Au classement de l’IMD sur la compétitivité, le Luxembourg continue de reculer, note la Chambre de commerce. (Photo: Shutterstock)

Au classement de l’IMD sur la compétitivité, le Luxembourg continue de reculer, note la Chambre de commerce. (Photo: Shutterstock)

Le Luxembourg continue de perdre du terrain dans la course à la compétitivité. Le classement World Digital Competitiveness Ranking 2024 publié par IMD, le 14 novembre, place le pays à la 29e position, soit trois places de moins que l’année dernière.

Le Luxembourg (29e) recule encore au classement du World Digital Competitiveness Ranking 2024 de l’International Institute for Management Development (IMD). Le pays chute de trois places par rapport à l’année dernière et s’éloigne encore un peu plus de sa 21e position de 2019. Pour mémoire, le World Digital Competitiveness Ranking est un classement qui évalue 67 pays en fonction dans leur capacité à transformer leur gouvernance et leurs modèles économiques via les technologies digitales. Pour cela, l’institut utilise 59 indicateurs, dont 38 reposent sur des données statistiques et 21 proviennent d’une enquête menée auprès de dirigeants d’entreprises.

La notation de ces pays repose sur trois grands piliers: «Knowledge», qui mesure la capacité du capital humain à comprendre et à mettre en place de nouvelles technologies; «Technology», qui examine l’environnement réglementaire, financier et technologique permettant le développement des technologies digitales; et «Future Readiness», qui évalue le degré d’adoption des technologies numériques au sein des gouvernements, des entreprises et de la société en général. Chaque pilier est décliné en trois sous-facteurs et le classement global est le résultat de l’agrégation des performances sur ces neuf critères. Pour refléter au mieux l’évolution des technologies numériques, l’édition 2024 en a également intégré cinq nouveaux concernant ces dernières. 

Singapour est le leader de cette édition 2024 et devance la Suisse et le Danemark. Leaders incontestés du classement IMD depuis 2018 – mis à part leur deuxième position en 2022 –, les États-Unis reculent à la 4e position. De leur côté, les Pays-Bas (8e) subissent le recul le plus important du top 10, perdant six places par rapport au classement de 2023. Dans les pays voisins, les évolutions par rapport à l’année dernière sont très hétérogènes. Si la France, en 20e position, gagne sept places, la Belgique recule de six rangs (21e). L’Allemagne, quant à elle, se maintient à la 23e position.

Le Luxembourg face au défi des profils digitaux qualifiés

Le Luxembourg progresse sur le pilier «Knowledge» et gagne neuf places pour atteindre le 24e rang. Cette amélioration, la première depuis 2020, est notamment due à l’amélioration de l’environnement pro-business des villes et à la forte proportion de femmes diplômées. L’expérience internationale de la main-d’œuvre reste un atout majeur du pays, classé 9e sur cet indicateur. Autre point positif, le Luxembourg s’est nettement amélioré sur la proportion de diplômés dans les matières scientifiques et techniques en l’espace d’une année, passant de la 50e à la 36e place.

Le niveau de compétences numériques et technologiques de la main-d’œuvre reste cependant un sujet préoccupant. Le Luxembourg  se classe seulement à la 37e place sur cet indicateur, alors que «dans un contexte de révolution digitale et de difficultés à trouver les profils adéquats, la formation – tant initiale que continue – est un enjeu stratégique clé», souligne la Chambre de commerce.

La régulation: un frein à la transformation numérique

Un retard dans la transformation numérique, qui se confirme avec le 2e pilier, «Technology», qui reste un maillon faible du pays, notamment à cause du cadre réglementaire perçu comme un frein par la majorité des entreprises. Les participants à l’enquête ont par exemple rétrogradé le pays à la 64e position (recul de 50 places) concernant la capacité des lois en matière d’immigration à soutenir le recrutement de la main-d’œuvre étrangère. Même dynamique pour le soutien au développement des applications technologiques (57e, -39 places) et pour encourager l’innovation de la recherche scientifique (52e, -40 places). L’application correcte des droits de propriété intellectuelle est également, aux yeux des entrepreneurs, un problème majeur (53e, -39 places).

Le classement du Luxembourg sur le volet «Capital» est légèrement meilleur que celui sur le cadre réglementaire. Le pays perd néanmoins 34 places tant sur le volet «IT & Media Stock Market Capitalisation» (42e) que sur la disponibilité de financement pour le développement technologique (56e). Pire encore, dans les catégories «Banking and Financial Services» et «Venture Capital», le pays atteint la 65e position sur les 67 économies participantes.

Les performances du pays sur le sous-facteur «cadre technologique» sont elles aussi mitigées. D'un côté, le pays progresse dans l’utilisation des réseaux 4G et 5G (passant de la 55e à la 36e position) et la pénétration du haut débit (progressant de la 31e à la 20e place). De l’autre, il sort du top 20 en ce qui concerne la vitesse moyenne des bandes passantes et les entrepreneurs jugent que les technologies de communication ne sont pas à la hauteur de leurs besoins.

Le Luxembourg se classe 29e au classement général du World Digital Competitiveness Ranking 2024 d’IMD. (Chambre de Commerce)

Le Luxembourg se classe 29e au classement général du World Digital Competitiveness Ranking 2024 d’IMD. (Chambre de Commerce)

Le pays en retard sur la résilience et l’anticipation pour l’avenir

À la 54e position, le Luxembourg enregistre son plus mauvais résultat sur le pilier «Future Readiness». Les chefs d’entreprise rétrogradent nettement le pays sur la capacité des sociétés à réagir rapidement aux risques et opportunités (recul de 23 places) ou encore sur l’utilisation par les entreprises des «big data & analytics» pour prendre des décisions (-27 positions).

Les résultats de l’enquête indiquent aussi des difficultés en termes de soutien des partenariats public-privé au développement technologique (61e) et un manque de prise en compte de la cybersécurité par les entreprises (56e). Ce qui fait tomber le pays à la 47e place en ce qui concerne la peur de l’échec entrepreneurial.