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 (Photo: Xstream engineering)

À l’occasion du salon JEC Paris, le 15 mars 2017, l’entreprise belgo-luxembourgeoise e-Xstream Engineering a remporté, en collaboration avec Solvay, le JEC Innovation Award pour le lancement de la solution Digimat Additive Manufacturing. Cette récompense vient primer le caractère innovant et le potentiel commercial du logiciel d’impression 3D de matières plastiques et composites.

Société de développement de logiciels et de services d’ingénierie, elle a choisi de concentrer 100% de son activité sur la modélisation à plusieurs échelles de plastiques renforcés et de composites. De grandes sociétés du milieu de l’aérospatial et de l’automobile s’adressent à e-Xstream pour la modélisation de leurs composants avancés, voitures ou encore avions. Une mission à laquelle se consacrent avec passion Roger Assaker, PDG et cofondateur, et son équipe.

Comment e-Xstream en est arrivée là? Assaker nous a confié son histoire:

Comment a débuté l’aventure e-Xstream?

Roger Assaker: «Cadet de trois frères, j’ai vécu et grandi au Liban. J’ai choisi de partir étudier à l’université à l’étranger et j’ai suivi mes frères à Liège où j’ai commencé à étudier l’ingénierie aérospatiale. Un de mes frères travaillait au siège de Solvay à Bruxelles et m’a aidé à intégrer un stage de deux mois.

J’ai étudié à Liège puis passé un doctorat à Louvain-la-Neuve dans le domaine des semi-conducteurs en électronique et appliqués aux simulations numériques. Au cours de la dernière année de doctorat, mon frère a déménagé au Luxembourg pour occuper un poste chez Goodyear. Je savais que l’entreprise recrutait et j’ai décidé de passer un entretien pour entrer dans la vie active. J’ai eu le poste et j’ai décidé de partir au Luxembourg pour travailler et terminer ma thèse en même temps. Je suis resté chez Goodyear pendant cinq ans et demi au poste de senior R&D engineer dans le département de mécanique des calculs. J’ai également suivi des cours du soir à la Sacred Heart University de Luxembourg pour obtenir un MBA.

J’ai très vite réalisé que travailler dans une grande entreprise n’était pas vraiment la vie que je voulais mener. J’ai donc pris le risque d’abandonner une carrière toute tracée pour lancer ma propre entreprise en 2003.

Comment e-Xstream est-elle née?

«Au cours de mon passage au sein de Goodyear, nous avions invité l’un de mes anciens professeurs, Issam Doghri, à faire une présentation sur la modélisation des matériaux. En fait, pendant que je passais mon doctorat, je l’assistais et j’ai donné quelques cours sur la mécanique des solides et résistance des matériaux. Nous avons repris contact et décidé ensemble de créer e-Xstream.

D’une part, les recherches d’Issam à l’Université de Louvain portaient sur la modélisation des matériaux et la micromécanique. De l’autre, je travaillais déjà sur un business plan avec l’objectif de démarrer une entreprise, qui allait devenir e -Xstream Engineering. Nous étions complémentaires. J’ai pris la tête de l’entreprise et Issam a pris les rênes du département R&D.

Le business plan que j’ai monté a remporté différents concours au Luxembourg (123 GO) et en Belgique (4x4 pour Entreprendre), mais également au niveau européen (Eurowards). Cela a accéléré les choses en faisant parler de nous et permis de trouver trois investisseurs. Nous avons également bénéficié d’un soutien financier de la part du ministère de l’Économie luxembourgeois et de la Région wallonne, nous permettant d’atteindre nos premiers objectifs.

Quelles ont été les étapes suivantes?

«Les premiers clients étaient Solvay et Goodyear. Ensuite, le nombre des clients et le chiffre d’affaires ont continué à croître rapidement au fil des ans. Nous sommes devenus un acteur incontournable dans le segment de la modélisation des matériaux et je comptais parmi mes clients les plus grands noms des secteurs de l’aérospatiale et de l’automobile. J’ai commencé par ouvrir nos deux premiers bureaux: en Belgique et au Luxembourg, bien que la grande majorité de mes clients étaient des acteurs internationaux.

En septembre 2012, j’ai cédé e-Xstream Engineering à MSC Software, société pionnière en modélisation numérique basée à Newport Beach en Californie. Avec MSC, nous avons continué à grandir en doublant notre effectif et en triplant notre chiffre d’affaires. Tout cela a été possible grâce à une équipe forte et à un flux continu de solutions innovantes primées. Le JEC Innovation Award pour notre fabrication additive fait partie d’une série de récompenses incluant 2 autres JEC Innovation Awards et le R&D 100, plus connu sous le nom des ‘oscars de l’innovation’.

Quelle est la philosophie de l’entreprise?

«Même si nous sommes une entreprise de près de 60 personnes et de 14 ans d’existence, nous avons gardé les mêmes valeurs que celles que l’on trouve au sein des start-up. Notre devise est ‘travailler dur, mais avec plaisir’ et nous le pensons vraiment. Bien que nous rassemblions quelques-uns des ingénieurs et des personnes les plus expérimentés – certains ont 30 ans d’expérience et ont travaillé pour les plus grandes compagnies internationales de l’aérospatiale et de l’automobile – l’ambiance est décontractée et dynamique. Je suis aujourd’hui très fier de mon équipe et du travail accompli!

Comment voyez-vous le rôle du Luxembourg dans l’industrie des composites?

«La recherche et le développement autour des matériaux fait partie de la stratégie luxembourgeoise de diversification. Le pôle Matériaux & Fabrication de Luxinnovation s’est emparé du sujet à bras-le-corps. Le ministère de l’Économie et le ministère de la Recherche et du Développement ont lancé le Centre de compétences national pour matériaux composites à Bascharage, juste en face du parking de nos bureaux. Nos activités s’intègrent parfaitement dans cette initiative nationale puisque nous faisons de la recherche et du développement sur ce sujet depuis maintenant 14 ans.

Qu’est-ce que ce prix signifie vraiment pour vous?

«Il s’agit avant tout d’une reconnaissance mondiale récompensant nos premiers pas dans le domaine de la fabrication additive. L’industrie de l’impression 3D progresse de 30% chaque année et l’intérêt des entreprises pour cette solution progresse aussi. La valeur globale de cette industrie est estimée à plus de 10 milliards de dollars d’ici 2021.

Je me souviens avoir discuté de ce sujet avec de nombreuses entreprises. Les réticences face à l’impression 3D étaient triples: le coût, le temps d’impression et la variété des matériaux. Par conséquent, nous avons choisi d’aborder le sujet de façon écosystémique en faisant appel à des entreprises, y compris les parties prenantes impliquées dans le processus: fabricants d’imprimantes et de matériaux et le client final. Cela a abouti au développement d’un nouveau produit, reconnu aujourd’hui par les plus importants acteurs du marché. Cette récompense nous a également donné la force et la confiance nécessaires pour nous permettre de pousser les développements encore plus loin.»

Angela Iannuzzo, arrivée récemment, donne un aperçu des activités au sein d’e-Xstream.

Comment vit-on l’expérience e-Xstream?

Angela Iannuzzo: «J’ai rejoint la société il y a tout juste un an et j’ai très vite réalisé que j’allais avoir l’opportunité de développer mes compétences en ingénierie et affiner ma conception du métier au sein de la plus importante société de simulation des matériaux. En d’autres mots, exercer un travail passionnant tout en étant entourée d’une équipe dynamique et passionnante. Travailler pour e-Xstream représente pour moi de l’adrénaline, faire face quotidiennement à de nouveaux défis et repousser un peu plus les limites pour parvenir à faire la différence. C’est l’idée que je me fais de l’ingénierie: mettre au monde une plus-value innovante. Avec mon équipe, nous regardons vers le futur avec passion, dévouement et compétence. Mais e-Xstream est bien plus encore. La société m’a permis de rencontrer des personnes formidables et de nouer des liens forts dans un environnement international. On se sent un peu comme à la maison, là où on peut compter sur son prochain, où les rêves convergent vers la même réalité. e-Xstream est un état d’esprit, un endroit où les idées deviennent réalité.»