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L'étude « Auswertung der Jahresabschlüsse 2005 der deutschen Eurobanken in Luxemburg », qui compare les bilans des 27 filiales et commente l'évolution du secteur bancaire au Luxembourg, a été présentée ce mardi 22 août par Philippe Sergiel et Thomas Schiffler, associés chez PwC Luxembourg.

Comme fait marquant, l'étude fait ressortir une forte augmentation du bilan consolidé des filiales d'établissements de crédit allemands de l'ordre de 14.1% (EUR 37.7 Mrd) alors que cette augmentation n'était que de 0.4% en 2004. Cette augmentation est essentiellement due, pour 22,2 Mrd d'EUR soit 29%, à une hausse des portefeuille-titres et, pour 6,8 Mrd d'EUR soit 12%, à une hausse des créances sur la clientèle.

Tous les groupes bancaires sont concernés par cette croissance. Les portefeuilles-titres poursuivent leur évolution de manière notable. Représentant environ 32% du total du bilan, ceux dépassent de 11 pourcents la part traditionnellement élevée des créances sur la clientèle des banques allemandes. Les emprunts auprès des banques représentent toujours, avec 172,7 Mrd d'EUR soit 57% du total du bilan consolidé, la principale source de refinancement des groupes bancaires allemands.

Avec une hausse de 15,2 Mrd d'EUR, les engagements envers la clientèle ont atteint le record historique de 73,7 Mrd d'EUR et représentent ainsi une part atteignant 24% du total du bilan. Les fonds propres ont progressé de 884,2 Mio d'EUR nets à 11,5 Mrd d'EUR.

L'augmentation incombe essentiellement aux filiales des «Landesbanken » (il convient de mentionner ici plus particulièrement la HSH Nordbank Securities, qui affiche une hausse de 806 Mio d'EUR). Le groupe comprenant les filiales de grandes banques a en revanche connu une réduction, à laquelle ont plus particulièrement contribué la Commerzbank International S.A. et la Dresdner Bank Luxembourg S.A., qui ont procédé à des remboursements de capitaux.

Avec un résultat global qualifié de record par la CSSF de 3 548 Mio d'EUR de toutes les banques luxembourgeoises (y compris les résultats non publiés des succursales allemandes), les résultats des filiales de banques allemandes sont dans l'ensemble également très bons, même s'ils sont légèrement inférieurs à l'ensemble du marché. Ceci est essentiellement dû au nouveau recul des revenus nets d'intérêts, lui-même imputable à de nombreux facteurs.

Quant aux autres composantes du résultat, elles affichent une tendance comparable à celle de l'ensemble du marché. Le recul du résultat annuel global après un résultat d'exploitation avant impôt en légère hausse s'explique principalement par la modification significative de certains postes. Par exemple, la dissolution, l'an passé, du fonds pour risques bancaires généraux de la WestLB International S.A. de 171 Mio d'EUR, et, en 2005 la dotation de ce fonds pour 72 Mio d'EUR par la HVB Banque Luxembourg S.A..

Dans l'ensemble, le résultat global des banques allemandes peut être qualifié de très bon – d'autant plus si on y incorpore les activités en nette amélioration des succursales, qui ne sont pas incluses dans les chiffres publiés – ; il s'agit du troisième meilleur résultat dans l'historique des analyses des banques allemandes effectuées par PwC.

Les revenus nets d'intérêts, qui avaient atteint un niveau record de 2001 à 2003, avec environ 1,4 Mrd d'EUR, ont enregistré pour la deuxième année consécutive un recul à 1,1 Mrd d'EUR (contre 1,2 Mrd d'EUR l'an passé, soit un repli de 8,9%). En revanche, le produit net des commissions, après une phase d'affaiblissement, enregistre déjà pour la deuxième année consécutive un rebond significatif (+ 105,2 Mio d'EUR soit + 21,2%).

Avec 601,6 Mio d'EUR, il a atteint son deuxième meilleur résultat dans l'historique des analyses PwC. Sur l'ensemble du groupe, les filiales des «Landesbanken » ont pu augmenter leur produit de 48,7 Mio d'EUR (+ 36,4%). Comme l'an passé, ceci est essentiellement attribuable à la DekaBank Deutsche Girozentrale Luxembourg S.A. (+ 33,1 Mio d'EUR ou + 43,8%) - notamment en raison d'importants afflux de capitaux dans la gestion de patrimoine liée aux fonds d'investissement.

Malgré la poursuite d'une gestion des coûts serrée, les charges de personnel et les frais de gestion ont augmenté de manière significative de 34,2 Mio d'EUR ou 6,0% (contre + 9,0 Mio d'EUR soit + 1,6% l'an passé), ce qui s'explique notamment par des investissements importants dans les domaines de l'informatique et de l'organisation, suite aux exigences légales en matière de présentation comptable, de fiscalité et de réglementation, plus particulièrement les normes comptables IFRS, la loi sur la fiscalité des revenus de l'épargne de l'UE et Bâle II. Au total, les charges courantes ont enregistré une hausse de 35,3 Mio d'EUR soit 6,2% (+ 5,8 Mio d'EUR ou + 1,0% l'an passé).

L'utilisation du produit des intérêts et des commissions pour les charges courantes a de nouveau augmenté en 2005, pour atteindre 35,9% (contre 33,8% l'année précédente). Les résultats « trading » des banques sont principalement représentés par le poste Résultat des opérations financières. Ce poste comprend également les liquidations/apports de correctifs de valeur sur les titres des instruments négociables et des liquidités.

Sur l'ensemble du groupe, le résultat a pu être encore amélioré de 25,7 Mio d'EUR (+12,3%). Le solde des autres résultats et charges d'exploitation a considérablement augmenté (107,6 Mio d'EUR pour atteindre 164,5 Mio d'EUR). Sur l'ensemble du groupe, pratiquement tous les groupes d'établissements ont enregistré une progression.

La plus forte augmentation, de 81,3 Mio d'EUR, soit 281%, concerne les filiales de grandes banques. Elle résulte essentiellement d'effets particuliers et notamment de la dissolution de provisions pour impôts ou autres. La couverture des risques de crédit, de participations et de titres du portefeuille de placements financiers (et sous certaines conditions également de titres du portefeuille de liquidités) ainsi que la provision forfaitaire se sont soldées par un résultat net de 7,8 Mio d'EUR.

Le résultat d'exploitation avant impôt et le solde des autres postes ressort donc à un niveau supérieur à celui de l'année précédente, avec 1,45 Mrd d'EUR, à 57,5 Mio d'EUR soit + 4,0% et atteint ainsi son deuxième meilleur résultat depuis 1993.

Au total, les charges fiscales se sont élevées en 2005 à 263,1 Mio d'EUR (-25,1 Mio d'EUR ou - 8,7% par rapport à l'année précédente), dont 258,9 Mio d'EUR consacrées aux impôts sur le revenu (contre 285,1 Mio d'EUR l'année précédente). Le solde des autres postes donne un surcroît de charges de 72,8 Mio d'EUR, contre un excédent de bénéfices de 164,6 Mio d'EUR l'année précédente.

Après impôts, il reste un excédent annuel de 1.161,5 Mio d'EUR (Année précédente : 1.315,2 Mio d'EUR), qui doit être redistribué sous forme de dividendes par 23 banques (année précédente 21), pour une somme de 727,5 Mio d'EUR (61,2% ; année précédente 1 165 Mio d'EUR soit 89%).

D'une manière générale, si l'on en croit Thomas Schiffler, il faut retenir que, malgré un léger déclin du nombre des établissements allemands (fermeture de deux filiales et d'une succursale) l'importance du segment bancaire allemand reste élevée en 2005 pour la place financière. Parallèlement à des restructurations réussies, qui ont conduit à un renforcement de la position des établissements luxembourgeois dans leur groupe, ceci peut également être attribué à l'accroissement significatif du capital de dotation des succursales, qui est passé de 243 Mio d'EUR à 927 Mio d'EUR. Sans parler des réflexions concernant un élargissement des activités de banques de lettres de gage, on peut escompter une présence toujours dominante et couronnée de succès des banques allemandes sur la place financière du Luxembourg.

L'étude comprenant 54 pages intitulée «Auswertung der Jahresabschlüsse 2005 der deutschen Eurobanken in Luxemburg » est disponible sur www.pwc.com/lu ou sur simple demande auprès de PricewaterhouseCoopers Luxembourg.