Le 35e Midi de la microfinance s'est déroulé mercredi 8 juin. (Photo: ADA)

Le 35e Midi de la microfinance s'est déroulé mercredi 8 juin. (Photo: ADA)

Lors du 35e Midi de la microfinance intitulé «Quels défis et quelles opportunités pour les véhicules d’investissement en microfinance?» organisé par Ada et le réseau InFiNe.lu, les experts en fonds d’investissement Martin Heimes du fonds suisse ResponsAbility, Kaspar Wansleben du fonds luxembourgeois LMDF, Arnaud Gillin d’Innpact et Sarah Canetti, responsable du service investissement de Ada, ont discuté des défis et des opportunités du marché des fonds en microfinance devant un auditorium de la Banque de Luxembourg bien rempli!

Après 20 ans d’existence, les véhicules d’investissement en microfinance (VIM) pèsent 11 milliards de dollars US et 50% d’entre eux sont hébergés au Grand-Duché. De plus, ces fonds ont connu ces dernières années une croissance entre 10 et 15%.

La discussion entre Martin Heimes, responsable d’investissement d’un des plus grand fonds en microfinance, ResponsAbility, et Kaspar Wansleben, administrateur délégué du fonds luxembourgeois Luxembourg Microfinance and Development Fund (LMDF) a montré que si les deux fonds différaient par la taille, leur rôle restait fondamentalement complémentaire!

ResponsAbility, créé à l’origine pour l’investissement d’impact, concentre aujourd’hui 80% de ses activités en microfinance, pour un total de 1,7 milliard d’euros investis! Le fonds travaille avec 200 institutions de microfinance (IMF) et cible principalement les grandes structures: 58% des IMF financées détiennent plus de 50 millions de dollars US d’actifs.

Plus petit, mais pas moins performant, le fonds luxembourgeois LMDF gère 25 millions d’euros d’actifs. L’équipe spécialisée en investissement de Ada conseille le fonds LMDF dans le choix des IMF partenaires. Ada étant une ONG, ce partenariat a comme première mission la performance sociale, c’est-à-dire d’appuyer les IMF émergentes, souvent oubliées par les grands fonds à cause du risque et des coûts liés à ce financement. 20% des IMF que Ada et LMDF sélectionnent bénéficient en fait de leur tout premier financement par un investisseur international! C’est dire l’importance de ces deux acteurs luxembourgeois pour le développement. De plus, 70% de ces IMF partenaires profitent des autres compétences de l’ONG, comme l’appui technique ou de nombreuses formations qui permettent de développer les compétences de la direction de ces institutions. Financer ces petites IMF peu ciblées par les grands fonds, mais qui touchent pourtant des populations particulièrement exclues, reste l’un des défis du secteur.

Sarah Canetti, responsable d’investissements au sein de Ada, a bien souligné cette problématique concernant la concentration des fonds au profit des grandes IMF, et donc au dépit des IMF émergentes: 98% des IMF bénéficient de seulement 6% des financements des VIM! Alors que ces petites structures ont besoin de financement pour exister et se développer.

D’autres défis ont également été évoqués lors de la conférence, comme la situation macro-économique compliquée de certaines zones (par exemple en Asie centrale) ou encore la fragilité structurelle des IMF qui rend le travail des investisseurs plus risqué. De nombreux pays ont encore besoin de financements pour développer l’inclusion financière de ses populations. Si la croissance des VIM sera moins importante à l’avenir, une diversification vers de nouveaux secteurs (environnement, fintech, PME) constitue de nouvelles pistes de développement. Dans ce domaine, l’expertise de la Place reste particulièrement reconnue.