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 (Photo: Pixabay)

Le Parlement vote à l’unanimité une recommandation demandant la suppression des tarifs de roaming entre les pays du Benelux.

Utiliser un téléphone mobile ou surfer sur internet à l’étranger peut occasionner de désagréables surprises en fin de mois, lorsqu’arrive la facture de l’opérateur de télécommunications. La raison en est le coût du roaming, ces frais que l’opérateur impute lorsqu’on téléphone, envoie des SMS ou surfe à l’étranger au moyen de son téléphone mobile.

Le 12 juin 2015, les ministres européens se pencheront sur les propositions tendant à mettre en place un marché unifié des télécommunications. La suppression totale des tarifs de roaming est sur la table. Le ministre Alexander De Croo comme son collègue néerlandais Henk Kamp soutiennent explicitement cette initiative. Mais l’Europe hésite. Récemment, les États membres de l’UE ont décidé de reporter le dossier de trois ans. Cette proposition de compromis s’en tient provisoirement à une baisse des tarifs. Mais les membres du Parlement Benelux veulent en finir avec les tarifs de roaming. En attendant un marché uniforme des télécommunications en Europe, le Benelux peut jouer le rôle de précurseur. Le traité de Rome en prévoit la possibilité.

Le vacancier qui, au bord de la piscine, ouvre l’application de son journal ou cherche des informations sur internet en vue d’une excursion, les enfants qui se livrent à des jeux ou téléchargent des photos ou encore la femme d’affaires qui règle des rendez-vous depuis l’étranger: cet usage peut s’avérer onéreux. Aussi 94% des Européens limitent-ils leurs communications internet mobiles à l’étranger. Les opérateurs, mais aussi toute l’économie numérique perdent ainsi 300 millions de clients. Les actuels tarifs de roaming élevés entravent l’innovation et les nouveaux services mobiles. Les applications et les systèmes de navigation pour voiture, qui recourent à l’internet mobile pour trouver des informations au sujet, par exemple, de la situation du trafic, deviennent impayables une fois la frontière passée.

La pression en termes de concurrence sur ces tarifs de roaming n’est pas très forte. Qui songerait en effet à changer d’opérateur pour ces quelques jours passés à l’étranger? Le résultat est que pour celui qui se rend en Espagne pour les vacances ou le travail, la facture de télécommunications a un goût amer. Réguler les prix signifie interférer sur le fonctionnement du marché. Pour Jef Van den Berg, président de la délégation belge, cela requiert une approche circonspecte, pour éviter les effets collatéraux non souhaités. Les tarifs que les opérateurs s’imputent mutuellement tout comme les tarifs qui sont facturés à l’utilisateur final doivent faire l’objet d’une surveillance pour éviter le cherry picking. Tant que les prix de gros couvrent les frais réels, il y a peu d’arguments pour une vache à lait du roaming.

Le 30 avril 2015, un accord a été conclu entre les régulateurs des télécommunications belge et luxembourgeois (IBIPT et ILR) pour permettre l’utilisation d’un numéro belge sur une carte SIM luxembourgeoise (ou inversement) et ainsi éviter les coûts de roaming pour le consommateur. Cette formule offre d’ores et déjà une alternative sur le marché des télécommunications pour celui qui traverse régulièrement la frontière avec la Belgique.

«Si l’Europe n’est pas encore prête, le Benelux l’est», a déclaré le président libéral Bart Somers. À la lumière des développements récents, le Parlement Benelux a adopté aujourd’hui à l’unanimité une nouvelle recommandation pour contraindre les opérateurs à supprimer totalement les tarifs de roaming entre les pays du Benelux. Et pour étendre aux Pays-Bas l’accord entre les régulateurs de télécommunications belge et luxembourgeois.

La présidente du Parlement, Mme Maya Détiège, conclut qu’avec un Benelux exempt de roaming, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg reprennent leur rôle de pionnier en Europe. Non plus pour leur charbon et leur acier, mais pour leur économie numérique.