Les chercheurs collaboreront avec Creos, le gestionnaire de réseaux d’électricité au Luxembourg  (Photo: Luc Deflorenne / archives)

Les chercheurs collaboreront avec Creos, le gestionnaire de réseaux d’électricité au Luxembourg  (Photo: Luc Deflorenne / archives)

Des chercheurs de l’Interdisciplinary Centre for Security, Reliability and Trust (SnT) de l’Université du Luxembourg ont développé un procédé susceptible de révolutionner la commande informatisée d’infrastructures modernes comme des réseaux électriques intelligents. Grâce à un nouvel algorithme, le logiciel des chercheurs du SnT ne doit plus analyser en continu l’état du système surveillé comme c’est le cas avec les techniques établies. Au lieu de cela, le logiciel effectue son analyse en slalomant entre les valeurs mesurées à différents moments. En procédant de la sorte, une technique baptisée «micro-mining» par les chercheurs du SnT, ces derniers économisent de grandes quantités de capacité informatique. Cette innovation a valu aux scientifiques un Best Paper Award pour leur travail publié par l’équipe dirigée par le Prof. Yves Le Traon dans l’International Conference on Software Engineering and Knowledge Engineering.

Les infrastructures modernes – du réseau téléphonique et des systèmes d’alarme aux systèmes d’alimentation électrique – sont contrôlées par des programmes informatiques. Le logiciel intelligent surveille en permanence l’état de l’équipement, règle les paramètres du système en cas d’écarts ou génère des messages d’erreur. Pour cette surveillance, le logiciel compare l’état actuel de l’équipement à son état passé en mesurant continuellement le statu quo, accumulant les données et les analysant. Cette procédure mobilise une large part des capacités informatiques disponibles.

«C’est un problème, en particulier pour l’exploitation d’installations décentralisées comme les réseaux électriques actuels, par exemple», explique le Dr François Fouquet qui gère le projet au SnT avec le Dr Jacques Klein. «Dans ces réseaux intelligents, comme on les appelle, il faut surveiller et contrôler une foule de petits composants individuels tels que des cellules solaires, des redresseurs, etc. Afin que l’investissement et les frais de fonctionnement restent économiquement acceptables, les composants doivent être équipés de petites unités de contrôle simples.» Ce genre de petits microprocesseurs embarqués n’est pas capable de mesurer l’état du système en continu, de stocker les données et de les évaluer en temps réel.

Thomas Hartmann, doctorant dont la thèse fait partie du projet, explique la nouvelle approche adoptée par le SnT: «Notre logiciel ne mémorise que les changements d’état du système à des moments spécifiques. Afin de pouvoir évaluer correctement la situation actuelle sur le réseau, notre algorithme identifie automatiquement les mesures pertinentes passées. Il extrait ainsi les bonnes mesures des archives pour analyser l’état actuel – réalisant à cette occasion des sauts en arrière et en avant dans le temps. Cette technique entraîne une énorme réduction du surdébit et donc une meilleure efficience informatique pour le même niveau de sécurité et de fiabilité.»

Les chercheurs souhaitent maintenant tester leur procédé sur le terrain. Comme dans la première partie du projet, ils collaboreront avec Creos, le gestionnaire de réseaux d’électricité au Luxembourg et membre du programme de partenariat du SnT. «Grâce à cette collaboration, nos recherches sont toujours restées conscientes des réalités de l’entreprise», déclare le Prof. Yves Le Traon. «Nous espérons que notre travail de développement fondamental fera réellement avancer la technologie des réseaux intelligents d’un bond de géant.»