, la crainte sans parler de la faillite de l’entreprise et du déficit, malgré tout, de logements… Le congé collectif s’ouvre, ce vendredi 28 juillet, dans une période de fortes turbulences pour le secteur de la construction.
«Nous nous attendons à une rentrée compliquée», témoigne le directeur de la Chambre des métiers, . «Les carnets de commandes sont peu étoffés pour beaucoup d’entreprises.» Sans vouloir tomber dans le «catastrophisme», il note «une situation d’inflation, de taux d’intérêt élevés et donc une réticence des consommateurs à faire des travaux, d’où un manque d’horizon. Nous nous attendons à ce que des entreprises ne puissent pas franchir cette traversée du désert».
La crise n’a cependant pas le même impact sur les entreprises qui travaillent dans la construction résidentielle, directement touchées par la difficulté des ménages à obtenir des crédits immobiliers, que sur celles qui œuvrent dans les travaux publics, moins concernées. «Pour les entreprises travaillant dans le résidentiel, il est difficile de switcher du jour au lendemain vers le public.» La Chambre des métiers prévoit des formations à ce sujet à la rentrée. «Avant, il y avait 3-4 offres par marché public. Aujourd’hui, on en a une quinzaine. La compétition devient rude.»
La Chambre des métiers avait aussi établi, avec la Fédération des artisans, fin 2022, u, du doublement du plafond de la TVA logement à la réintroduction du taux super-réduit pour le locatif.
Un congé collectif qui fait l’unanimité
Face à la baisse des commandes, le congé collectif tombe-t-il à point, ou aurait-on justement préféré s’en passer? «, indépendamment de la situation. Les avantages du congé collectif prévalent. Avec ce système, il y a un moment de l’année où on peut prendre congé sans se retrouver en porte-à-faux. Et souffler malgré les difficultés, qu’on soit patron ou salarié».
«Les salariés sont absents tous ensemble pendant trois semaines. Sinon, il y aurait toujours quelqu’un de manquant pendant plusieurs mois, ce qui n’est pas bon pour la rentabilité et la productivité de l’entreprise», confirme le secrétaire général adjoint de la Fédération des entreprises de construction et de génie civil, Patrick Koehnen. Ce dernier corrobore une «crise historique. La situation risque de se dégrader après le congé collectif».
Le secrétaire général du Groupement des entrepreneurs du bâtiment et des travaux publics, , ajoute: «Nous espérons que la faillite de Cardoso est un phénomène isolé. D’un autre côté, le secteur tourne au ralenti. Nous sortons de deux crises, le Covid et la pénurie des matières premières, puis la guerre en Ukraine. Et maintenant, la hausse des taux d’intérêt. Nous ne savons pas où cela nous mènera. Nous devons rester vigilants.»
Compenser avec la rénovation et les marchés publics
Par exemple, chez Poeckes, «nous avons diminué les contrats intérimaires, nous ne travaillons plus le samedi, et nous avons arrêté de sous-traiter certaines activités pour occuper nos maçons», raconte le directeur technique, Paul Nathan. Il estime que son entreprise aura bien travaillé si elle réalise 90% de son chiffre d’affaires de 2022. «Nous avançons dans un environnement instable», admet-il. Si les gros chantiers ont diminué, Poeckes se concentre désormais sur plus de petits, notamment de rénovation, pour compenser. «Il faut aussi dire qu’il y a eu les élections communales. L’année qui suit est toujours plus difficile», avec moins de projets.
Chez Félix Giorgetti, «nous ne faisons plus de logement. Nous terminons ce que nous avons commencé, mais nous ne commençons pas de nouveaux projets», assure le gérant, . Son entreprise se concentre sur des chantiers publics, «avec zéro marge», regrette-t-il. «Mon but principal est de garder ma main-d’œuvre et de l’occuper pour qu’on puisse redémarrer rapidement dès que la crise s’arrêtera.» Le chef d’entreprise voit le congé collectif comme une «excellente chose».
107 dérogations accordées
Pour le LCGB, la priorité, en cette veille de congé, qui se poursuivra à la rentrée, est «la faillite de l’entreprise Cardoso. Nous sommes en train de faire le maximum pour préparer les dossiers pour les salariés. Nous avons été fortement sollicités par d’autres entreprises à la recherche de main-d’œuvre», détaille le secrétaire général adjoint, Christophe Knebeler. Puis, «il faudra surveiller l’évolution du secteur. Nous avons des échos d’autres entreprises, plus petites, où il y a des retards de salaires. Nous restons vigilants», dit-il sans les nommer. Alors qu’un autre grand dossier attendra le secteur: la négociation d’une nouvelle convention collective.
«Il est clair qu’il y a un ralentissement, mais cela ne concerne pas tout le secteur. La construction de logements, ce n’est que 15 à 20% de l’activité», relativise le secrétaire central du syndicat du secteur à l’OGBL, Jean-Luc De Matteis. Interrogée, la Chambre des métiers ne disposait pas de données chiffrées sur le sujet. «Certaines entreprises ont des carnets de commandes pleins jusqu’en 2024», poursuit Jean-Luc De Matteis. «Nous restons attentifs, sans tomber dans le catastrophisme.»
Les congés seront l’occasion de «débrancher après plusieurs années difficiles et beaucoup d’heures supplémentaires. Pour revenir en pleine forme à la rentrée. Nous discuterons avec les sociétés et les fédérations patronales pour trouver des solutions aux problèmes avant qu’il ne soit trop tard.»
Le congé collectif durera jusqu’au 20 août inclus. 94 dérogations ont été accordées à des entreprises de bâtiment et génie civil, sur 136 demandées, selon l’Inspection du travail et des mines (ITM). .
Les chiffres de l’ITM avaient été communiqués à Paperjam le 26 juillet. Le 27, l’organisation est revenue vers nous avec des chiffres actualisés: «Le nombre de demandes de dérogation s’élève à 157. 121 de ces demandes concernent des entreprises du secteur du bâtiment et génie civil. La commission ad hoc du bâtiment et génie civil a prononcé 107 accords et 14 refus.»