Alors que les stratégies nationales de confinement hésitent entre ouverture et mesures plus fermes, et qu’une vague internationale de vaccinations se met lentement en place, il reste bien difficile pour les prévisionnistes de savoir comment évoluera la conjoncture économique en 2021.
Le Statec, qui vient de refaire un point en ce début d’année, penche toutefois en faveur de son scénario optimiste: une hausse du PIB en volume du pays autour de 4%. Son scénario bas reste négatif (-0,5%), mais, pour autant que la population soit réceptive à la vaccination, il ne devrait pas devenir la norme.
Les chiffres restent incertains pour l’ensemble de l’année 2020, mais Bastien Larue, chef d’unité Conjoncture à l’institut des statistiques, constate un rebond de 10% du PIB national au troisième trimestre, après une forte dégradation au cours du premier semestre.
«Le Luxembourg est un des pays qui a le mieux résisté», observe-t-il. «Les chiffres ne sont pas bons, mais moins mauvais que ce que l’on pouvait imaginer.» Et si le quatrième trimestre a, lui aussi, été handicapé par un reconfinement partiel, le Luxembourg est parmi les pays qui ont pris les mesures les moins drastiques.
Les banques ont pris moins de risques
Le poids du secteur financier, qui représente un quart du PIB, fait partie de l’explication. Il a très vite basculé en télétravail, mais aussi pris moins de risques que dans d’autres pays.
Selon Pauline Perray, économiste au Statec, les prêts non performants – qui ne sont plus remboursés depuis 90 jours ou ne le seront jamais – ne représentent que 1% du total, ce qui est peu par rapport à la moyenne européenne. «Les banques luxembourgeoises sont également moins exposées aux crédits accordés aux secteurs directement impactés par la crise sanitaire. La moyenne est de 15% contre 22% au niveau européen.»
On le disait plus haut, faire des prévisions pour l’année qui démarre est un peu délicat. Le Statec note cependant un fort potentiel de rebond lié à l’épargne forcée des ménages pendant les périodes de confinement. Le bas de laine supplémentaire est estimé à 1,2 milliard d’euros. «Nous estimons le rebond de la consommation entre 6% et 8%», calcule Cathy Schmit, attaché en conjoncture au Statec. «Nous pensons qu’une bonne partie de l’épargne sera dépensée.»
Le rebond conjoncturel attendu cette année ne représente pas pour autant la fin de la crise.
Deux craintes émergent toutefois: une dégradation de la confiance des ménages, et la concentration de l’épargne parmi les hauts revenus dont la propension à consommer est plus faible que celle des bas revenus.
En route vers un retour des beaux jours, alors? Des jours meilleurs, en tout cas. «Cependant», prévient encore Ferdy Adam, «cette crise conjoncturelle ne sera pas sans conséquence structurelle sur le tissu économique. Le rebond conjoncturel attendu cette année ne représente pas pour autant la fin de la crise.»