La place financière luxembourgeoise se classe bien dans plusieurs classements internationaux. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne/archives)

La place financière luxembourgeoise se classe bien dans plusieurs classements internationaux. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne/archives)

L’économie luxembourgeoise garde une bonne place dans les classements internationaux, mais souffre encore d’un manque de diversification. 

Il y a plusieurs manières d’évaluer la compétitivité et la résilience d’un pays. L’Observatoire de la compétitivité luxembourgeois dresse un état des lieux du positionnement du pays selon plusieurs indicateurs dans son «Bilan compétitivité et résilience 2021».

En commençant par la résilience, capacité à résister à des chocs – on parle ici de celui de la crise sanitaire. Sur ce point, l’Observatoire reprend des données du tableau de bord de la Commission européenne, où les pays sont comparés les uns aux autres selon 34 indicateurs. Le Luxembourg se classe parmi les meilleurs pour neuf d’entre eux, dont le taux d’épargne des ménages, la dette du gouvernement ou encore le ratio de capital du secteur bancaire. Alors que le pays fait partie des moins bons élèves de l’Union européenne concernant trois indicateurs. Le degré de diversification de l’économie est insuffisant. De même pour la part d’entreprises innovantes. Et la performance des élèves, qui dépend encore relativement fortement de leur milieu socio-économique.

Un déclin relatif de la compétitivité

L’Observatoire de la compétitivité regarde ensuite les grands classements internationaux. Dans le World Competitiveness Ranking d’IMD, le pays se classe à la 12e place sur les 64 économies analysées. Il gagne trois positions en un an, mais en perd une si l’on compare à 2010. Ses performances les plus élevées concernent l’emploi, la politique fiscale ou encore les infrastructures de base. Mais la productivité, bien qu’élevée, stagne.

Un autre classement se concentre sur la «liberté» des économies: là, le Luxembourg arrive 18e sur 184. L’Observatoire cite aussi le . Il enregistre un bon score concernant la fourniture de services publics numériques aux entreprises, moins pour les particuliers. Il se démarque aussi par son niveau de connectivité, mais reste à la peine sur la digitalisation des petites et moyennes entreprises.

Au classement compétitif d’IMD basé sur le numérique, le Luxembourg prend la 22e place. Le tableau de bord de la Commission européenne consacré à l’innovation place le Luxembourg en 7e position. Pour comparer, du côté de ses voisins, la Belgique se classe 4e, l’Allemagne 6e, la France 10e. Dans celui de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, le pays chute de la 18e à la 23e place.

«Globalement, le Luxembourg fait toujours assez bonne figure dans les classements de compétitivité territoriale, bien que sa position se soit légèrement détériorée au cours des cinq dernières années», relativise le gouvernement dans son communiqué de presse.

Le Luxembourg parvient à se classer parmi les «principaux centres financiers du monde». Il arrive 23e au classement Global Financial Centres Index de Z/Yen, 5e à son Global Green Finance Index, 8e au New Financial Global Financial Centres Index et 36e au Venture Capital and Private Equity Country Attractiveness Index établi par l’IESE Business School.

Peu d’objectifs atteints

Dans son rapport, l’Observatoire calcule aussi son propre indice synthétique, qui regroupe 68 indicateurs différents. Sur base de ce système, le Luxembourg arriverait à la 3e position dans l’Union européenne, devancé par le Danemark et les Pays-Bas. En particulier, le Luxembourg renforce sa position en matière économique et se classe désormais 8e pour cet aspect. Il maintient sa 2e position en matière sociale et progresse légèrement dans l’aspect environnemental en se classant 5e.

Plus précisément, sa performance économique se classe 20% au-dessus de la moyenne communautaire pour six indicateurs sur 25 de performance économique: la dette publique, le solde public, le taux de croissance du PIB réel, les rendements des obligations de l’État, le taux moyen de variation annuelle de la productivité des facteurs et l’apprentissage tout au long de sa vie.

Mais sa performance est pire de plus de 20% que celle de la moyenne européenne sur six autres: la productivité réelle du travail par heure, le coût salarial unitaire nominal, les dépenses de recherche et développement, la part d’emploi dans les secteurs manufacturés en moyenne et haute technologie, la rentabilité des sociétés non financières et le temps nécessaire pour démarrer une entreprise. Le pays se classe mieux si l’on regarde les aspects sociaux, notamment grâce à un meilleur taux de chômage de longue durée que ses voisins ou d’écarts de salaires entre hommes et femmes. Sur les aspects environnementaux, des efforts restent à faire sur la part du pétrole dans la consommation finale et la production de déchets par personne.

Résultat, le gouvernement atteint-il les objectifs qu’il s’était fixés pour 2020? Non, selon le tableau récapitulatif de l’Observatoire. Alors que les dépenses en recherche et développement devaient se trouver entre 2,3 et 2,6% du PIB, elles n’arrivent qu’à 1,19%, mais en 2019 (données les plus récentes disponibles). Le taux d’emploi, de 72,1%, n’atteint pas les 73% prévus. 125.000 personnes risquent la pauvreté ou l’exclusion sociale, alors que l’objectif était de réduire ce chiffre à 66.000. Au niveau du changement climatique, les émissions de gaz à effet de serre s’élèvent à 9,23Mt de CO2 en 2019 au lieu des 8,12 espérées. Il n’y a qu’au niveau du décrochage scolaire que le pays est dans le vert: il s’élève à 8,20% et reste donc bien en dessous de la barre des 10%.