Les concessionnaires pourront rouvrir leurs showrooms lundi 11 mai. Ils étaient fermés depuis mars à cause du Covid-19. (Photo: Patricia Pitsch/Maison Moderne)

Les concessionnaires pourront rouvrir leurs showrooms lundi 11 mai. Ils étaient fermés depuis mars à cause du Covid-19. (Photo: Patricia Pitsch/Maison Moderne)

Pour les concessionnaires, réouverture des showrooms rime avec poursuite des livraisons dès lundi. Même si le service après-vente devrait reprendre rapidement, ils s’inquiètent d’une baisse des commandes dans les prochains mois à cause des impacts économiques de la crise sur leurs clients.

Les clients pourront retrouver le doux bruit des moteurs et l’odeur des sièges neufs lundi 11 mai. Les concessionnaires, , rouvriront leurs showrooms.

Bilia-Emond (BMW et Mini) s’y prépare depuis quelques jours. «Nous avons commandé plus de 20.000 masques pour nos collaborateurs, et nous sommes en train d’en faire produire cinq en tissu par personne, avec notre logo», raconte Baptiste Vallin, directeur du concessionnaire au Luxembourg. «Nous avons tout ce qu’il faut en termes de gel et de gants». Marquage au sol et plexiglas à la réception et aux bureaux aideront à la distanciation sociale. Les véhicules seront désinfectés entre chaque essai. Le site mesure environ 10.000m2, dont la moitié pour le showroom. Il n’acceptera qu’un client par vendeur, soit un peu plus d’une dizaine de personnes au total.

60 livraisons par semaine

L’objectif des prochaines semaines: «Livrer au maximum tout ce qui a été produit avant ou pendant le confinement», détaille Baptiste Vallin. De nombreux clients attendent leurs commandes passées à l’Autofestival, qui s’est tenu du 25 janvier au 3 février. Ce sont 120 véhicules en stock chez Bilia-Emond. Il pense avoir les capacités d’en livrer une soixantaine par semaine. 800 sont encore production. «Les usines ont été fermées un moment», justifie-t-il. Les voitures pourraient arriver d’ici un à plusieurs mois selon les modèles. Le concessionnaire travaille majoritairement sur commande, mais possède aussi moins de 50 véhicules à la vente sur son site, et 40 de démonstration.

Baptiste Vallin reste soucieux quant à la reprise. «Au niveau de l’après-vente, nous allons rapidement retrouver notre rythme», se projette-t-il. Notamment avec les . Concernant les ventes, qui représentent 80% de l’activité, «ce sera différent», s’inquiète-t-il. «Les particuliers vont attendre de voir s’il y a une seconde vague ou garder leurs liquidités au chaud pour le moment. Pour les grosses sociétés, on n’aura pas de recul important, mais les indépendants vont souffrir.» L’entreprise, dont la clientèle se partage équitablement entre particuliers et professionnels, s’attend à une division par deux du rythme de commandes. «Pour le moment, nous allons essayer de garder les prix», assure-t-elle quand même. Au total, le concessionnaire prévoit une baisse de 20% du chiffre d’affaires en 2020. Celui de 2019 s’élevait à 120 millions d’euros. Lundi, 90% de ses 160 salariés reprendront le travail.

Effet de rattrapage en mécanique

Préparatifs similaires chez Mercedes. Le concessionnaire Merbag SA, qui compte 600 collaborateurs, prévoit cinq masques lavables par personne. Du gel hydroalcoolique sera à disposition à toutes les entrées, dans toutes les salles de pause et les sanitaires sur ses cinq sites. Les véhicules seront désinfectés après chaque essai. 70 vitres en plexiglas ont déjà été installées aux points de passage les plus fréquentés. L’entreprise a aussi supprimé des tables dans les espaces d’attente.

«En mécanique, il y aura un effet de rattrapage pour les entretiens», se projette Eric Bailleul, CEO. «C’est pour cela que nous avons prévu d’ouvrir des samedis supplémentaires». Il poursuit: «En carrosserie, il y aura moins d’activité car il y a eu moins de trafic routier ces derniers mois. En vente, nous sommes positifs grâce à notre offre produits, mais conscients qu’il y aura un impact économique sur l’activité des prochains mois, très difficile à évaluer.» L’entreprise avait réalisé un chiffre d’affaires de 350 millions d’euros en 2019 mais ne fait pas encore de prévisions pour 2020.

Elle aussi prépare les livraisons de l’Autofestival, sans préciser le nombre de commandes. «Nous sommes capables de livrer une trentaine de véhicules par jour», révèle Eric Bailleul.

Le retour difficile de la clientèle professionnel

Comme partout, on retrouvera masques, gel hydroalcoolique, plaques en plexiglas, désinfection des véhicules et marquage au sol chez Car Avenue dès lundi. Ce sera le cas dans ses 104 concessions multimarques en France, en Belgique et au Luxembourg. Une dizaine d’entre elles se trouvent au Grand-Duché et emploient 300 personnes.

«Toutes les commandes en cours, nous allons continuer de les livrer. La grande inconnue, ce sera le nombre de nouvelles demandes. Est-ce que les clients seront prudents ou non?», réfléchit Benjamin Bauquin, directeur général Belux. Il se prépare à livrer une cinquantaine de voitures au Luxembourg la semaine prochaine, sur 200 en attente. Ici aussi, une partie importante est encore indisponible: 400 véhicules sont en production. «Il peut y avoir des délais d’un, de deux ou de trois mois. Nous avons informé tous les clients concernés», note-t-il.

Au lieu de 550 nouvelles commandes enregistrées en mai dernier, il n’en compte qu’une vingtaine pour l’instant. Sa clientèle se compose à 55% de professionnels et 45% de particuliers. «Nous espérons que les deux repartiront très vite. Beaucoup sont des artisans, des hôteliers, des restaurateurs. Ils vont moins investir. Le chômage partiel a protégé les particuliers. Mais il reste le risque du chômage réel», analyse-t-il.

Sur l’année 2020, «nous aurons deux mois de chiffre d’affaires en moins», calcule-t-il, sans savoir s’ils seront rattrapés ou non. Le concessionnaire a terminé l’année dernière avec un chiffre d’affaires de 200 millions d’euros au Luxembourg.