Au classement de l’IMD sur la compétitivité, le Luxembourg continue de reculer, note la Chambre de commerce. (Photo: Shutterstock)

Au classement de l’IMD sur la compétitivité, le Luxembourg continue de reculer, note la Chambre de commerce. (Photo: Shutterstock)

Le Luxembourg recule encore. Après sept places perdues en 2023, le pays perd trois nouvelles places et occupe la 23e position dans le classement IMD World Competitiveness, publié ce mardi. Au milieu des 336 indicateurs, la «performance économique» a reculé de 56 places en deux ans.

Seule la Colombie a fait moins bien: entre 2023 et 2024, le Luxembourg a perdu 18 places en matière de «performance économique», selon le classement de l’IMD World Competitiveness, publié avec la Chambre de commerce. 18 places qui s’ajoutent aux 37 places perdues l’année précédente, soit 55 en deux ans, pour un critère où le Luxembourg était numéro 1 mondial en 2022.

«Deux faiblesses majeures viennent obscurcir ce tableau et détériorer le classement du Luxembourg», note la Chambre de commerce. «D’abord, la panne de croissance que subit le pays depuis 2022. Sur les critères ‘croissance du PIB’ et ‘croissance du PIB par habitant’, le Luxembourg se classe respectivement 63e et 62e sur 67. Il avait déjà été sérieusement rétrogradé sur ce critère l’an passé, car il affichait en 2022 une croissance bien plus faible que ses principales économies concurrentes. Une situation qui s’expliquait alors par le fait que l’économie luxembourgeoise avait été beaucoup moins impactée par le Covid et qu’elle avait achevé sa phase de rebond bien avant les autres. Cette fois-ci, la situation est différente, puisque le Luxembourg paie la récession économique de 2023. Le pays a en effet connu une contraction de son PIB de 1,1%, alors que la croissance moyenne des économies évaluées dans ce ranking était de +1,6%. On s’attend à un léger rebond de croissance pour 2024 (+2% selon le Statec).»

La Chambre de commerce note également «une forte baisse» des flux d’investissements directs étrangers, sans perdre de vue que le classement du Luxembourg est très dépendant d’un investissement en plus ou en moins.

Si le pays est toujours classé 11e quant à l’efficacité des services publics, le classement révèle une 27e place pour le cadre réglementaire et légal, ce qui «appuie la nécessité absolue d’alléger le poids réglementaire qui pèse sur les entreprises au Luxembourg et dans l’Union européenne», souligne la Chambre de commerce. Et le Luxembourg est 45e en matière de politique fiscale. «Le Grand-Duché se classe 56e concernant le total des taxes collectées en pourcentage du PIB, 53e pour le produit des taxes sur les revenus personnels et 59e pour le produit des taxes sur le capital et la propriété. Les indicateurs concernant la taxation des entreprises contribuent également à faire reculer le pays.»

Avec 16,5 jours en moyenne pour créer une entreprise, le Luxembourg est 50e, loin d’économies modernes comme Singapour (1,5 jour), le Danemark (3,5 jours) ou encore l’Estonie (3,5 jours).

Même chose sur l’efficacité des entreprises. Si tout va bien pour l’attraction de talents et de talents hautement qualifiés, «le Luxembourg affiche le coût horaire du travail moyen le plus élevé de l’Union européenne (en 2023, il s’élevait à 53,90€), ce qui freine considérablement sa compétitivité par rapport à d’autres économies telles que l’Irlande et la Pologne, où le taux horaire est respectivement de 40,2 euros et 14,50 euros. Sa 44e place pour l’évolution du coût du travail illustre les effets de l’indexation des salaires, qui pèse à la fois sur les entreprises et sur l’économie dans son ensemble. Le pays est en queue de classement s’agissant du salaire horaire dans le secteur manufacturier (28,08€) et de la rémunération dans le secteur des services (57e). C’est le cas également pour le nombre moyen d’heures annuelles travaillées (60e, avec 1.488 heures). Sur cet indicateur, le Grand-Duché est très loin derrière le trio de tête constitué des Émirats arabes unis, du Qatar et de la Chine, donc la moyenne annuelle dépasse les 2.400 heures.»

La disponibilité de la main-d’œuvre recule, les managers sont moins agiles et le moral des entreprises s’est dégradé.

Sur le dernier pilier – les infrastructures –, le classement du Luxembourg est stable. «Le Luxembourg se situe à la 41e position pour la part du PIB attribuée à la R&D (0,98% en 2022), loin derrière des pays tels que l’Allemagne et la Belgique, qui consacrent respectivement 3,13% et 3,41% de leur PIB à la R&D. La baisse continue de la part du PIB allouée à la R&D depuis 2019 pose question, sachant que les activités de R&D sont un pilier central du renforcement de l’innovation. Ce décrochage est dû pour une large part aux faibles dépenses de R&D dans le secteur privé. Au Luxembourg, la part des dépenses de R&D au sein des entreprises en 2022 représente 0,50% du PIB, contre 2,51% en Belgique et 1,78% au Danemark.

Par ailleurs, les diplômés en informatique, ingénierie, mathématiques et sciences naturelles de 2021 représentaient 19,78% de leur promotion. Si la tendance est à la hausse d’une année sur l’autre, les résultats du Grand-Duché restent bien inférieurs à ceux des leaders du classement: la Malaisie et Hong Kong (avec respectivement 43,53% et 41,40% en 2021).»