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 (Photo: ABBL)

La réunion annuelle des membres du Private Banking Group Luxembourg (PBGL), le cluster de l’ABBL regroupant les banques privées, s’est tenue le 21 juin 2016, en présence de M. Pierre Gramegna, ministre des Finances, qui a prononcé le discours d’ouverture.

Comme prévu par le PBGL, les données relatives au secteur de la banque privée pour 2015 confirment les tendances positives pour l’ensemble de l’industrie au Luxembourg. Les actifs sous gestion (AuM), qui ont augmenté de 10% par rapport à 2014, atteignent 350,6 milliards d’euros à fin 2015.

L’évolution baissière des actifs du segment de clientèle aisée (dite «Affluent») par rapport à la hausse des actifs alloués aux clients fortunés (dits «(U)HNWI») continue à se marquer. Les clients ayant des actifs de plus de 5 M d’euros ont représenté 71% du total des actifs sous gestion au Luxembourg banque privée en 2015, comparé à 67% l’année précédente. En revanche, le nombre de clients aisés (ayant des avoirs de moins de 500.000 euros) diminue encore, ce segment ne représentant plus que 7% des actifs globaux en 2015 (contre 9% en 2014).

Le processus de transformation du secteur, même s’il a été entamé il y a quelques années déjà, n’est pas encore finalisé.

La couverture des marchés par les banques privées, d’abord circonscrite principalement à l’Europe continentale et plus particulièrement aux pays limitrophes du Luxembourg, a progressivement évolué vers un modèle tendant plus vers la diversification internationale de la base de clients, se diversifiant principalement au sein de l’UE et parfois en dehors de l’UE.

De manière générale, et le Luxembourg ne fait pas exception à cette tendance, les activités de banque privée ont été remodelées et se sont recentrées ces dernières années. Les profils «typiques» de clients des banques luxembourgeoises a profondément changé: le Grand-Duché attire maintenant des clients fortunés, sophistiqués, tournés vers l’international, mobiles et connectés au moyen des technologies nouvelles, exigeant un accès immédiat, fiable et transparent à l’information bancaire et financière.

C’est pourquoi dans ce processus continu de transformation, les banquiers privés ont repensé leur valeur ajoutée en se dirigeant vers des modèles d’affaires plus ciblés et moins complexes.

L’offre de services et de produits se fait de manière plus spécifique et personnalisée en fonction des marchés et des segments de clientèle, c’est-à-dire une gestion adaptée et une offre de conseil rigoureusement différenciée avec des modèles de tarification sur mesure.

Ces clients exigeants attendent également d’être secondés par des conseillers à la clientèle hautement qualifiés qui ont le savoir-faire pour les guider à travers les différentes solutions de planification successorale et de structuration d’actifs. Le PBGL souhaite instaurer une certification des conseillers à la clientèle au Luxembourg afin d’assurer cette qualité du conseil.

Un autre sujet critique pour les banquiers privés est la digitalisation des services de banque privée, avec toutes ses composantes. Cela représente clairement l’un des défis les plus importants à intégrer et à mettre en œuvre dans l’offre de services. Le développement de partenariats stratégiques potentiels dans des domaines spécifiques d’expertise peut également être observé.

Cette transformation de la banque privée ne se fait cependant pas sans efforts considérables.

La rentabilité du secteur bancaire tout entier est actuellement sous forte pression en raison d’une combinaison de différents facteurs tels que le faible niveau de performances de nombreuses classes d’actifs, l’environnement de taux d’intérêt très bas/négatifs, l’érosion de la marge globale, et enfin une forte augmentation des coûts d’exploitation principalement en raison de l’augmentation des exigences réglementaires. Et cela est tout aussi applicable au Luxembourg.

Les défis spécifiques de la banque privée se cristallisent autour de la pression croissante sur les bénéfices en raison de la baisse des marges dans les segments aisés par rapport aux segments UHNW. D’autre part, ce sont les coûts d’exploitation en constante augmentation résultant de la charge réglementaire (AMLD4, Mifid2, AIFM, etc.) et la multiplication des nouveaux processus de reporting complexes et lourds qui plombent les résultats. Les besoins en formation ne sont pas à négliger en ces temps de profondes mutations du secteur.

L’anticipation de ces défis a permis aux banques privées au Luxembourg de se positionner de manière adéquate pour l’avenir. L’activité de banque privée au Luxembourg a montré sa capacité d’adaptation aux changements au cours de ces dernières années, notamment en raison de la vaste expertise acquise en matière d’activités transfrontalières et de structuration patrimoniale, notamment grâce à un écosystème local multi-facettes mis en place avec le soutien de consultants, avocats et auditeurs compétents, ainsi qu’à un vivier de personnel expérimenté et multilingue disponible localement.

Ces facteurs représentent une réelle valeur ajoutée pour tout groupe financier avec une franchise internationale en banque privée.