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 (Photo: Youth4Work)

Depuis avril 2012, le canton de Redange offre avec Youth4Work un modèle innovant de coaching pour les jeunes, afin d'aider les jeunes de la région âgés de 16 à 27 ans à se former et à trouver un emploi. Aujourd'hui, les premiers résultats sont disponibles et permettent d'avoir une meilleure compréhension de la problématique du chômage chez les jeunes de la région.

En ce 24 septembre, les résultats seront présentés au public en présence de Nicolas Schmit, le ministre du Travail et de l'Emploi, à l'occasion d'une conférence de presse à l'Atert-Lycée Redange. Ce projet est financé par le Fonds social européen et le Ministère du Travail, de l'Emploi et de l'Intégration.

Camille Gira, la présidente du Syndicat intercommunal «De Réidener Kanton», explique le concept de Youth4Work: «Cette offre est fondée sur le principe du volontariat des jeunes. Tous ceux qui habitent ou qui sont allés à l'école dans le Canton de Redange peuvent y recourir gratuitement. L'objectif est d'utiliser les talents, les forces et les compétences des jeunes pour planifier avec eux les prochaines étapes de leurs parcours et leur permettre ainsi une transition réussie vers leur future vie active. De plus, le coaching individuel des jeunes vise à apporter une contribution essentielle à la stabilisation personnelle et sociale des jeunes de la région. Ce sont justement les problèmes tels que les difficultés familiales, les comportements liés à la drogue, les dettes, les problèmes de logements, etc. qui compliquent l'accès à la qualification. Dans notre canton, la situation est encore simple, la coopération avec les services existants est facile et sans complications, nous pouvons ainsi aider de manière pragmatique et rapide.»

Selon l'Adem, 149 jeunes sont actuellement sans emploi dans le Canton de Redange. Étant donné que tous les jeunes ne s'inscrivent pas auprès de l'Adem, Ariane Eberwein, la directrice de Youth4Work, calcule un chiffre sombre d'environ 15%. Dans cette région, elle dispose de plus de 184 contacts chez les jeunes, et 41 d'entre eux ont déjà terminé le programme avec succès, car ils ont trouvé une place de formation ou un emploi. Le taux de réussite à partir du moment où le jeune s'inscrit au coaching est de 88%. D'autres 33 jeunes ont déterminé leurs objectifs personnels et cherchent activement un employeur avec l'aide de Youth4Work. 13 jeunes se trouvent dans la phase d'orientation, 18 ont récemment pris contact pour la première fois. 40% de ces 184 jeunes sont des jeunes en décrochage scolaire, et 12% sont des chômeurs de longue durée.

Ariane Eberwein explique: «Souvent, ce sont des problèmes temporaires qui engendrent une situation personnelle difficile. Parfois, il faut changer les structures environnantes ou trouver des possibilités de résolution positive de ces problèmes, ou bien encore une offre de mesures particulières de qualification. Dans certains cas, les jeunes ont aussi besoin de plus de temps pour combler leurs lacunes ou d'un soutien psychologique. La situation diffère pour chaque jeune. En effet, le coaching individuel demande du temps. J'ai parfois besoin de voir un jeune trois fois, parfois 25 fois, avant de trouver une solution. Cependant, il s'agit toujours d'une des méthodes les plus efficaces pour soutenir à long terme, en sachant que les transitions entre l'école et la vie active se dénormalisent et que les problèmes se diversifient de plus en plus. C'est pourquoi je prends en compte aussi bien les structures sociales que les possibilités d'actions individuelles, ce qui exclut, selon moi, une stricte orientation fondée sur les déficits scolaires ainsi qu'une simple intégration au marché de l'emploi comme stratégie. Quelques chiffres à ce propos: 30% des jeunes ont peu de confiance en eux, un sur quatre ne possède pas les compétences sociales élémentaires, un sur cinq manque de connaissances linguistiques, 20% des jeunes sont endettés ou connaissent des difficultés financières, un sur dix constate qu'il ou elle a choisi la mauvaise orientation professionnelle, 15% d'entre eux n'ont pas de soutien familial, et 8% des jeunes ont connu des violences telles au sein de leurs familles qu'ils ont besoin d'aide psychologique. Cinq jeunes n'ont pas de domicile sûr.»

Vu la complexité des situations, Youth4Work collabore intensément avec d'autres services de conseil. Dès qu'un jeune a trouvé une place, Youth4Work reste en contact avec lui et l'entreprise, jusqu'au moment où une solution à long terme semble sûre. Selon Ariane Eberwein, cette coopération est l'un des éléments clés qui permettent à toutes les personnes concernées d'aider véritablement un jeune qui se trouve dans une situation difficile.

Dans le canton de Redange, il semble que l'immigration ne constitue qu'en partie un facteur de chômage chez les jeunes. Il existe 117 contacts avec des Luxembourgeois et 65 avec des étrangers. Ariane Eberwein précise: «Dans le Canton de Redange, les jeunes étrangers particulièrement touchés par le chômage sont ceux qui n'habitent au Luxembourg que depuis quelques années, qui ont une formation scolaire limitée et qui ne parlent pas ou pas bien les langues nationales. Dans ces cas-là, les chances de trouver une formation ou un emploi sont très mauvaises, même avec la meilleure volonté qui soit.»

Youth4Work oriente son action selon le concept européen des «compétences clés» auxquelles appartiennent entre autres, outre les compétences classiques, l'esprit d'initiative, la responsabilité personnelle, l'approche des défaites, un gain de confiance saine en soi, les compétences de communication et la résolution individuelle des problèmes. Ariane Eberwein ajoute, en parlant de l'avenir: «Nous ne savons pas encore assez bien à quel point le monde professionnel va changer dans les prochaines années. Les changements de carrières deviennent un modèle, une grande flexibilité et un apprentissage tout au long de la vie sont considérés comme la norme. C'est pour cette raison qu'il est important que les jeunes aient aussi tôt que possible un aperçu de la vie active, ce qui est possible grâce à une collaboration étroite avec les entreprises. Si rien n'est fait, les coûts seront très élevés. Il semble que les coûts d'un décrochage scolaire au Luxembourg ou dans un autre pays européen ne puissent être calculés. Je prends donc les États-Unis comme outil de comparaison. Si l'on inclut tous les domaines (santé, criminalité, chômage, aides sociales, pertes de recettes fiscales), les coûts économiques du décrochage scolaire aux États-Unis s'élèvent à plus de 450000$ par personne pour toute une vie. Et ces chiffres ne prennent pas du tout en compte la souffrance personnelle de la personne concernée ni celle de ses proches...» C'est pourquoi Youth4Work plaide en faveur d'un renforcement continu des coopérations entre les structures de services existantes, d'une simplification de l'échange d'informations dans l'intérêt des jeunes, d'une réduction substantielle des périodes d'attente et des procédures, d'une simplification de l'entrée dans la vie active, par exemple à l'aide de règlements juridiques concernant les stages, d'une modernisation des formations professionnelles, du développement des services de conseil professionnel en collaborant avec les acteurs concernés, ainsi qu'une amélioration et un agrandissement des offres de soutien psychologique qui accompagnent ces services.

Youth4Work prévoit, à partir de 2014, de professionnaliser davantage les services et de travailler encore plus étroitement avec les autres acteurs et entreprises du Luxembourg. L'objectif de ces mesures est que les jeunes trouvent une formation ou un emploi qui leur correspond. L'accent est particulièrement mis sur la présentation de métiers d'artisans remplis d'avenir dans le secteur de l'énergie et de l'environnement. De plus, les «Job Days» pour les jeunes dans le nord du Luxembourg seront fusionnés.

Le rendez-vous: le 24 avril 2014, de 17h à 20h, aura lieu le premier Job Day des jeunes à Diekirch.

Faire connaissance: Youth4Work sera représenté par son stand le 29 septembre à la fête «Kropemann» à Rédange.