de ce moment-là, Yves Becker comprend qu’il souffre d’un mal psychoso­matique et qu’il doit opérer un changement important dans sa vie pour gérer ce stress autrement. D’autant plus que cela arrive à un moment où, dans sa carrière professionnelle, de nouveaux challenges et responsabilités se présentent à lui et qu’il a très envie de les relever. «Plutôt que d’écarter ce problème, je me suis dit qu’il fallait que j’apprenne à le canaliser, à travailler avec cette énergie pour qu’elle ne devienne pas négative.»

Il s’intéresse alors à la pratique du yoga. «J’ai toujours eu un intérêt pour la culture des pays asiatiques et leurs philosophies. J’aimais beaucoup la figure du yogi, sa tranquillité. La force et le grand calme qu’il communique me fascinent. J’ai toujours été très sportif, et je pratique beaucoup le vélo. Mais si j’ai travaillé mon endurance et ma force musculaire, je ne me suis jamais intéressé auparavant au stretching. Or, je ressentais que je n’étais plus à l’aise dans mon corps, que mes muscles étaient comme raccourcis, trop serrés. C’est comme cela que m’est venue l’idée de pratiquer le yoga.» Comme personne ne pratiquait cette discipline autour de lui, il a simplement cherché une école à proximité de chez lui. Ce qu’il trouve, et s’y inscrit.

«Au début, mon corps était rigide, dur. Impossible pour moi de faire les différentes asanas (postures de yoga, ndlr). J’ai dû apprendre à refaire connaissance avec mon corps. C’était une pratique très différente du vélo.» Au fur et à mesure, Yves Becker sent que son corps commence à changer. Il apprend à être plus à son écoute. Sa pratique lui fait aussi rencontrer d’autres personnes qu’il apprécie. Il se documente et lit un peu de littérature spécialisée, comme Autobiographie eines Yogi de Paramahansa Yogananda, ou les livres de ­Sadhguru et Deepak Chopra.

«Je me suis toujours intéressé à la psychologie, mais le yoga a comme complété ma personne, a apporté des réponses à des questions que je me posais. En y ajoutant la méditation, cela me permet de beaucoup mieux maîtriser mes pensées. C’est par ce cheminement et ces apprentissages que je me suis aperçu que mon stress n’était en fait pas lié à des facteurs extérieurs, mais à mes propres pensées, que je n’arrivais pas à canaliser. C’est ce que l’on appelle le monkey mind, des pensées incessantes qui deviennent envahissantes.» Avec de la persévérance, il apprend à canaliser ces signaux, à maîtriser leur flux. «En fait, nous sommes ce que nous pensons. Avec la méditation, il est plus facile d’observer nos pensées et de les relativiser, d’en mettre certaines de côté. Et lorsqu’on arrive à arrêter de penser, le corps se détend.»

Un apprentissage bénéfique

Aujourd’hui, Yves Becker pratique régulièrement le yoga, au studio Grace, notamment. Mais il en fait aussi chez lui, en suivant des cours en vidéo­conférence. «Quand je ressens des contractions ou des tensions, j’augmente le rythme de ma pratique. Mais pour une bonne ‘maintenance’, c’est au moins une heure par semaine», s’amuse-t-il à préciser.

Par ailleurs, il a toujours fait attention à son alimentation, à cuisiner à la maison. Mais avec la pratique du yoga, cette attention à la nutrition a encore augmenté. «Je mange encore plus de légumes et moins de viande qu’avant, et nous avons commencé à cultiver notre propre potager. J’aime ce rapport au sol, au temps. J’ai désormais une relation autre avec les aliments. J’ai plus de gratitude, je suis plus reconnaissant.» Ce rapport à la nature a également eu des influences dans sa vie professionnelle, et, lui qui est issu du monde technique, est devenu plus attentif à l’écologie et établit désormais des certifications environnementales pour le monde de l’aviation, son secteur d’activité.

Depuis peu, Yves Becker est papa d’un jeune enfant, et sa compagne attend un second bébé. Il pratique aussi le yoga en famille. «Je suis persuadé que la pratique du yoga et de la méditation va devenir de plus en plus courante dans les années à venir, et que cela va être aussi naturel que d’aller faire un footing. Avec la perte de confiance dans les religions traditionnelles, nous avons une carence spirituelle. Or, nous avons aussi besoin de cette dimension, qui peut éviter la dépression et le burn-out. La méditation pallie ce manque; du moins, pour moi.»

Aujourd’hui, Yves Becker arrive à affirmer qu’il est heureux. «Nous devons absolument ­réévaluer nos standards de vie. Vu de l’extérieur, j’avais tout pour être heureux: j’avais une bonne position professionnelle, une famille, une maison, une certaine aisance matérielle. Mais cela ne suffit pas, et ce n’est pas cela qui apporte le bonheur. À présent, je me sens plus complet, et j’ai compris où se trouvent les boutons à activer quand cela ne va plus. J’ai appris à trouver mon équilibre.»

Cet article a été rédigé pour l’édition magazine de    qui est parue le 27 janvier 2021.

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