Valérie Arnold (PwC Luxembourg) (PwC Luxembourg)

Valérie Arnold (PwC Luxembourg) (PwC Luxembourg)

Le Sustainability Day a été organisé par PwC Luxembourg le 5 décembre à la Chambre de Commerce. Cette troisième édition est placée sous le signe de l’impact investing. Cette approche de l’investissement répond à un besoin social avec un retour financier « modéré ». Cet objectif s’inscrit pleinement dans le cadre de l’investissement socialement responsable et durable. Si nous ne sommes qu’au début de ce produit financier les clients choisissent de plus en plus d’investissements dans lesquels ils constatent les impacts sociaux. «Nous sommes en phase avec la société » constate Laurent Rouach, associé, Sustainability Leader, PwC Luxembourg. L’impact investing et son développement au Luxembourg font l’objet d’une étude de PwC Luxembourg. « Les fonds d’investissement responsables représentent un marché de niche à l’heure actuelle avec 1,3% du total des fonds luxembourgeois » note Valérie Arnold, associée, impact investing Leader, PwC Luxembourg. Selon un rapport de l’association des fonds d’investissement luxembourgeois (ALFI) le poids des fonds dédiés à l’impact investing serait 30 milliards d’euros.

Donner du sens à l’investissement

L’impact investing est un secteur en cours de construction. Il évolue rapidement et inclut de plus en plus d’acteurs. Il n’est pas limité aux investissements sans retour financier. C’est un espace dynamique qui offre des opportunités pour de nombreux investisseurs. Il implique de plus en plus d’acteurs dans la chaîne financière dont des profils d’investisseurs variés. Ainsi selon Arnaud Poissonnier PDG fondateur de ABC Microfinance Babyloan : « Au lieu d’attendre quatre ans pour obtenir un retour sur investissement il faut attendre sept ans en moyenne ». L’impact investing ne se limite pas à la notion de « patient capital » et à une profitabilité limitée. « Il permet aussi de donner du sens à son investissement » souligne le Pr Hummels, coordinateur européen du GIIN (Global Impact Investing Network). Ces investissements sont prometteurs à condition de créer des structures adéquates. Selon Uli Grabenwarter, Responsable du développement de l’impact investing et de la finance sociale European Investment Fund, le Luxembourg doit saisir sa chance : « Le pire des scénarii pour le Luxembourg serait de se cantonner au non profit. Le meilleur au contraire serait de créer une nouvelle plateforme pour communiquer et assurer une synergie entre le financier et le non profit ».

Des projets pour le tiers-monde et pour l’Europe
Au-delà du tiers-monde les fonds d’impact peuvent aussi concerner le redéveloppement de l’Europe touchée par la crise avec par l’exemple le succès d’un projet hôtelier à Londres. « L’impact investing consiste à créer de la valeur pour demain. Il est doté d’un énorme potentiel tant pour les marchés émergents que pour l’Europe » explique le Pr. Harry Hummels.

Le Rapport PwC annonce un marché porteur au Luxembourg
PwC Luxembourg audite à lui seul plus de la moitié des classes d’actifs au Grand-Duché. Fort de cette expertise l’étude comporte des données significatives et dessine les caractéristiques du marché des investissements responsables. Cette niche pourrait devenir un marché à fort potentiel selon le rapport qui identifie les caractéristiques clés de ce secteur. Cette étude analyse 73 sous-fonds pour un montant équivalent à 13,6 milliards d’euros soient plus d’un tiers des fonds alternatifs au Luxembourg. Elle s’appuie donc sur des données significatives. Il ressort que 84% de l’investissement responsable sont structurés en UCITS et que 82% de ces UCITS sont dédiés au Green et au Broad Responsible Investment Funds. « L’impact investing est donc un monde d’UCITS » résume Valérie Arnold. Les fonds non UCITS sont quant à eux majoritairement impliqués dans les projets liés à l’environnement et la microfinance.

La société d’impact, une structure innovante pour une combinaison gagnante

Attirer de nouvelles sources de capital permet de lever davantage de fonds afin de s’attaquer aux grands problèmes sociaux et environnementaux. Ceci nécessite de nouvelles règles, des instruments de mesures novateurs et un cadre innovant. C’est le cas de la société d’impact. Cette structure hybride héberge ce type d’investissement. Pieter Oostlander, fondateur de Shærpa, organisation à but non lucratif spécialisée dans l’intérêt social, va même plus loin et explique : « Le retour social et le retour financier sont liés. Sans quoi un déséquilibre se créé. Ceci doit être encadré par une loi même si au niveau pratique cela peut s’avérer expérimental dans un premier temps. » Marc Elvinger, associé Elvinger, Hoss & Prussen explique : « Le premier objectif de ce type d’entreprise est l’impact social ou environnemental, condition sine qua non pour un éventuel retour. Des indicateurs de ces performances clés sont utilisés à ces fins. Ceci est dans l’intérêt de tous. » Déjà la directive européenne AIFMD (Alternative Investment Fund Managers Directive) constitue un atout pour le Luxembourg en termes de management de fonds alternatifs. Elle impacte tout le secteur non-UCITS. Sa mise en pratique implique un coût. La mesure de l’impact sur les objectifs sociaux pourrait être confié à des agences extérieures et faire l’objet d’un audit externe. L’agence Luxflag.

Mesurer l’impact est essentiel

« L’économiste Milton Friedman estimait que pour une entreprise la seule variable était le profit. » rapporte Tom Seale, PDG de EFA (European Fund Admnistration) et de poursuivre : « 42 ans plus tard l’impact social se mesure ». Kurt Peleman, Chief executive Officer, EVPA souligne : « Il est important de clarifier les objectifs. La mesure de l’impact est complexe dans le sens où elle réunit plusieurs facteurs. Il faut faire des choix quant aux sources utilisées. » Jon D. Williams, partner, PwC UK remarque : « Bon nombre de mes clients me demandent de l’aide pour le reporting et pour mesurer l’impact investing. Cela peut se traduire par le fait d’obtenir des bases de données afin de mesurer un fonds agricole par exemple. » Les outils mesurant l’impact de ces investissements sont la clé de voûte de ce projet. Selon Marc Elvinger si des progrès quant à la fiabilité de ces outils ont été réalisés il reste encore beaucoup à faire. Mais le potentiel mérite qu’on s’en donne les moyens : « C’est un accord gagnant-gagnant pour tout le monde! Notre objectif d’ici dix ans est d’avoir 10% de fonds responsables » estime Marc Saluzzi, Président de l’Association Luxembourg Fund Investments (ALFI).

Une étude plus large serait en projet

Le Grand-Duché est la deuxième place au monde après les USA en termes de fonds d’investissement. Sa proportion en impact investing est donc amenée à croître. En effet il représente 2,5% des fonds aux USA pour 1,3% au Luxembourg. Cette étude augure d’un autre rapport plus conséquent encore qui couvrirait tous les fonds au Luxembourg estimés à 30 milliards d’euros.